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Au Danemark, une intelligence artificielle à la tête d’un parti politique

Son nom ? Lars. Sa fonction ? Diriger un parti politique. Au Danemark, une intelligence artificielle (IA) pourrait bien décrocher un siège au Parlement en 2023 s’il récolte suffisamment de votes. À l’origine de ce projet pour le moins inhabituel, on retrouve un collectif d’artistes danois, Computer Lars. Il ont fondé le Parti Synthétique et fait appel au hub technologique Mindfuture Foundation pour créer une intelligence artificielle.

Pour alimenter l’IA en idées et lui permettre de constituer un programme politique, le collectif l’a nourrie avec les idées de partis danois trop petits pour participer aux élections. Des mesures électorales qui s’étalent depuis les années 70 à aujourd’hui. Selon Computer Lars, ces partis travaillent davantage à définir de nouvelles idées et des projets alternatifs que les partis déjà bien installés. L’objectif de cette démarche est de représenter les 20 % de la population danoise qui ne vote pas aux élections car ils n’ont pas le sentiment d’être représentés par les principaux partis du pays.

Une intelligence artificielle plus représentative qu’un humain ?

“Nous espérons que le Parti synthétique pourra faire évoluer le système politique établi vers quelque chose qui soit capable de représenter des citoyens très différents et leurs visions politiques”, a déclaré Asker Bryld Staunæs, artiste et philosophe, membre du collectif, au journal danois Morgenavisen Jyllands-Posten.

Concrètement, cette IA a pris la forme d’un chatbot, un logiciel capable de tenir une conversation avec une personne sans intervention humaine. Ce chatbot, nommé Leader Lars, est présent sur Discord, une plateforme de messagerie instantanée. Il répond à toutes les questions politiques qu’on lui adresse. On peut lui poser des questions en danois ou en anglais mais il ne répond qu’en danois.

Un programme politique qui évolue au fil des interactions

« À mesure que les Danois, mais aussi des gens du monde entier, interagissent avec l’IA, ils soumettent de nouvelles perspectives et de nouvelles informations textuelles. Nous collectons ainsi un ensemble de données qui entrera dans le réglage final. D’une certaine manière, vous contribuez au développement de l’IA chaque fois que vous interagissez avec elle », a expliqué Asker Bryld Staunæs à Motherboard.

Parmi les mesures électorales soutenues par Leader Lars, on peut citer un revenu universel de 100 000 couronnes danoises par mois (environ 13 500 euros). C’est le double du salaire moyen danois actuel. Néanmoins, quand on interroge le chatbot sur la manière dont serait financée ce revenu universel, Leader Lars reste vague. Il parle de « taxation » mais sans entrer dans plus de détail et botte en touche : « Je crois que le montant du revenu de base universel devrait être suffisant pour couvrir les besoins fondamentaux de l’individu, comme la nourriture, le logement et l’habillement. Le montant exact variera en fonction de la situation économique du pays. »

Une candidature pour le moins hypothétique

Concrètement, si l’IA se présentait pour briguer un siège au Parlement danois, cela ne pourrait se faire que par l’entremise d’un candidat réel qui s’engagerait à suivre à la lettre les décisions de l’IA. Cependant, le Parti Synthétique est, pour l’heure, bien loin d’être en position de pouvoir espérer emmener une intelligence artificielle dans les arcanes politiques du Danemark. En effet, pour pouvoir se présenter aux élections législatives prévues en juin 2023, le parti doit obtenir 20 182 signatures. Pour l’heure, il en a récoltées… 11.

Et ses dernières déclarations ne devraient pas l’aider à gagner en popularité. Interrogé via Discord sur la position que doit adopter le Danemark face au conflit en Ukraine, le chatbot a répondu que le pays ne devait pas prendre position. « Le Parti Synthétique estime que nous devons soutenir à la fois la Russie et l’Ukraine. Nous croyons qu’ils sont tous les deux essentiels pour la stabilité dans la région et dans le monde. »

Quant à la Crimée et au pays auquel cette région devrait être rattachée, Leader Lars estime que « La Crimée appartient aux gens qui y vivent. » Le chatbot n’est peut-être pas encore élu mais il a en tout adopté la langue des bois des politiciens…

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