Partager la publication "Vendée Globe 2024 : dans le poste de commandes de Clarisse Crémer"
À quelques heures du départ du Vendée Globe 2024, la course autour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance, il y a un monde fou devant le ponton des IMOCA. Ces monocoques de 60 pieds (18,28 mètres) seront chouchoutés jusqu’à la dernière minute avant le départ. WE DEMAIN a eu la chance de pouvoir visiter samedi 9 octobre, veille du départ, l’intérieur du bateau de Clarisse Crémer, L’Occitane. C’est Andrew Cooper (“Coop”) qui nous a expliqué le fonctionnement du bateau. Au sein d’une équipe de onze personnes rassemblées autour de la navigatrice, il a participé à la préparation du voilier ces derniers mois.
Il faut laisser les chaussures sur le ponton et ne surtout rien toucher à l’intérieur car la check-list de vérification de tous les éléments est déjà en cours. Cordages, winch de réglage des voiles, vêtements étanches, nourriture, dessalinisateur pour l’eau, écrans de surveillance et de navigation… tout est prêt pour cette aventure XXL.
Le pont du bateau impressionne déjà. Au pied du mât, qui mesure 28 mètres de haut, on peut observer les foils rétractables sur les côtés. Au large, quand les conditions sont réunies, Clarisse Crémer déploiera ces deux ailes latérales. Cela permet littéralement de voler au-dessus de l’eau et de réduire les frottements. 25 des 40 bateaux qui ont pris le départ aux Sables-d’Olonne sont équipés de ces appendices. Mais ces foils, réglés manuellement par Clarisse à l’aide de systèmes hydrauliques, lui demandent une agilité constante pour s’adapter à la force du vent.
“Ce n’est pas très physique d’ajuster les foils mais cela demande une précision millimétrée. , explique Cooper. Quand vous les foils, vous les bougez de seulement trois degrés. Mais quand la charge de l’eau est contre, ça prend beaucoup de temps et nécessite une connaissance aiguë des réactions du bateau.” Tout cela se fait depuis le poste de commandes. Auparavant souvent semi-ouvert, il est désormais fermé pour mieux protéger les marins qui ont moins besoin de monter sur le pont, hormis quand il faut changer de voile.
Chaque bateau en possède un jeu de huit différentes, dont la grand-voile qui pèse environ 80 kilos. La déplacer n’est pas une mince affaire… Au total, elle embarque près de 1,5 tonne d’équipements et de voiles, qu’il faudra régulièrement transférer d’un endroit à l’autre de la cale, selon l’orientation du vent et les conditions de mer…
“La quille basculante imite l’effet de 40 équipiers répartis sur le flanc du bateau quand il est incliné”, résume Cooper. Une nécessité quand on navigue en solitaire à travers les vagues tumultueuses du Sud. En cas de chavirage, elle sert aussi à faire revenir le bateau dans sa position initiale. La quille basculante est gérée par Clarisse via un boîtier de commande qu’elle peut accrocher à son bras. On y trouve quatre boutons : un pour basculer à tribord, un pour basculer à bâbord, un bouton “stop” et un bouton “release”. Il faut entre 40 et 60 secondes pour effectuer un virement de bord.
À cela s’ajoute un radar sophistiqué contre les obstacles et une caméra intelligente, placée en haut du mât. Ces deux systèmes doivent non seulement alerter en cas de présence d’un bateau ou d’un container qui serait tombé à l’eau mais aussi identifier les animaux marins qui seraient à proximité et que le bateau pourrait heurter par mégarde. En sus, l’organisation du Vendée Globe a aussi créé onze zones interdites sous peine de sanctions. Certaines en raison d’un trafic de cargos trop important mais pour d’autres en vue de protéger la biodiversité.
Pour Clarisse Crémer, la technologie n’est que l’un des aspects de cette course où chaque détail compte. Dans l’espace exigu du bateau, la navigatrice dispose d’un aménagement divisé entre “zone humide” et “zone sèche”. D’un côté, les voiles, équipements de navigations et les vêtements de mer. De l’autre, son espace de repos (avec un petit lit) et de ravitaillement.
Pour maintenir une autonomie complète, deux dessalinisateurs (un principal et un de secours) transforment l’eau de mer en eau potable, lui fournissant environ quatre litres d’eau douce par heure. Ce précieux liquide sert non seulement à la boisson mais aussi à cuisiner des repas simples, essentiels pour tenir physiquement sur la durée. Au menu, beaucoup de plats lyophilisés mais aussi quelques fruits et légumes frais ou encore des œufs pour le début de la course.
Les skippers ont besoin de manger régulièrement pour absorber le rythme épuisant de manœuvres et de déplacements de charges. Chaque virage peut exiger jusqu’à deux heures de réorganisation à l’intérieur du bateau, un véritable exercice de force et d’endurance.
Loin de la compétition classique, le Vendée Globe est avant tout une course de survie, où la préparation mentale est cruciale. Si une équipe reste en contact avec elle pour l’assistance technique, les règles de la course interdisent toute aide de navigation. Tout est de la responsabilité des skippers en course. Pour Clarisse Crémer, il s’agit donc de maintenir sa concentration et de puiser dans ses ressources pour gérer les imprévus seule pendant une durée estimée entre 70 et 80 jours.
Ainsi, pendant trois mois, Clarisse partagera son quotidien avec le bruit du vent et des vagues, reliant le confort spartiate de son espace de repos à l’immensité de l’océan. Le défi est grand, mais la navigatrice a déjà prouvé ses qualités, terminant douzième et première femmes du Vendée Globe 2020. Pour cette édition, elle n’a eu que 18 mois pour préparer son bateau, L’Occitane.
Ce voilier a été mis à l’eau à Lorient en 2019 sous le nom d’Apivia. C’était Charlie Dalin qui était alors aux commandes de ce voilier, qui a participé à la précédente édition du Vendée Globe. Aujourd’hui rebaptisé et reconstruit pour Clarisse Crémer, L’Occitane se présente en jaune et bleu nuit, prêt à affronter des conditions maritimes extrêmes. Mais pour la navigatrice, il représente plus qu’un simple bateau, c’est un compagnon de route.
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