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Protéger 0,7 % des terres de la planète pour sauver un tiers des espèces les plus rares ?

Lecture intéressant cette semaine dans Nature Communications. On y apprend que la protection de 0,723 % des terres de la planète pourrait aider à sauver un tiers des espèces les plus uniques et menacées. Telle est la conclusion d’une étude menée conjointement par l’Imperial College de Londres, l’organisme On the Edge et la société zoologique de Londres (ZSL). La difficulté est que ces 0,7 % des terres sont extrêmement parcellaires. Elles sont réparties sur cinq continents, 33 pays et 117 écorégions et concernent environ 3 000 espèces.

« Alors que plus de la moitié de la surface terrestre de la planète est exposée à des niveaux élevés de pression humaine et que le réseau actuel d’aires protégées n’est pas suffisant pour éviter la crise d’extinction qui a lieu sous nos yeux, il est essentiel de déterminer quelles zones doivent être prioritaires en matière de conservation », expliquent les auteurs de l’étude. En se focalisant seulement sur de petites zones abritant une biodiversité exceptionnelle, ils estiment qu’on pourrait déjà obtenir des gains non négligeables dans la préservation des espèces les plus en danger et avec une spécificité évolutive unique.

À lire aussi : Biodiversité en France : près de 20 % d’espèces menacées

Madagascar, le Cameroun, la Tanzanie, Haïti… 25 zones prioritaires pour sauver des espèces rares

Parmi les lieux à protéger en priorité, l’étude a identifié 25 zones prioritaires, des espaces qui accueillent une biodiversité unique et en voie d’extinction. Appellées « zones EDGE », ce sont souvent des pays clés pour l’histoire, comme le Cameroun et la Tanzanie en Afrique ou encore Haïti dans les Antilles, le Sri Lanka et les Philippines dans l’océan Indien, la Mésoamérique, le nord des Andes, etc. Ensemble, elles abritent 33,3 % de l’histoire évolutive menacée et 31,3 % des tétrapodes EDGE [tétrapodes : animaux comportant quatre pattes, NDLR], dont environ la moitié ne se trouve nulle part ailleurs. EDGE signifie Evolutionarily Distinct (ED) and Globally Endangered (GE), soit des espèces distinctes sur le plan de l’évolution et en danger d’extinction à l’échelle mondiale. La plupart de ces espèces sont endémiques à la zone à protéger.

L’étude pointe aussi du doigt la spécificité de l’île de Madagascar. « Compte tenu de la biodiversité hautement endémique de Madagascar, de son importance phylogénétique, et de ses niveaux élevés de risque d’extinction, il n’est pas surprenant que l’île abrite le plus grand nombre de tétrapodes prioritaires EDGE (10,4 % du total). » Et de citer la présence de la tortue à grosse tête de Madagascar et l’aye-aye, un lémurien très particulier que l’on ne trouve que sur cette île.

Le lémurien Aye-Aye, endémique à Madagacar, est un animal nocturne. Crédit : 25ehaag6 / iStock.

Seulement 20 % des zones identifiées bénéficient d’une forme de protection

L’auteur principal de l’étude, Sebastian Pipins, un étudiant PhD du Grantham Institute à l’Imperial College London, explique : « Nos recherches mettent en lumière les régions du monde qui sont particulièrement préoccupantes. Elles montrent en outre qu’en protégeant ne serait-ce qu’une fraction de la surface terrestre, d’énormes progrès peuvent être réalisés en matière de préservation de la nature »

Problème : à l’heure actuelle, seulement 20 % des zones identifiées dans l’étude bénéficient d’une certaine forme de protection. Et la plupart d’entre elles sont confrontées à des niveaux de pression humaine constants et croissants. Il est donc urgent de les protéger formellement.

Des espèces en voie de disparition à protéger absolument

Outre les deux espèces citées ci-dessus, l’étude évoque aussi le Messager sagittaire, un rapace africain, souvent appelé Secrétaire, qui possède de longues pattes et un corps d’aigle. Certaines espèces de grenouilles, dont la grenouille violette avec son nez semblable à celui d’un cochon, ainsi que le gavial, un crocodile à long museau présent uniquement en Inde, sont aussi cités.

Un gavial, ou crocodile à long museau. Crédit : Vansh Sharma / Pexels.

« Il est crucial de prendre en compte non seulement la diversité des espèces dans les efforts de conservation, mais aussi l’histoire évolutive de la diversité, afin de garantir que les branches grandes et uniques de l’arbre de la vie ne soient pas perdues », souligne Sebastian Pipins. Alors que l’accord Kumming-Montéral de la COP15 Biodiversité inclut un objectif ambitieux de protection de 30 % de la surface terrestre et marine d’ici à 2030 (« « « Objectif 30×30 »), il serait bon d’intégrer dans ce plan ces zones EDGE identifiées pour préserver au plus vite des espèces déjà en voie d’exctinction.

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