Debats-opinions

« Instaurons un quota de jeunes dans la direction des instances publiques »

« Build back better » : mieux reconstruire après la pandémie. À chaque sommet, chaque discours, le slogan est répété par les principaux gouvernements de la planète comme le refrain de lendemains meilleurs et déconfinés. Malgré les centaines de milliards injectés dans l’urgence dans des économies à bout de souffle, les plans de relance restent sectoriels. Les prises de décision, verticales. S’ils se veulent écologiques et ambitieux, ils restent issus de structures politiques inchangées, où la conception du monde est découpée par ministère, par silo, malgré l’interconnexion et l’interdépendance croissantes des personnes et des secteurs, de la santé au numérique, de l’économie à l’écologie sur fond d’inclusion sociale.

Cette vision court-termiste a sa raison d’être : les mesures structurelles et radicales à prendre aujourd’hui pour limiter les effets du réchauffement climatique dans 20 ans coûtent cher. Mais la stratégie de l’opinion publique érode la crédibilité du pouvoir politique. Et les jeunes n’ont jamais aussi peu voté que ces dernières années dans un grand nombre de pays.

Pour agir face à l’urgence et préparer l’avenir

Face à des décisions politiques qui ignorent trop souvent les enjeux de long terme, face à l’urgence des crises qui se cumulent, nous nous engageons au sein des Y7 et Y20 à faire entendre la voix de la jeunesse sur les enjeux clés d’aujourd’hui et de demain. Pour qu’ils structurent pleinement les priorités politiques.

Nous avons ainsi la chance de pouvoir formuler des recommandations aux gouvernements des pays les plus riches de la planète. Nous l’avons fait au Y7 en mai et le ferons en juillet au Y20.

Il n’y a pas de changement durable sans révolution éducative. Nous appelons à nous attaquer à la racine du problème. Nos systèmes scolaires ne nous équipent plus assez pour faire face au monde que nous laissent ceux qui les ont conçus.

Investir dans l’éducation à la santé, à l’environnement, à l’économie et au numérique, c’est se prémunir des coûteux dégâts que cause trop souvent l’ignorance collective. Offrir massivement, à chacun, ces outils, c’est aussi nous armer contre les inégalités sociales croissantes, qui se perpétuent dès l’école maternelle et requièrent des mesures urgentes, notamment fiscales.

Du télétravail aux cours à distance, nos relations en période de pandémie ont été plus dépendantes que jamais du numérique. Si ces nouvelles possibilités sont enthousiasmantes, nous sommes les premiers à en subir les effets secondaires. Les biais algorithmiques, qui reproduisent les préjugés du passé, y compris de manière involontaire, ou les phénomènes de dépendance encouragés par les mécanismes algorithmiques sont autant d’enjeux majeurs à prendre à bras le corps.

Et quid de l’impact environnemental ? Le volume total d’équipements électroniques utilisés à travers le monde augmente de 2,5 millions de tonnes par an. La consommation énergétique due aux vidéos en ligne est déjà aussi importante que celle de l’Espagne ! Pire, les déchets numériques croissent de manière exponentielle. Ce sont les pays du Sud qui récupèrent ces déchets qu’on ne saurait voir. Par la fiscalité, le droit, nous pouvons imposer le recyclage, l’écoconception et la durabilité des produits, par exemple en introduisant un indicateur énergétique informatique.

À lire aussi : Ces jeunes appellent le G7 à lutter contre les inégalités

Faire entendre et porter la voix des jeunes

Nous, sept délégués français aux Y7 et Y20, ne voulons pas être les rares représentants de notre génération à pouvoir s’adresser à nos gouvernements. Les jeunes sont sous-représentés dans la plupart des organes de décision, malgré le regard neuf qu’ils peuvent apporter. Depuis janvier dernier, nous avons pris le temps de consulter des jeunes – étudiants, jeunes professionnels, lycéens -, des experts comme des représentants ministériels. Tous en conviennent : notre génération doit être davantage entendue, consultée, représentée.

Pour prendre en compte de manière plus systématique la jeunesse dans les politiques publiques, nous proposons un quota de jeunes de moins de 30 ans au sein de la direction de toute instance publique. Pour ouvrir davantage le débat public comme les processus de décision à la participation active des jeunes.

C’est un regard transversal, qui tente d’articuler les différents domaines d’expertise et favorise le dialogue entre jeunes, scientifiques et pouvoirs publics, que nous voulons porter au Y7 et au Y20. La Terre est un bien commun qui ne peut être remplacé. Parce que nous le partageons, nous demandons de participer à l’action dès aujourd’hui. Pour construire le monde de demain.

À propos des auteurs

Le Y20 et le Y7 sont les groupes d’engagement officiels du G20 et du G7 envers les jeunes. Créés par l’Institut Open Diplomacy en 2011, ces groupes permettent, depuis dix ans, à des jeunes leaders des plus grandes économies de la planète d’interpeller les chefs d’État et de gouvernement et de leur adresser des recommandations.

Cette tribune est signée par Noé Michalon, 27 ans, chef de la délégation au Y7 et Mégane Aellen, 28 ans, cheffe de la délégation au Y20, ainsi que par les délégués 2021 : Thibaut Atché, Clara Azarian, Edwige Cyffers, Rycahel Eric-Andriana, et Gabrielle Rousseau.

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