Partager la publication "RSE et Impact : les jeunes talents imposent leur vision du progrès"
L’écosystème des start-ups est aujourd’hui l’un des moteurs les plus dynamiques de l’économie française. Selon une étude d’EY France Digital datant de Septembre 2024, ce secteur génère environ 3 % des emplois directs et 5 % des emplois indirects en France, avec plus de 16 000 nouveaux postes créés chaque mois.
Les employés des start-ups, âgés en moyenne de 30 ans, choisissent leur employeur pour la promesse de missions stimulantes, d’une courbe d’apprentissage rapide et de l’opportunité de vivre une aventure originale. Ces jeunes recrues sont des experts dans des métiers à haute valeur ajoutée et jouent un rôle clé dans la transformation digitale de notre économie.
Cet engouement cache cependant un mouvement de fond qui redéfinit l’écosystème entrepreneurial : la condition posée par ces jeunes talents de s’investir dans des projets uniquement s’ils respectent leurs exigences RSE qu’ils considèrent comme essentielless, tant pour leur épanouissement personnel que pour le bien de la société.
Ce phénomène dépasse largement la simple tendance. L’initiative Impact 40/120 de la French Tech en est la preuve : de plus en plus de start-ups françaises se revendiquent désormais comme des “start-ups à impact”. Certaines le revendiquent ouvertement, tandis que d’autres comme Doctolib, parfois de manière plus discrète, incarnent cette dynamique sans le clamer.
Leur objectif commun : accomplir leur mission tout en intégrant les trois piliers de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) : l’impact économique, l’impact social et l’impact environnemental. Il ne s’agit plus seulement de chercher croissance ou rentabilité rapide. Dans ce contexte, l’impact positif et durable devient un impératif, un moteur essentiel pour attirer consommateurs, investisseurs et, surtout, talents.
Derrière les chiffres impressionnants de croissance de ces entreprises se cache une problématique de taille, véritable casse-tête pour de nombreux entrepreneurs : la difficulté croissante à attirer les talents. Le candidat idéal, jeune diplômé d’aujourd’hui, souvent formé dans une école d’ingénieurs ou de commerce, et ayant acquis une première expérience dans un cabinet de conseil ou un grand groupe, se tourne massivement vers les start-ups à impact. Il privilégie des missions alignées avec ses valeurs, et une entreprise qui ne répond pas à ses attentes peut rapidement se retrouver sans candidatures de qualité.
Souvent caricaturée comme égocentrique ou déconnectée des enjeux locaux, cette génération révèle une toute autre réalité : elle aspire à s’investir dans des projets qui ont un véritable sens. Ces jeunes ne se contentent pas de travailler pour une entreprise, ils veulent contribuer à une mission plus grande qu’eux. Une mission à fort impact n’est plus un simple atout, mais une norme incontournable. Ce phénomène pousse les fondateurs, souvent plus âgés de dix ans qu’eux, à repenser le modèle et la vision de leur entreprise pour répondre à leurs attentes. Sans ces talents alliant compétences techniques, créativité et engagement, leurs start-ups ne peuvent tout simplement pas exister.
Les jeunes talents imposent ainsi une norme éthique et responsable dans l’écosystème entrepreneurial. Leur exigence de missions à impact devient un véritable moteur de changement. Ce changement dépasse largement les start-ups et atteint même les grands groupes, soucieux de ne pas prendre du retard dans la mises en place d’actions “Green”. Les start-ups ne se contentent pas d’innover technologiquement, elles impulsent un progrès sociétal profond et poussent ainsi l’ensemble de l’économie à se réinventer.
Les jeunes générations ne se contentent plus de rêver d’un monde meilleur : elles prennent désormais les rênes pour le façonner. Cette prise de pouvoir est une leçon pour tous. Le message qu’elles nous adressent est clair : la rentabilité financière ne pourra plus se réaliser en continuant à détruire la planète.
Emmanuel Papadacci-Stephanopoli est le Directeur du Village by CA Paris.