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Le sociologue Gérard Mermet observe la "Grande Transition" que vit notre pays. Il décrypte son évolution, ses espoirs et ses craintes, ses atouts et ses faiblesses. Chaque semaine We Demain publiera une ou plusieurs de ses chroniques. Voici la première.
Face à cette crise, mutation, ou plutôt transition qui sévit depuis des années, on peut distinguer trois catégories de Français. La première est celle des Tranquilles.
Ce sont principalement des actifs dont la vie professionnelle et dont les revenus sont peu menacés par la conjoncture : fonctionnaires, employés des secteurs peu affectés (santé, communication, énergie, nouvelles technologies…) ou d’entreprises dynamiques, peu endettées, bénéficiant d’un carnet de commande garni.
On peut y ajouter la majorité des retraités, non concernés par le chômage et disposant de pensions a priori garanties, même si leur progression n’est pas assurée.
Toutes ces personnes n’ont guère modifié leurs modes de vie depuis la crise financière de 2008, et continuent de "profiter" tant que c’est possible de leur immunité relative. Même si beaucoup sont affectées par le climat général et les difficultés subies par les autres catégories.
Mais ils ont la chance de disposer d’une bonne formation initiale, d’une spécialité professionnelle recherchée, d’un réseau familial ou amical mobilisable, et/ou de caractéristiques personnelles qui leur confèrent une capacité de rebond : optimisme, volonté, énergie, dynamisme, mobilité….
Rebondir est a priori plus facile pour les jeunes, mais les plus âgés disposent plus souvent d’un patrimoine qui peut les aider à affronter les tempêtes.
Enfin, le groupe des Fragiles est composé de tous les autres ménages : ceux qui sont handicapés par une faible qualification, une mobilité géographique réduite, une situation financière précaire, des contraintes familiales ou personnelles. Ceux-là doivent faire attention à leurs dépenses, et faire parfois face au surendettement.
Les embellies économiques ne leur profitent guère et ils ont besoin pour survivre de l’aide de l’État et de la solidarité nationale. D’autant que les années à venir de la Grande Transition pourraient être encore plus chaotiques.
Mais d’autres singularités nationales jouent en sens inverse. Notre pays ne profite pas autant que ses voisins et concurrents des périodes de répit ou de reprise. Le manque de clairvoyance de nos responsables politiques, notre faible culture économique et notre propension à l’affrontement retardent ou interdisent les réformes et les "remises à niveau" dont nous avons besoin.
Enfin, notre "principe de précaution" nuit à l’innovation et l’expérimentation nécessaires à notre refondation. C’est de celle-ci qu’il sera question tout au long de ces chroniques.