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La Maif et le Crédit Mutuel s’engagent à reverser une partie de leurs profits à la planète

Après le fondateur de Patagonia qui a fait don de son entreprise à la planète, voilà que deux entreprises françaises font elles aussi un pas non négligeable en faveur du climat et de la biodiversité. L’assureur Maif et la banque Crédit Mutuel Alliance Fédérale (CMAF), qui réunit 14 des 18 fédérations de la banque, s’engagent financièrement. La première a décidé de reverser 10 % de ses bénéfices annuels à la planète. La seconde vient d’instaurer un dividende sociétal de 15 % de son résultat net chaque année.

En 2021, le dividende sociétal du Crédit Mutuel aurait représenté environ 500 millions d’euros, sur les 3,5 milliards d’euros de bénéfice net engrangés cette année-là. Pour la Maif, son dividende écologique aurait été de près de 10 millions d’euros pour 2022. Une somme que l’assureur souhaite donner à des projets de solidarité climatique et de protection de la biodiversité.

Investissements ciblés, mécénat et aides aux plus modestes

Concernant l’argent dégagé par le Crédit Mutuel Alliance Fédérale, le but est de diviser le dividende sociétal en trois grands groupes. Une moitié sera placée dans un fonds d’investissement sans objectif de rentabilité financière. Ce fonds soutiendra des entrepreneurs environnementaux, sociaux et des projets non rentables via des prises de participation notamment. En cas de gains, l’argent abondera le fonds pour développer de nouveaux projets.

Avec le reste de l’argent, le CMAF va multiplier par dix ses actions de mécénat. Le budget de cette activité va ainsi passer de 6 à 60 millions par an (environ 15 % du dividende sociétal). Enfin, la banque va allouer le reliquat (35 %) à des actions « de transformation des pratiques de la banque et de l’assurance« . Cela se traduira par exemple par des offres spécifiques pour les ménages les plus modestes.

Pas une optimisation fiscale

« Oui on gagne de l’argent, on est très efficace d’un point de vue opérationnel, mais on va mettre cette efficacité au service du bien commun, de l’utilité collective« , a assuré Nicolas Théry, le président du CMAF sur RTL. Lors d’une présentation presse, il a également insisté sur le fait qu’il ne s’agissait en aucun cas d’une « optimisation fiscale ». Seules les actions de mécénat donneront lieu à des crédits d’impôt.

Du côté de la Maif, Yves Pellicier, président du groupe, a insisté : « C’est une décision militante par essence. Le but est de combattre la crise environnementale et de protéger la nature. C’est une preuve supplémentaire de notre engagement à long terme, en accord avec notre raison d’être. » Pascal Demurger, directeur général, a ajouté : « En créant le dividende écologique, nous mettons notre puissance économique au service d’un monde vivable. Plus que jamais, nous plaçons la recherche d’impact positif pour nos sociétaires, pour la société et pour la planète au cœur de notre activité. »

Maif et Crédit Mutuel Alliance Fédérale vont-ils donner l’exemple ?

Selon les dires de Nicolas Théry, il suffirait que 200 autres grandes entreprises mettent en œuvre des mesures similaires pour assurer financièrement la transition écologique et énergétique de la France. En effet, on estime ces besoins entre 80 et 120 milliards d’euros.

Outre Patagonia aux États-Unis, des entreprises françaises ont déjà pris des décisions radicales. Décédé en 2013 sans héritier, le pharmacien Pierre Fabre a cédé l’ensemble de ses parts à la Fondation Pierre Fabre. Celle-ci détient 86 % du Groupe Pierre Fabre. Elle s’est fixée pour but d’améliorer l’accès aux soins et aux médicaments des populations des pays les moins avancés.

Toujours en France, le groupe cosmétique Léa Nature s’inscrit dans la même lignée que Patagonia. Comme Yvon Chouinard, son fondateur Charles Kloboukoff, 59 ans, souhaite léguer sa fortune à un fonds d’œuvres sociales. Depuis 1993, il a développé une activité florissante. Il est aujourd’hui à la tête de 40 marques de cosmétiques et autres produits naturels et bio. Et considéré comme 291e fortune de France selon le classement Challenges.

« Nous avons démontré qu’on peut mener un business en vendant des produits sains et éthiques, en faisant l’effort de préserver au maximum le climat et la biodiversité, explique Charles Kloboukoff. En contrepartie, nous limitons la publicité… et aussi les dividendes plafonnés à 25 % des profits. » Pour assurer la suite, il a légué progressivement les parts de sa holding à un fonds de dotation constitué en 2021. Ses quatre enfants conserveront, eux, 20 % de la société que détient leur père en direct.

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