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Viagra rose : le début d’une nouvelle révolution sexuelle pour les femmes?

Avec ces comprimés aphrodisiaques, elles n’auront plus à envier les hommes et leur petite pilule bleue. Certains y voient une nouvelle révolution sexuelle aux implications aussi subversives que celles de la pilule dans les années 1960.

Le 01/12/2015 par WeDemain
Avec ces comprimés aphrodisiaques, elles n’auront plus à envier les hommes et leur petite pilule bleue. Certains y voient une nouvelle révolution sexuelle aux implications aussi subversives que celles de la pilule dans les années 1960.
Avec ces comprimés aphrodisiaques, elles n’auront plus à envier les hommes et leur petite pilule bleue. Certains y voient une nouvelle révolution sexuelle aux implications aussi subversives que celles de la pilule dans les années 1960.

« Lorsque les jeunes filles de cette génération auront terminé leurs études, nous verrons plus de comportements supposés réservés aux hommes, plus de femmes draguer ces derniers, faire l’amour et quitter leurs partenaires, nouer des relations sexuelles sans envisager de former un couple ; plus de filles devant leurs ordinateurs dans leur chambre se régalant de pornographie et se masturbant avant de faire leurs devoirs. Les hommes ont peur : si la boîte de Pandore s’ouvre, si nous perdons le contrôle, nous allons tous être cocus ! »

Aucun jugement moral derrière cette prédiction du chaos à venir ! Interviewé par Daniel Bergner, journaliste au New York Times et auteur de Que veulent les femmes ? (éd. Hugo Doc, avril 2014), Jim Pfaus n’est pas un prédicateur enflammé qui annonce l’apocalypse à des ouailles terrifiées, mais un expert en neurosciences du laboratoire de l’université Concordia à Montréal, au Québec, qui collabore avec les laboratoires américains chaque fois que ces derniers désirent tester sur des rats, des rates plus précisément, un nouvel aphrodisiaque à destination des femmes.

« Pas si certain que la société soit prête à accueillir la jouissance féminine »

Jim Pfaus en est persuadé, le grand soir de la révolution sexuelle est bien pour demain. Lorsque la gent féminine se réveillera enfin de son long sommeil de Belle au bois dormant grâce, entre autres, aux pilules du désir permettant à leur libido de retrouver « son animalité originelle ».

La première, l’Addyi, qui a reçu en août l’autorisation de la Food and Drug Administration (FDA), a été mise en vente fin octobre aux États-Unis. La deuxième, le Lybrido, devrait être disponible en 2016. Agissant sur le cerveau sexuel des femmes via ces neurotransmetteurs qui boostent le désir, l’Addyi, à base de flibansérine, joue un rôle de désinhibiteur ; le Lybrido, mélange de testostérone et de Viagra, agit sur l’excitation : «  Un cocktail explosif », prédit le sexologue Sylvain Mimoun, auteur de Côté cœur, côté sexe (éd. Albin Michel, janvier 2014).

Dix-sept ans après la mise sur le marché du Viagra, le petit comprimé bleu conçu pour les hommes qui ne peuvent pas, voici donc venue la pilule rose pour les dames qui ont envie d’avoir envie. Ou, comme le dit le gynécologue Andrew Goldstein, qui dirige le Center for Vulvovaginal Disorders à Washington, en évoquant le Lybrido, qui « ne veulent plus dire non à leur partenaire ».

Il faudra attendre un peu pour juger de l’efficacité des deux potions aphrodisiaques. Mais leur existence représente déjà pour certains une révolution systémique aux implications aussi subversives que celles de la pilule contraceptive dans les années 1960 : « Il n’est en effet pas si certain que la société soit prête à accueillir la jouissance féminine », se demande Adeline Fleury, auteur d’un Petit Éloge de la jouissance féminine (Éditions François Bourin, juin 2015).

On comprend son doute à la lecture de l’éditorial du Washington Post, qui à la sortie de l’enquête de Daniel Bergner titra : « La libido des femmes, une menace pour la société »… Une peur qui explique peut-être pourquoi il a fallu autant de temps pour qu’un Viagra au féminin soit mis sur le marché et que le produit choisi soit le plus « doux », voire celui qui obtient les résultats les plus mitigés, parmi tous ceux qui ont été testés… Retrouvez la suite de cet article dans We Demain n°12.

Armelle Oger

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