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Ce matin, j’ai cours de vélo… à l’école !

L’école Gerty Archimède, dans le 12e arrondissement de Paris est l’une des premières à dispenser des cours de vélo, obligatoires dès 2022. Objectifs: développer la sécurité routière, l’activité physique et la protection de l’environnement. Reportage, en selle, avec une classe de CM2.

Le 09/12/2019 par Victor Branquart
Après des cours de vélo dans l'enceinte de l'école, une sortie de groupe est organisée dans la rue. Crédit : Victor Branquart
Après des cours de vélo dans l'enceinte de l'école, une sortie de groupe est organisée dans la rue. Crédit : Victor Branquart

C’est le grand jour pour 27 élèves de CM2 de l’école élémentaire Gerty Archimède, située dans le 12e arrondissement de Paris. Il est 9h00 ce jeudi 21 novembre lorsqu’ils enfourchent leur vélo, casque sur la tête, gilet fluo par dessus l’anorak. Direction le vélodrome Jacques Anquetil, aux abords du Bois de Vincennes pour un baptême cycliste sur la piste mythique.
 
Sur la route, serrés à droite, les enfants roulent deux par deux, escortés par une douzaine d’encadrants, enseignants, quelques parents d’élèves, élus locaux et éducateurs du club Paris Cycliste Olympique (PCO). Le trafic est dense à cette heure. À l’avant, trois policiers dans leur voiture – ils regrettent de n’avoir pu venir à vélo eux aussi – assurent la sécurité et bloquent la circulation le temps que le peloton franchisse les carrefours qui perlent le parcours. En danseuse sur son VTT orange fluo, Teodoro Bertuccio, président du PCO et fondateur de l’association Mon vélo est une vie, remonte et descend le cortège en rappelant quelques élémentaires du code de la route et des règles de sécurité : « Attention aux angles morts ! » ; « On laisse passer les piétons ! » ; « Pied à terre quand on s’arrête !« .

Les trois piliers de l’apprentissage

Cette sortie en situation réelle est l’aboutissement d’un cycle d’ateliers organisés au sein de l’établissement et dans le cadre du tout jeune dispositif gouvernemental « Savoir Rouler à Vélo », lancé le 17 avril 2019. L’objectif : permettre aux enfants de bénéficier des apprentissages nécessaires à une réelle autonomie à vélo pour l’entrée au collège. Trois blocs pédagogiques sont au programme : « d’abord, la mise en sécurité de l’enfant avec son matériel et sa maniabilité ; puis, la prévention routière, le code de la route, la circulation individuelle et en binôme » détaille Teodoro Bertuccio. Enfin, la mise en situation réelle, à l’issue de laquelle les élèves ont reçu leur diplôme de jeune cycliste.

Les séances des deux premiers blocs durent environ une heure et se déroulent en milieu clos, dans la cour de récréation. « On a appris comment rouler par des exercices et des circuits avec des panneaux de signalisation« , explique Océane qui pour la première fois expérimentait le vélo en ville.

Axel, lui, regrette que les ateliers s’arrêtent déjà et espère que les pistes cyclables se multiplient encore à Paris « parce qu’on est souvent obligés de rouler sur la route et c’est dangereux« . Cindy est plus confiante, certaine maintenant d’être capable de rouler en ville « et même à la campagne !« 

Un enjeu écologique et de santé publique

Pour l’heure, le « Savoir Rouler à Vélo » est déployé par les écoles sur la base du volontariat. L’école Gerty Archimède fait partie des premiers établissements à avoir mis en place le dispositif – une session initiale avait même été organisée au printemps dernier avec des élèves de CE1. Mais il doit devenir obligatoire à la rentrée scolaire 2022.

Et pour cause : dans un contexte de réduction de la part de la voiture en ville, l’apprentissage du vélo dès l’enfance apparaît comme un véritable enjeu pour développer les mobilités de demain mais aussi sensibiliser les futures générations aux questions environnementales (telle que la pollution de l’air causée par le trafic routier). Pour Teodoro Bertuccio il s’agit là « d’une mesure concrète, qui permettra de sauver des vies en éduquant les futurs usagers, cyclistes ou automobilistes, au respect des règles de sécurité et au partage de la route ».

À l’issue des cours, les élèves reçoivent un diplôme de jeune cycliste. Crédit : Victor Branquart

Autre enjeu, celui de la santé publique, que pointe Fadila Taieb, adjointe à la maire du 12e chargée de la jeunesse et des sports : « pratiquer une activité physique au quotidien, comme le vélo, est aussi une manière de prévenir certaines maladies, de lutter contre l’obésité et de favoriser le bien-être de manière générale. »

Prêt de vélos entre écoles

Si l’initiative séduit tant les collectivités territoriales que les établissements scolaires, se pose toutefois le problème de l’acquisition du matériel (vélos, casques, gilets, panneaux de signalisation, etc.). « C’est la mairie du 12e qui a acheté nos vélos, il y a quatre ans, dans le cadre du budget participatif et à la demande de nos élèves qui ont voté pour cela« , précise Isabelle Alexinitzer, la directrice de l’école. Pour limiter les coûts, la députée de la 8e circonscription de Paris, Laetitia Avia (LREM), présente à la remise des diplômes sur la piste du vélodrome, imagine « un mécanisme de rotation des équipements entre les établissements« .

« Savoir rouler à vélo, aussi élémentaire que savoir nager, courir, sauter, lancer… »

Laetitia Avia

Enfin, le déploiement du « Savoir Rouler à Vélo » à l’échelle nationale nécessite des moyens humains, à savoir des formateurs capables de délivrer les apprentissages et d’animer les ateliers. À Paris, la municipalité a signé un partenariat avec le Paris Cycliste Olympique afin que ses éducateurs diplômés réalisent les interventions dans les écoles.

« L’idée est aussi de former les professeurs de sport de la ville qui pourront à leur tour mener les ateliers« , ajoute Nicolas Bonnet Oulaldj, président du groupe Communiste-Front de Gauche au Conseil de Paris. Pour lui, savoir rouler à vélo doit aujourd’hui faire partie des piliers de la pratique du sport à l’école « tout comme savoir nager, courir, sauter, lancer… »

« C’est élémentaire, insiste-t-il. Savoir cela, se déplacer dans l’espace public, le partager et apprendre les bases de la civilité, fait partie du processus d’émancipation, d’accès à la liberté et à l’autonomie« .

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