Partager la publication "Maximum transforme les barrières des JO en mobilier design et écoresponsable"
À l’occasion des Jeux Olympiques de Paris l’été dernier, la préfecture de police s’est équipée d’un nombre considérable de barrières de sécurité. 44 000 de ces grilles ont été déployées dans la capitale pour la cérémonie d’ouverture. Quelques mois plus tard, une partie de cet équipement a été mise au rebut, bien souvent en raison de pieds abîmés. L’atelier de design français Maximum y a vu une opportunité inédite.
Une idée a germé dans la tête de ces designers et architectes. Une idée qui permet de prolonger la vie de ces structures tout en créant du mobilier d’intérieur et d’extérieur. Ce projet d’économie légère s’inscrit dans une démarche de réduction des déchets industriels et d’upcycling. Une pratique ancrée, depuis ses débuts, dans l’ADN de cette entreprise installée à Ivry-sur-Seine en banlieue parisienne. Elle y a installé son atelier de fabrication de 1 300 m2.
Depuis sa création en 2015, Maximum œuvre pour réinventer l’industrie du mobilier avec des matériaux rejetés par d’autres secteurs . Dans ce cas précis, les barrières métalliques sont pliées à l’aide d’une machine créée sur-mesure. Elles deviennent alors la structure de canapés ou de bancs.
“Quand vous envoyez une barrière au rebut alors qu’elle n’est que partiellement abîmée, c’est un vrai gâchis au regard de l’empreinte carbone qui a été nécessaire pour sa fabrication, explique Romée de la Bigne, cofondateur de Maximum. Il a fallu extraire le minerai, le transformer, le forger, le cintrer, le souder, le galvaniser, le transporter… Avec un minimum de transformation, juste en enlevant les pieds et en la cintrant, nous lui donnons une seconde vie.”
Pour concrétiser cette vision, Maximum a développé une machine spécifique, la “cintreuse à barrières de sécurité”. Elle est capable de transformer la structure des barrières tout en respectant les propriétés du métal. Ce choix est en ligne avec leur approche minimaliste : moins une pièce subit d’opérations, plus elle est écologique et moins elle est coûteuse. “On essaie de s’approcher du ready-made, de créer en touchant le moins possible la matière d’origine”, souligne Romée de la Bigne. Et de proposer des prix relativement compétitifs pour du mobilier design made in France.
Maximum a également mis au point sa “déchethèque”. C’est un répertoire interne qui liste l’ensemble des matériaux variés créés à partir de rebuts industriels (tissu automobile, mousses, lames de bois). “C’est un éventail de solutions à notre disposition pour nos futures créations. Nous piochons dedans pour imaginer ou compléter notre mobilier”, indique le cofondateur de Maximum.
Maximum fabrique du mobilier à partir de barrières de sécurité depuis plusieurs années mais la production se faisait jusqu’à présent au compte-goutte, faute de barrières disponibles. Grâce aux JO de Paris 2024, l’afflux soudain de ces grilles de sécurité détériorées va permettre de pérenniser et accroître la production.
“Cet accord avec la Préfecture de Police va permettre à notre atelier de produire entre 1 000 et 2 000 pièces annuelles. C’est bien plus que les 50 à 100 pièces que nous réussissions péniblement à fabriquer auparavant. Nous avons enfin un gisement stable pour répondre à la demande. C’est open bar pour les barrières !”, se réjouit Romée de la Bigne.
Au-delà de la conception de mobilier, Maximum aspire à transformer en profondeur l’industrie du recyclage. Sa stratégie : appliquer une logique de production industrielle aux déchets de masse. Maximum s’emploie à trouver des déchets standardisés. “Nous avons identifié plus de 500 références. Il y a des cordes d’escalade, la cire de Notre-Dame de Paris, du fil, des bobines, de la mousse, des planches d’impression, des gabarits de découpe, etc. Certains déchets viennent d‘Airbus, d’autres de Renault…”
En parallèle, Maximum a aussi développé Maximum Architecture, pour gérer des projets architecturaux d’envergure. La société, qui emploie une quinzaine de personnes au total, a ainsi transformé le verre arrondi de la chenille de Beaubourg en alcôves pour un projet de bureaux, joliment appelé “papillon”.
Elle a aussi créé un nouveau matériau, le Tissium. Il s’agit de panneaux de construction fabriqués à partir de textiles recyclés. “Nous récupérons des vêtements qui sont en trop mauvais état pour être réutilisés. Ils sont donc refoulés par les centres de tri. Nous les effilochons en fils de 5 cm de long et les mélangeons à un autre déchet, la peinture poudre. Au lieu d’être enfouie par les déchetteries, elle nous sert de liant. Le tout est ensuite pressé pour en faire des plaques. Celles-ci remplacent les mélaminés comme l’aggloméré ou le MDF.”
Pour les fondateurs de Maximum, l’objectif est clair : créer une économie circulaire viable à grande échelle. Pour cela, elle réinjecte les déchets dans des cycles de production durables. “À termes, ce que l’on souhaite, c’est ne plus avoir à exister. Que les déchets soient suffisamment estimés et valorisés pour qu’on élimine cette notion même de déchet”, conclut Romée de la Bigne. Comme la poudre de plastique (polyéthylène) qui, au lieu d’être jetée, sert de base aux assises Gravêne dont les coloris sont personnalisables.
Maximum – avec ses tables, fauteuils, bancs, bureaux… – met en lumière une alternative inspirante à la logique de recyclage traditionnel. Une démarche qui témoigne d’une vision où le déchet se transforme en ressource pour créer du mobilier à la fois fonctionnel, esthétique et porteur de sens.
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