Le poulpe est-il intelligent ? Si vous posez la question au chercheur Michael Kuba, de l’institut Max-Planck pour
la recherche sur le cerveau, à Francfort, voici ce qu’il vous répond : « La chose
la plus saisissante à propos du cerveau
du poulpe est de constater comment
un cerveau d’escargot peut devenir un animal aussi intelligent et actif. » Une manière de rappeler que le poulpe est
un mollusque, au même titre que les moules ou les huîtres. Mais on n’a jamais vu une huître mentir à ses congénères.
Le poulpe sait le faire. Et bien plus.
Une tête hypertrophiée, deux yeux immenses, huit tentacules couverts de ventouses et capables de se régénérer. Trois cœurs, neuf « cerveaux ». Un corps mou, sans squelette, qui peut changer de couleur et même de motif, imiter le bernard-l’hermite ou le poisson scorpion. Une propulsion à réaction pouvant atteindre 250 mètres en une seule poussée. Membre de la classe des céphalopodes (comme la seiche et le calmar), lointain descendant des ammonites qui régnaient dans les océans il y a 500 millions d’années avant de disparaître. Les céphalopodes. Étymologiquement : « une tête, des pieds ». On pourrait aussi les assimiler à des mains. Des mains intelligentes et géantes, aux doigts si habiles qu’ils peuvent prendre des objets et les manipuler.
À l’aquarium de la Corogne, dans le nord-ouest de l’Espagne, le biologiste Antonio Cribero a mené des expériences montrant qu’un poulpe peut dévisser un bocal pour y attraper un crabe. une situation inconnue pour lui dans son milieu naturel, mais un problème qui ne lui demande guère de temps à résoudre. Des chercheurs australiens du Museum Victoria de Melbourne ont, eux, observé des poulpes transporter des noix de coco abandonnées pour se construire un abri. Autrement dit, les céphalopodes utilisent l’outil.
Plus étrange peut-être, le récit que rapporte le magazine américain Wired d’une comportementaliste américaine nourrissant l’un des poulpes qu’elle étudie avec de la nourriture un peu rance. Repassant quelques minutes après le « service » devant l’aquarium, elle s’étonne de voir le poulpe l’attendre tranquillement, la fixer du regard, sortir la nourriture rance de ses tentacules et la jeter, sans cesser de regarder la chercheuse, qui comprend le message : « De la nourriture fraîche, s’il vous plaît ! ». Le monde animal regorge de comportements étonnants. Beaucoup s’expliquent par la sociabilisation, l’apprentissage auprès d’une communauté ou des parents. Sauf que le poulpe est un animal solitaire. Ses parents meurent avant qu’il naisse.
La suite dans We Demain n°7
Olivier Delahaye
Journaliste
Photos : Franck Ferville pour We Demain
Une tête hypertrophiée, deux yeux immenses, huit tentacules couverts de ventouses et capables de se régénérer. Trois cœurs, neuf « cerveaux ». Un corps mou, sans squelette, qui peut changer de couleur et même de motif, imiter le bernard-l’hermite ou le poisson scorpion. Une propulsion à réaction pouvant atteindre 250 mètres en une seule poussée. Membre de la classe des céphalopodes (comme la seiche et le calmar), lointain descendant des ammonites qui régnaient dans les océans il y a 500 millions d’années avant de disparaître. Les céphalopodes. Étymologiquement : « une tête, des pieds ». On pourrait aussi les assimiler à des mains. Des mains intelligentes et géantes, aux doigts si habiles qu’ils peuvent prendre des objets et les manipuler.
À l’aquarium de la Corogne, dans le nord-ouest de l’Espagne, le biologiste Antonio Cribero a mené des expériences montrant qu’un poulpe peut dévisser un bocal pour y attraper un crabe. une situation inconnue pour lui dans son milieu naturel, mais un problème qui ne lui demande guère de temps à résoudre. Des chercheurs australiens du Museum Victoria de Melbourne ont, eux, observé des poulpes transporter des noix de coco abandonnées pour se construire un abri. Autrement dit, les céphalopodes utilisent l’outil.
Plus étrange peut-être, le récit que rapporte le magazine américain Wired d’une comportementaliste américaine nourrissant l’un des poulpes qu’elle étudie avec de la nourriture un peu rance. Repassant quelques minutes après le « service » devant l’aquarium, elle s’étonne de voir le poulpe l’attendre tranquillement, la fixer du regard, sortir la nourriture rance de ses tentacules et la jeter, sans cesser de regarder la chercheuse, qui comprend le message : « De la nourriture fraîche, s’il vous plaît ! ». Le monde animal regorge de comportements étonnants. Beaucoup s’expliquent par la sociabilisation, l’apprentissage auprès d’une communauté ou des parents. Sauf que le poulpe est un animal solitaire. Ses parents meurent avant qu’il naisse.
La suite dans We Demain n°7
Olivier Delahaye
Journaliste
@zpolivier
Photos : Franck Ferville pour We Demain