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Medicane, trombe marine, épisode cévenol… lexique des phénomènes météo extrêmes

Vagues de chaleur, sécheresse, canicule, Méditerranée en surchauffe… le moins que l’on puisse dire est que la France n’est pas épargnée par le réchauffement climatique cet été. Mais l’automne pourrait être du même acabit avec d’autres phénomènes météorologiques extrêmes. Medicane, épisode cévenol ou méditerranéen, trombe marine, orage en V… autant de termes complexes qui méritent un éclairage.

À la clé, de violentes pluies, parfois des vents forts, qui peuvent déboucher sur des inondations, des crues, des glissements de terrain… bref, des catastrophes naturelles dévastatrices pour les zones urbaines comme rurales. Cela est d’autant plus vrai que, avec la sécheresse, la terre sera particulièrement compacte en cette fin d’été. Et donc moins propice à absorber les pluies. WE DEMAIN décrypte pour vous ces différents phénomènes météorologiques.

Medicane : de gros risques cet automne

Medicane est la contraction de Méditerranée et de Hurricane (ouragan en anglais). Ce mot-valise signifie donc un « ouragan de Méditerranée ». Concrètement, c’est une tempête extrême qui déborde sur le pourtour de la mer. En général, un medicane trouve son origine dans un système dépressionnaire de  200 à 400 km de diamètre. Si Météo France n’en a recensé qu’une dizaine depuis le début des années 2000, les medicanes deviennent de plus en plus fréquents selon les dernières observations. « Jusqu’en 2015, on en recensait un tous les 2 à 5 ans à peu près, note Météo France. Toutefois, ces cinq dernières années (depuis 2016), on a pu observer un medicane chaque automne. »

Le risque sera d’autant plus important à la fin de cet été et à l’automne que la Méditerranée est actuellement en surchauffe en raison des fortes chaleurs de juin, juillet et août. L’eau, dans certaines zones, dépasse régulièrement les 30° en surface. Or,  les températures de la mer vont augmenter la formation de masses d’air chaud (via l’évaporation à la surface de la mer), ce qui aura pour effet d’accroître également les risques de medicane. À la clé, vents violents, orages et fortes pluies.

Épisode cévenol ou méditerranéen

Il s’agit encore ici d’un phénomène météorologique qui se produit le plus souvent à l’automne. Il se forme quand le vent chaud et humide en provenance de la Méditerranée se dirige vers le nord, bute contre un massif montagneux et rencontre l’air froid présent en altitude. Des nuages chargés de pluie se forment et restent piégés à cet endroit. On parle d’épisode cévenol, quand le phénomène a lieu au niveau du massif montagneux des Cévennes, dans le Massif Central, entre la Lozère et le Gard. On parle d’épisode méditerranéen quand cela concerne les reliefs de l’arrière-pays méditerranéen (Alpilles, etc.).

Cela déclenche des orages violents et localisés qui peuvent créer des inondations très importantes car s’ensuivent des pluies diluviennes (souvent plus de 200 mm de précipitations en 24 heures). Et donne lieu à des catastrophes comme celle, mémorable, de Vaison-la-Romaine en 1992 (150 mm de pluie en 2 heures). On se souvient aussi d’un épisode cévenol particulièrement long en novembre 2011. Pendant 9 jours, il a plu à verse dans les Cévennes. À certains endroits, ce sont pas moins de 800 mm d’eau qui se sont déversés. À titre de comparaison, en moyenne, il pleut 750 mm d’eau par an en France.

Orage en V ou orage stationnaire

Ce phénomène est une sous-famille des épisodes méditerranéens (ou cévenols) présentés plus haut. Il s’agit d’un orage qui se nourrit des courants d’air chauds et humides de la mer. Il grossit peu à peu mais sans se déplacer. Il reste en effet de manière durable au-dessus d’une zone géographique précise.

Exemple d’orage en V, au-dessus du Gard en septembre 2021. Crédit : Keraunos.

On parle d’orage en V car il s’agit d’une colonne convective troposphérique très humide. Tout en haut, il y fait très froid (jusqu’à -75 °C). Ce « sommet pénétrant », un dôme de convection extrême qui vient pénétrer dans la basse stratosphère, prend parfois la forme d’un V, d’où le nom. Ce phénomène est capable de créer des « lames d’eau parfois considérables sur les zones concernées », indique le site spécialisé Keraunos. Une forte activité électrique au milieu de ce phénomène produit en effet des orages très intenses sur un point donné.

La trombe marine, à ne pas confondre avec une tornade

Comme son nom l’indique, ce phénomène se forme au-dessus d’une étendue d’eau. Concrètement, une trombe marine est une colonne en rotation où l’air et l’eau sont mélangés. Il existe deux types de trombes marines : les trombes d’air froid et les trombes tornadiques. La première se crée lorsque de l’air frais se déplace au-dessus d’une eau chaude, comme la Méditerranée actuellement.

La seconde prend forme lors d’une supercellule orageuse (ou orage supercellulaire). Il s’agit d’un orage accompagné de phénomènes violents comme des tornades ou une grosse grêle. D’une manière générale, ces trombes marines sont des épisodes météorologiques relativement courts et qui sont moins violents qu’une tornade seule, qui se caractérise par un tourbillon de vents extrêmement forts.

Les orages secs, appelés à devenir de plus en plus fréquent ?

Un orage sec est tout simplement un phénomène orageux qui ne comporte pas de pluie. L’orage est bien là, avec une importante activité électrique dans les nuages. Et qui dit nuages, dit présence d’eau. Pour autant, d’eau, la terre n’en verra pas une goutte. Comment cela se fait-il ? En raison de températures très élevées, l’eau qui tombe des nuages s’évapore avant même de toucher le sol. C’est non seulement problématique en cas de sécheresse mais, en plus, la foudre qui s’abat et touche le sol a davantage de risque de donner lieu à des départs de feux.

À lire aussi : Vague de chaleur, plume de chaleur, canicule… mieux comprendre ces phénomènes météorologiques

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