Partager la publication "Gaz à effet de serre : la planète dépasse un nouveau seuil alarmant"
“Pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, les émissions de gaz à effet de serre doivent culminer avant 2025 au plus tard et diminuer de 43 % d’ici 2030.” L’Accord de Paris, ratifié par consensus par 195 États membres lors de la COP15 en 2015, est limpide sur les objectifs. Pourtant, les trois principaux gaz à effet de serre ont encore augmenté en 2023. Selon un rapport de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), rendu public ce lundi 28 octobre, le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4) et le protoxyde d’azote (N2O) continuent à s’accumuler dans l’atmosphère.
“Une nouvelle année, un nouveau record, a déclaré Celeste Saulo, secrétaire générale de l’OMM. Cela devrait sonner l’alarme parmi les décideurs. Nous sommes clairement en retard sur l’objectif de l’Accord de Paris.” La concentration de ces trois gaz s’est accrue de plus de 10 % en seulement deux décennies. Selon l’organisation, cette augmentation est due à la consommation “obstinément élevée” de combustibles fossiles par l’humanité. Une situation encore aggravée par les feux de forêt géants et une possible diminution de la capacité des arbres à absorber le carbone. Voilà un sujet de discussion pour la prochaine COP29, qui se tiendra du 11 au 22 novembre à Bakou, en Azerbaïdjan.
L’OMM souligne que les températures mondiales sur terre et en mer ont été en 2023 “les plus élevées jamais enregistrées depuis 1850”. Et compte tenu de la durée de vie du CO2 dans l’atmosphère, les niveaux de température actuels risquent de se maintenir pendant des décennies, même si les émissions diminuent rapidement pour atteindre zéro net.
En 2023, les concentrations de CO2 atteignaient 420 parties par million (ppm), celles de méthane 1 934 parties par milliard (ppb) et celles de protoxyde d’azote 336 ppb, soit respectivement 151 %, 265 % et 125 % des niveaux de 1750. Cette accumulation rapide rappelle des périodes climatiques vieilles de millions d’années, où la température de la Terre dépassait de plusieurs degrés les niveaux actuels, et les océans s’élevaient jusqu’à 20 mètres de plus. Mais jamais ces changements n’ont été aussi rapide.
Les écosystèmes, jusqu’ici considérés comme des alliés dans la lutte contre le réchauffement, pourraient bientôt devenir des sources supplémentaires d’émissions de gaz à effet de serre, avertit Ko Barret, secrétaire générale adjointe de l’OMM. “Les feux de forêt pourraient libérer davantage de carbone dans l’atmosphère, tandis que les océans plus chauds risquent d’absorber moins de CO2.” Ce cercle vicieux menace de compromettre les efforts de réduction d’émissions en cours.
Les scientifiques soulignent que ces records ne sont pas des chiffres abstraits : chaque fraction de degré supplémentaire affecte la biodiversité, la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance de millions de personnes. Alors que la COP29 approche, le défi est clair : sans des politiques mondiales renforcées et une action rapide, le seuil de 1,5°C pourrait être dépassé bien plus tôt que prévu.
Au rythme où vont les politiques de transition écologique, la synthèse de l’ONU précise que les engagements réellement pris par les pays signataires de l’Accord de Paris sont très éloignés des objectifs, à savoir réduire de 43 % les émissions de gaz à effet de serre. Selon le rapport, ce chiffre sera sans doute de… -2,6 % d’ici 2030 (par rapport à 2019). Très très loin de la cible donc.
Les objectifs actuels, y compris ceux qui ont été mis à jour récemment par 34 pays à l’approche de la COP29, “sont loin de répondre aux besoins pour empêcher le réchauffement planétaire de paralyser toutes les économies et de détruire des milliards de vies et de moyens de subsistance”, alerte Simon Stiell, le chef de l’ONU Climat. Et Celeste Saulo d’ajouter : “Ce sont plus que de simples statistiques. Chaque partie par million et chaque fraction de degré d’augmentation de température ont un impact réel sur nos vies et notre planète.”. La multiplication des catastrophes naturelles hors normes et de phénomènes extrêmes inédits en sont la preuve. La question est donc : jusqu’à temps ?
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