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Engagement et résilience au service de la cité

Le 18/02/2019 par Sofia Colla

Le durcissement de la contestation politique, idéologique ou sociale semble conforter l’idée d’une société en mutation dans laquelle la violence se banalise, se rangeant non plus au rayon des déviances, mais à celui des « modes d’expression ». Ce constat s’impose dans un contexte singulier : celui d’une société de l’immédiateté et de l’universalisation, où tout se sait vite – y compris ce qui est faux – et où le tempo est rythmé par les chaînes d’information en continu et les réseaux sociaux. Face à ces nouveaux facteurs d’adversité, les forces de sécurité apparaissent, aux côtés des armées et des services de secours, comme autant d’éléments de stabilité garantissant la continuité de l’action de l’État dans les moments de crise. Lorsque surviennent des événements calamiteux, ce sont les mêmes forces de l’ordre et de sécurité qui se chargent des premières actions pour porter secours, garantir la sécurité des personnes et des biens et permettre que le service public continue d’être assuré.
 
À l’instar d’autres partenaires gardiens de l’ordre républicain, le gendarme, assume ce travail. Il est à la fois « régulateur social » – celui à qui l’on demande de résoudre les conflits – et « défouloir social » – celui que l’on prend pour cible. Le gendarme – comme individu, fort de son statut et de sa formation militaires – et la gendarmerie – comme groupe structuré autour des principes de hiérarchie, de subsidiarité et de disponibilité – sont par nature particulièrement adaptés aux situations de crise, en première ligne pour répondre à la complexification et au durcissement réels des missions. Sa double culture « policière » et « militaire » façonne son aptitude à agir sur un large spectre paix-crise-guerre. Il est capable d’employer à leur juste mesure des matériels durcis, projetables sous faible délai parce qu’il les gère en régie, et de recourir à des modes d’action de haute intensité. Au cœur des opérations, la gendarmerie cherche en toute situation à apporter la plus grande résilience possible à l’État. Face aux défis, elle planifie, s’entraîne et se prépare. Lorsque survient la crise, elle se mobilise, encaisse et agit. Lors du retour au calme enfin, elle tire les enseignements, cherche à s’améliorer encore et enchaîne un nouveau cycle.
 
Le passage de l’ouragan Irma aux Antilles, les inondations dans l’Aude, l’attaque terroriste à Trèbes, la contestation radicale à Notre-Dame-des-Landes et Bure, ou le mouvement des Gilets jaunes illustrent ces capacités. Au plus fort des tensions, ses qualités – la disponibilité, la robustesse, l’organisation et les savoir-faire militaires – ont été un recours. Quand il faut envoyer 400 réservistes en quelques heures à Saint-Martin pour sécuriser la population, quand il faut intervenir sur une prise d’otage terroriste et « fixer » un terroriste en moins de vingt minutes, ou lorsqu’il faut mobiliser 65 000 militaires un week-end pour assurer la sécurité et l’ordre public dans le cadre de manifestations tendues, ce modèle permet d’assurer la montée en puissance indispensable pour répondre présent, tenir bon et apporter une réponse résiliente.
 
La capacité de résilience et de force morale repose sur une triple « robustesse » : celle des chefs, de chaque gendarme, du collectif. Le chef doit exercer son autorité de manière exemplaire, il doit être psychologiquement et professionnellement armé pour commander et décider dans les situations les plus complexes. Le gendarme, pris individuellement, quels que soient son statut et son grade, doit être conforté dans son « aguerrissement moral et professionnel ». Enfin, la force du groupe repose sur l’esprit de corps et l’altérité. La culture et le sens de l’engagement collectif au service des autres renforcent cette aptitude à faire face. Le triptyque « chef, individu, collectif » est à la pierre angulaire de la résilience permise par la gendarmerie nationale. Dans l’épreuve et l’incertitude, un gendarme est toujours là, au service de ses concitoyens et de l’État.
 

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