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« J’ai été tiré au sort pour la Convention citoyenne : j’ai envie d’y croire »

Formuler des propositions pour réduire d’au moins 40 % les émissions de gaz à effet de serre françaises. Voilà l’objectif de la Convention citoyenne pour le climat, constituée de 150 personnes tirées au sort, dont Cyril Dion est l’un des garants. 

À lire aussi : Cyril Dion : « Face à l’urgence climatique, la démocratie délibérative est indispensable »

Cette convention a officiellement été lancée le vendredi 4 octobre, à l’initiative du gouvernement. La première séquence de travail a duré trois jours. Cinq autres week-ends de travail sont prévus, jusqu’au début de l’année 2020, moment auquel seront rendues les conclusions de l’Assemblée.

Des groupes de travail de 30 personnes ont été créés, autour de cinq thèmes : « se loger, se déplacer, travailler, produire et consommer ».
 
Grégoire Fraty, Normand de 31 ans, est l’un des 150 citoyens qui participe à cette Convention. Cadre dans la formation professionnelle pour un réseau d’associations, il a accepté de partagé son expérience.
 

  • We Demain : Pourquoi avoir accepté de participer à la Convention pour le climat ?

Grégoire Fraty : J’ai été tiré au sort début septembre. Personnellement, je ne suis pas spécialement engagé sur les questions écologiques. Je fais de petits gestes à ma mesure, j’essaie de manger local, de trier, d’éviter la voiture… Mais le sujet me semble très intéressant et important. Donc je ne me voyais pas refuser, je ne me suis même pas posé la question. On nous demande de participer à une réflexion collective, j’ai vu cela comme un devoir citoyen.
     

  • Racontez-nous comment s’est déroulé ce premier week-end de travail…

Nous avons été reçus au CESE (Conseil économique, social et environnemental). Il s’agissait d’abord de poser le cadre général : les problèmes écologiques et les blocages existants… Beaucoup d’entre nous ne sont pas des experts, et ont besoin d’être accompagnés. Nous avons aussi reçu le premier Ministre Édouard Philippe, la ministre de la Transition écologique Élisabeth Borne, ainsi que des scientifiques, des chefs d’entreprise, des climatologues…
 
Pour ma part, je suis dans le groupe « se loger », un sujet dont je ne suis pas spécialiste. Je suis propriétaire d’une maison, donc je me suis déjà posé des questions sur les aides à l’isolation ou mon fournisseur d’énergie. Mais, depuis cette première session, je me renseigne plus en profondeur. En ce moment, je lis des rapports sur l’écoconstruction par exemple.
   

  • Comment fonctionne votre groupe ?

Ce qui est bien, c’est que nous avons des profils très différents: un retraité, un plaquiste, un dératiseur, moi je suis cadre… Chacun a une petite expertise et une vision différente qui permet de nourrir une réflexion collective. Et nous avons tout de même la chance d’avoir un architecte dans le groupe !
 
Le comité de gouvernance nous a proposé des noms d’experts, mais chaque membre du groupe peut formuler des propositions. Nous pouvons choisir qui l’on souhaite rencontrer, organiser des débats entre différents spécialistes…
 
Nous allons, entre autres, aborder les thèmes de l’isolation, de l’énergie et de l’habitat collectif…
 

  • Entre les sessions avez-vous des « travaux » à réaliser ?

Le CESE organise des temps de travail facultatifs en dehors des six grosses sessions obligatoires. Depuis celle du 4 octobre, nous avons eu une première réunion avec le groupe « se loger », en visioconférence, pour ceux qui étaient disponibles. Le CESE a également mis à disposition une plateforme qui nous permet de discuter entre nous et sur laquelle nous avons un socle commun d’informations. Nous avons aussi créé un groupes Whats App pour échanger.

Ensuite, libre à chacun d’en faire plus et de prendre des initiatives sur son territoire. Par exemple, en Bretagne, les tirés au sort se sont mis en contact et ils vont rencontrer prochainement des élus. Je vais essayer de faire la même chose en Normandie. J’ai déjà contacté mon maire, qui a interdit l’usage de pesticides, via Twitter et il a accepté de me recevoir. Mais je veux aussi discuter avec des agriculteurs, des associations de consommateurs ou encore des associations environnementales. Les questions agricoles m’intéressent et j’ai aussi la possibilité de m’exprimer sur ces sujets lors des sessions communes avec les autres groupes.
 

  • Pensez-vous que cette Assemblée puisse avoir un réel impact ?

Pour l’heure nous avons l’impression d’être écoutés. On nous demande très souvent notre avis sur le déroulement, ce que l’on aimerait ajouter… En un seul week-end, les animateurs se sont déjà arrachés les cheveux car nous avons modifié tout leur programme ! Mais ils s’adaptent à nos souhaits pour le moment.
 
Nous sommes aussi accompagnés, sans être orientés. Nous avons une grande équipe autour de nous : attachés de presse, juristes, étudiants, scientifiques…
 
Moi, j’ai envie d’y croire. C’est innovant, cela n’a jamais été fait en France. Je vais le faire à fond. Je serai peut-être déçu dans quatre mois, mais si c’est le cas, je serai le premier à le crier sur tous les toits.
 
Le gouvernement tente un pari démocratique, j’espère qu’il sera tenu jusqu’au bout et qu’il aboutira à des solutions concrètes. Reste à savoir comment il va prendre en compte nos propositions. Personnellement, j’aimerais bien qu’elles soient soumises à referendum.

—-

L’expérience de Grégoire Fraty vous intéresse : suivez-le sur son compte Twitter. « Les gens ont besoin de savoir comment cela se passe, l’objectif de transparence est très important pour moi », explique-t-il.
 
La prochaine session de travail aura lieu le week-end du 25 au 27 octobre. Toutes les sessions sont retransmissent en direct sur le site de la Convention.

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