« L’école n’est pas assez adaptée aux besoins de nos enfants : nous la faisons à la maison »

L’école à la maison fait de plus en plus d’adeptes en France. On y dénombrerait environ 30 000 enfants « non scolarisés ». C’est le choix qu’ont fait Ève Herrmann et son mari il y a trois ans après avoir brièvement scolarisé leurs filles de 5 et 7 ans.

Passionnée par les pédagogies alternatives comme celle de Maria Montessori, Ève tient depuis la naissance de son premier enfant un blog sur le sujet où elle partage son expérience de maman.

Une expérience qu’elle raconte dans un livre, Grandir librement, paru le 7 septembre aux éditions Solar.

We Demain : Pourquoi avoir fait le choix de l’école à la maison ?

Ève Herrmann : L’idée ne nous est pas venue tout de suite. Nous savions que nous voulions une pédagogie alternative comme Montessori, les filles ont d’ailleurs commencé leur scolarité là-bas. Nous avons ensuite déménagé à Lyon. Les écoles alternatives étaient très chères et nous n’avions pas de place. Nous trouvons que l’école classique n’est pas assez adaptée aux besoins de nos enfants, avec trop peu de liberté notamment. Étant tous les deux travailleurs indépendants, c’était finalement un choix évident de faire l’école à la maison.

J’ai arrêté mon travail de graphiste et je suis restée à la maison avec les filles. Nous avions un peu peur au début mais finalement ça se passe très bien. Peut être qu’un jour nos enfants voudront retourner à l’école, auquel cas nous les réinscrirons, mais pour le moment elles sont satisfaites avec ce système.

Quels sont les points positifs et les difficultés que vous avez rencontrés ?

Premièrement, on a pas de contraintes horaires. Cela provoque moins de stress et on peut organiser notre journée comme on le souhaite. Nous profitons plus de nos enfants et nous partageons d’autres choses. Les filles apprennent à leur rythme et sont plus impliquées. C’est une chance de pouvoir accompagner son enfant dans l’apprentissage et cela nous apporte beaucoup à nous aussi.

La principale difficulté est financière. Pour faire l’école à la maison il faut qu’un des deux parents arrête de travailler ou le fasse à mi-temps. Il faut accepter de vivre avec moins d’argent.

Comment organisez vous l’apprentissage ?

Nous avons un programme scolaire mais il n’y a pas d’obligations précises. Les activités sont orientées par les centres d’intérêts des enfants. Généralement, nous avons une thématique mensuelle qui permet de regrouper plusieurs matières scolaires. Ce mois-ci, nous étudions l’air !

Nous sortons souvent pour découvrir la nature, ce qui me semble très enrichissant. Je les accompagne dans l’apprentissage et les aide si nécessaire, mais c’est à leur rythme et elles sont autonomes. Une fois par an, l’inspection académique vient nous voir afin de valider le niveau des filles.

Pour rencontrer des amis, comment font vos filles?

Tout d’abord, elles pratiquent des activités « extra-scolaires ». Le réseau des enfants non-scolarisés est très important, il permet de faire des rencontres tant bien pour les enfants que pour les parents. Les filles ont pleins d’amis ! C’est une socialisation plus naturelle, plus choisie, moins subie. Elles ont aussi une relation différente avec les adultes, qui ne sont pas une figure d’autorité mais des êtres égaux.

Auriez vous des conseils pour des familles souhaitant faire l’école à la maison ?

Il faut évidemment être très motivé et, malgré les peurs, se donner le temps d’essayer. Pour ma part, j’ai lu beaucoup de livres sur les pédagogies alternatives, qui m’aident au quotidien. Je pioche ça et là. Lors de la déscolarisation, il faut se donner un temps pour comprendre, pour trouver ses envies, ses intérêts. Le plus important est de croire en ses enfants et leurs capacités. Et surtout leur curiosité !

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