We Demain : À sept ans, vous quittez vos Comores natales pour Marseille, où naît votre passion pour la mode…
Sakina M’Sa : J’y ai fait toutes mes études, dont une école de mode. Après, j’ai eu la chance d’atterrir dans le 9-3, à Bagnolet, où j’ai rencontré un tissu social haut en couleur, qui m’a donné l’idée des ateliers du même nom. Je sensibilisais au beau et à la traçabilité. Le film The Big One (1999) de Michael Moore m’avait beaucoup marquée. On le voyait demander au PDG de Nike s’il savait dans quelles conditions ses baskets étaient fabriquées. Après les ateliers, j’ai monté ma propre marque en 2004, une entreprise d’insertion.
S’attacher à l’homme et à la nature…
Si on ne prend pas soin de lui, il ne pourra pas prendre soin d’elle. D’ailleurs, je lance un concours avec l’école parisienne de stylisme Chardon Savard pour expliquer aux élèves qu’il est possible de mixer style et éthique. Le prix consistera à être vendu dans notre boutique.
Sakina M’Sa : J’y ai fait toutes mes études, dont une école de mode. Après, j’ai eu la chance d’atterrir dans le 9-3, à Bagnolet, où j’ai rencontré un tissu social haut en couleur, qui m’a donné l’idée des ateliers du même nom. Je sensibilisais au beau et à la traçabilité. Le film The Big One (1999) de Michael Moore m’avait beaucoup marquée. On le voyait demander au PDG de Nike s’il savait dans quelles conditions ses baskets étaient fabriquées. Après les ateliers, j’ai monté ma propre marque en 2004, une entreprise d’insertion.
S’attacher à l’homme et à la nature…
Si on ne prend pas soin de lui, il ne pourra pas prendre soin d’elle. D’ailleurs, je lance un concours avec l’école parisienne de stylisme Chardon Savard pour expliquer aux élèves qu’il est possible de mixer style et éthique. Le prix consistera à être vendu dans notre boutique.
La mode durable fait souvent payer cher sa qualité supérieure, or on veut d’abord des petits prix…
À nous de travailler sur nos marges et sur le coût de la matière première. On a parié sur le recyclage pour notre marque féminine Sakina M’Sa en rachetant 35 000 mètres de très beaux tissus unis à des maisons de haute couture, qui les auraient brûlés. à 12 euros le mètre, au lieu de 40 à 120. Voilà pourquoi une robe affichée chez nous à 500 € sortira au double chez certains. Et on ne fabrique pas à l’étranger : la production est assurée à Guingamp par la manufacture Dolmen. Et notre transporteur roule en électrique !
Le luxe s’intéresse-t-il au durable ?
Les Galeries Lafayette se sont lancées sur le 100 % traçabilité. Hermès a déjà lancé Petit h, qui valorise ses matériaux non utilisés. Les autres y viendront, c’est sûr.
Pourquoi avoir ouvert une boutique multimarque ?
C’est important de montrer que tu n’es pas seul à crier. Chez nous, tu te retrouves face à une "masse" de créateurs, qui ont les mêmes convictions.
Pourquoi l’installer chez les bobos ?
Je viens des quartiers, je n’ai aucune preuve à faire ! Et je ne veux pas me servir de la diversité comme un outil de com’.
À nous de travailler sur nos marges et sur le coût de la matière première. On a parié sur le recyclage pour notre marque féminine Sakina M’Sa en rachetant 35 000 mètres de très beaux tissus unis à des maisons de haute couture, qui les auraient brûlés. à 12 euros le mètre, au lieu de 40 à 120. Voilà pourquoi une robe affichée chez nous à 500 € sortira au double chez certains. Et on ne fabrique pas à l’étranger : la production est assurée à Guingamp par la manufacture Dolmen. Et notre transporteur roule en électrique !
Le luxe s’intéresse-t-il au durable ?
Les Galeries Lafayette se sont lancées sur le 100 % traçabilité. Hermès a déjà lancé Petit h, qui valorise ses matériaux non utilisés. Les autres y viendront, c’est sûr.
Pourquoi avoir ouvert une boutique multimarque ?
C’est important de montrer que tu n’es pas seul à crier. Chez nous, tu te retrouves face à une "masse" de créateurs, qui ont les mêmes convictions.
Pourquoi l’installer chez les bobos ?
Je viens des quartiers, je n’ai aucune preuve à faire ! Et je ne veux pas me servir de la diversité comme un outil de com’.
Quels sont vos critères de sélection ?
On choisit une marque pour son style, puis on regarde comment elle travaille. Je me concentre sur celles qui fabriquent en France. Et il y en a beaucoup que je suis depuis longtemps.
Doivent-elles signer votre charte "pour un écosystème de la mode" ?
80 % l’ont fait, mais on n’est pas une police du développement durable ! (Rire.)
C’est quoi l’avenir de la mode ?
Elle doit renoncer à l’hypocrisie. Des marques de fast fashion ne fabriquent plus au Bangladesh depuis l’effondrement du Rana Plaza. Sur place, les ouvrières veulent qu’on les aide à reconstruire des ateliers décents pas qu’on les abandonne.
Quelle responsabilité a le client ?
Il doit apprendre à ne plus nourrir une société Kleenex. On l’encourage à être un consommateur citoyen, qui veut savoir où est fabriqué le tee-shirt, quelle est sa composition, etc. Ils sont de plus en plus nombreux à nous poser ces questions.
Propos recueillis par Olivier Cabréra
(1) 42 rue Volta, Paris 3e
sakinamsa.com/concept-store
On choisit une marque pour son style, puis on regarde comment elle travaille. Je me concentre sur celles qui fabriquent en France. Et il y en a beaucoup que je suis depuis longtemps.
Doivent-elles signer votre charte "pour un écosystème de la mode" ?
80 % l’ont fait, mais on n’est pas une police du développement durable ! (Rire.)
C’est quoi l’avenir de la mode ?
Elle doit renoncer à l’hypocrisie. Des marques de fast fashion ne fabriquent plus au Bangladesh depuis l’effondrement du Rana Plaza. Sur place, les ouvrières veulent qu’on les aide à reconstruire des ateliers décents pas qu’on les abandonne.
Quelle responsabilité a le client ?
Il doit apprendre à ne plus nourrir une société Kleenex. On l’encourage à être un consommateur citoyen, qui veut savoir où est fabriqué le tee-shirt, quelle est sa composition, etc. Ils sont de plus en plus nombreux à nous poser ces questions.
Propos recueillis par Olivier Cabréra
(1) 42 rue Volta, Paris 3e
sakinamsa.com/concept-store
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