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Vendée Globe 2024 : 25 skippers vont naviguer utile pour la science

Ils s’appellent Sam Davies, Clarisse Crémer, Fabrice Amedeo ou encore Pip Hare. Ce dimanche 10 novembre, quelque 25 navigatrices et navigateurs prendront le départ du Vendée Globe 2024, la course autour du monde en solitaire sans escale et sans assistance. Mais sur leur voilier, au départ des Sables-d’Olonne (Vendée), ils auront un petit truc en plus. Ces skippers font en effet partie d’un programme de recherche océanographique et d’amélioration des modèles de prévisions météorologiques mis en place par l’Unesco.

Différents partenaires scientifiques leur ont fourni embarqueront du matériel scientifique qu’ils vont embarquer à bord de leur bateau de la classe Imoca, des monocoques de 60 pieds, soit 18,28 mètres. Ainsi, le skipper Fabrice Amedeo, qui prendra le large ce dimanche pour son troisième Vendée Globe, collabore avec l’université de Bordeaux et l’Ifremer depuis cinq ans déjà. Il a installé sur son bateau Nexans Wewise trois capteurs, dont un dédié au prélèvement des micro-plastiques.

Un vrai surplus de travail pour certains skippers engagés sur le Vendée Globe 2024

Le capteur de Fabrice Amedeo pompe et filtre l’eau de mer en continu sous la quille du bateau (1 à 2 mètres de profondeur). L’appareil va ainsi mesurer la présence de toutes petites particules de plastique dans les océans qu’il va traverser. Charge au marin de changer toutes les 24 heures les différents filtres du capteur. Ceux-ci ont trois niveaux de tamis : 300, 100 et 30 micromètres (de la taille d’un cheveu à celle d’un acarien invisible à l’œil nu).

Fabrice Amedeo présente les filtres pour capter les micro-déchets présents à 1-2 mètres de profondeur. Crédit : JM Liot.

“Le plastique, c’est le 3e matériau le plus fabriqué au monde après le ciment et l’acier, souligne Bénédicte Morin, enseignante-chercheuse de l’université au laboratoire EPOC en écotoxicologie aquatique et chimie analytique. 5 à 20 millions de tonnes sont déversées chaque année dans les océans dont 80 % proviennent des activités terrestres humaines et 20 % des activités maritimes. Dans l’environnement, malgré le fait qu’il se dégrade peu car conçu pour durer, le plastique se dégrade quand même. Il va se fragmenter en petites particules quasi invisibles de 1 micromètre à 5 mm pour les microplastiques.”

Identifier les types de plastiques et leurs concentrations selon les océans

Le travail de Fabrice Amedeo sur le Vendée Globe 2024 va permettre de collecter et caractériser les déchets filtrés (microparticules mais aussi fibres plastiques et fibres de cellulose) selon les différentes zones traversées par le bateau.

Dans les régions subtropicales, l’océan est convergent, ce qui veut dire qu’il y a une espère d’accumulation des déchets plastiques en surface, exactement sur le même processus que ceux que l’on retrouve dans la mer des Sargasses, dans l’océan Atlantique Nord, ou dans le Pacifique Nord, explique Christophe Maes, chargé de recherche à l’IRD (Institut de Recherche et de Développement). On soupçonne très fortement qu’il y en existe une au sud de l’Océan Indien mais on ne sait pas la localiser avec précision et on ne connaît pas très bien sa dynamique, d’où l’intérêt de mettre un maximum de bouées à ce niveau-là.”

Pour en avoir le cœur net, Fabrice Amedeo larguera neuf bouées dans l’océan Indien, cinq dans le Pacifique Sud et deux en Atlantique après le passage du cap Horn. En outre, le skipper participe aussi au projet “OceanPack”. Objectif : mesurer le CO2, la salinité et la température des océans.

À bord de l’Imoca Nexans Wewise de Fabrice Amedeo, un vrai petit laboratoire pour stocker les données captées. Crédit : JM Liot.

Une campagne de collecte de l’ADN environnemental pour cartographier la biodiversité

Fabrice Amedeo embarquera aussi un capteur pour collecter de l’ADN environnemental. Ce projet doit permettre d’avoir une meilleure idée de la biodiversité marine. Développé par l’institut Cawthron en Nouvelle Zélande et leur partenaire technique Sequench aux Etats-Unis, il va lui aussi filtrer l’eau de mer pour obtenir une cartographie biologique précise de tous les organismes présents au large, des virus jusqu’aux baleines.

“Cette approche est révolutionnaire car elle permet de recenser la présence ou l’absence d’espèces rares ou en voie de disparition, mais aussi de détecter les espèces invasives et autres pathogènes. Faire l’inventaire du vivant permet de mesurer la santé de nos océans en temps quasi réel et donc d’en appréhender la dynamique due au changement climatique”, explique Xavier Pochon, chercheur spécialisé dans la surveillance moléculaire et professeur associé en biologie marine à l’université d’Auckland. 

Des bouées de surface et des stations pour faire avancer la météorologie

D’autres types d’instruments seront également embarqués sur les Imoca, tels que des bouées de surface, des stations météorologiques, des flotteurs profileurs autonomes de subsurface Argo, des bouées éducatives (Calitoo) et des thermosalinographes. Ces instruments seront déposés par les marins à des endroits précis afin de mieux mailler la surface de la planète. L’ensemble des volontaires a été formé le 22 octobre dernier afin de se familiariser avec le protocole à respecter et avec les zones de déploiement qu’on leur a confiées à chacun. Si pour certains comme Fabrice Amedeo, il faudra consacrer du temps quotidiennement à cette contribution scientifique, pour d’autres, il suffira de larguer une bouée au bon endroit au bon moment.

Grâce à cela, les données recueillies pendant et après la course, ainsi que les bouées déployées, alimenteront le Système mondial d’observation de l’océan (GOOS) coordonné par l’UNESCO. Pour mettre sur pied ce projet, l’organisme de l’ONU a passé des partenariats avec différents instituts, écoles et organisations européennes : l’Ifremer, Météo France, UK MetOffice, CNES, GEOMAR, CLS, Fondation TARA et ETH Zürich.

Les 25 skippers du Vendée Globe 2024 qui embarquent des instruments de mesure :

Denis Van Weynbergh (Bouée Météo)
Fabrice Amedeo (OceanPack + Flotteur Argo)
Yoann Richomme (Flotteur Argo + ARGOS Marget II)
Louis Duc (Bouée Météo)
Manu Cousin (Bouée Météo)
Louis Burton (Calitoo)
Jingkun Xu (Flotteur Argo)
Oliver Heer (OceanPack + Flotteur Argo)
Antoine Cornic (TSG Gaillard + Bouée météo + Station météo)
Tanguy Le Turquais (Station météo)
Kojiro Shiraishi (Flotteur Argo)
Sam Goodchild (Flotteur Argo + Calitoo)
Sébastien Marsset (Station météo + Argo Float)
Romain Attanasio (TSG Gaillard + Bouée météo)
Boris Herrmann (OceanPack + Bouée Météo)
Guirec Soudée (Flotteur Argo)
Maxime Sorel (Flotteur Argo)
Szabi WEORES (Flotteur Argo + station météo)
Arnaud Boissières (Bouée Météo + Calitoo)
Sam Davies (Calitoo)
Pip Hare (Calitoo)
Paul Meilhat (Planctoscope)
Nicolas Lunven (OceanPack)
Benjamin Dutreux (Station Météo)
Clarisse Crémer (Bouée Météo)

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