Après Facebook, Instagram se lance dans la guerre aux fake-news

Après Facebook et Twitter, c’est au tour d’Instagram de se lancer dans la chasse aux fake-news. Le réseau social a annoncé mettre en place un outil qui permettra aux utilisateurs de signaler une publication jugée comme de la « désinformation ».

Les contenus signalés seront analysés par des fact-checkers (des journalistes chargés de vérifier la véracité d’une information) et, s’il s’agit bien de fake-news, ils seront effacés de la page « explorer » et des recherches par hashtag. 

Le bouton est déjà accessible aux États-Unis depuis le 15 août et sera déployé dans le reste du monde d’ici la fin du mois.

Facebook veut montrer patte blanche

Cette innovation s’inscrit dans la démarche plus large de régulation des fausses informations de Facebook, qui détient Instagram. 

Le géant des réseaux sociaux avait été accusé de ne pas avoir agi contre les tentatives d’ingérence russes pendant la campagne présidentielle américaine de 2016. Mark Zuckerberg avait fini par reconnaître qu’il aurait dû prendre le problème plus au sérieux.

Depuis, Facebook tente de se racheter avec une politique de vérification des informations qui circulent. En mars 2017, un outil permettant de signaler un contenu comme « fake-news » avait été mis en place au sein du réseau social. 

 

Pendant les dernières élections présidentielles françaises, le réseau social avait collaboré avec huit médias français chargés de fact-checking, pour contrer les tentatives de désinformation de la Russie. Avant les élections européennes, Facebook avait même fait installer une cellule de vérification, surnommée « war-room », au sein de son siège européen en Irlande. 

Instagram, l’outil d’info des jeunes

À l’heure où les fake-news sur les vaccins, les attaques terroristes et la politique se propagent aux quatre coins du monde en quelques clics, Facebook se retrouve obligé de prendre ses responsabilités pour les réseaux qu’il a racheté : Instagram et WhatsApp. 

Si Instagram est connu du grand public pour ses photos de nourriture, de vacances et de chats, la « génération Z » (née dans les années 2000) en fait un tout autre usage et s’en sert pour s’informer. 

Avec une cible particulièrement jeune, donc influençable, c’est devenu le réseau de prédilection des créateurs de fausses informations et complotistes en tout genre.

Un outil de manipulation efficace

En mars 2019, une enquête du média américain The Atlantic , titrée « Instagram est le nouveau berceau de la haine », montrait à quel point l’application héberge des contenus problématiques. La journaliste s’était abonnée à quelques comptes, suivis par des milliers d’adolescents, et avait laissé faire les algorithmes.

En quelques jours, elle a vu passer des posts défendant des théories aussi absurdes que dangereuses : la Terre est plate, l’attentat en Nouvelle-Zélande n’était qu’une mise en scène, les vaccins rendent autiste et Hilary Clinton est pédophile, ou même décédée. 

Des centaines de comptes, souvent privés, diffusent ce type de fake-news, et sèment petit à petit la désinformation chez les plus jeunes, qui n’ont pas d’autre source pour forger leur esprit critique. 

Un chercheur de l’Université de Colombia s’est d’ailleurs inquiété de la puissance de l’application : « Instagram a le pouvoir de diffusion de Twitter, et l’infrastructure de Facebook pour l’appuyer. C’est le meilleur des deux mondes réunis en un seul réseau. »

La décision de Facebook de signaler les fake-news sur Instagram survient avant les élections présidentielles américaines de novembre 2020. Le signe que Marc Zuckerberg a appris de ses erreurs ?

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