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À cause d’El Niño, 2023 sera-t-elle encore plus chaude que 2022 ?

Le Met Office, le service météorologique britannique, est formel : 2023 sera l’une des années les plus chaudes jamais enregistrées sur Terre. Et peut-être même encore plus chaude qu’en 2022. En cause : le phénomène El Niño. Selon ses prévisions annuelles, la température moyenne mondiale pour cette année devrait “se situer entre 1,08 °C et 1,32 °C (avec une estimation centrale de 1,20 °C) au-dessus de la moyenne de la période préindustrielle (1850-1900)”. Si cela se confirme, ce sera la dixième année consécutive que les températures sont au moins 1°C au-dessus des niveaux préindustriels.

“La température mondiale au cours des trois dernières années a été influencée par l’effet d’un épisode prolongé de La Niña – où des températures de surface de la mer plus froides que la moyenne se produisent dans le Pacifique tropical, explique le Dr Nick Dunstone du Met Office. La Niña a un effet de refroidissement temporaire sur la température moyenne mondiale.” Pour 2023, “notre modèle climatique indique la fin de trois années consécutives de présence de La Niña. Et donc un retour à des conditions relativement plus chaudes dans certaines parties du Pacifique tropical. Ce changement conduira probablement à ce que la température mondiale en 2023 soit plus chaude qu’en 2022.”

Le retour d’El Niño après plusieurs années d’accalmie

En 1998, le phénomène El Niño était extrêmement visible à l’ouest de l’Amérique du Sud, au large du Pérou. Crédit : NASA.

À l’origine, il s’agit d’un courant côtier saisonnier chaud situé au large du Pérou et de l’Équateur. Les eaux océaniques le long de l’Amérique du Sud et de la Californie se réchauffent et grimpent au-dessus des températures normales. Cette augmentation est la conséquence de vents plus faibles que la normale dans cette région et les eaux chaudes s’accumulent au même endroit. Conséquence : des nuages de pluie se forment au-dessus de cette partie chaude de l’océan. Ils se déplacent ensuite vers l’intérieur des terres, déversant plus de pluie que d’habitude en Amérique du Sud et centrale et aux États-Unis. En parallèle, dans d’autres parties du monde, des phénomènes de sécheresse surviennent.

Ce phénomène est baptisé El Niño par les pêcheurs en référence à l’enfant Jésus car il survient juste après Noël. Il survient sporadiquement et se manifeste de manière plus ou moins forte. C’est dans les années 90 qu’il a été mis en exergue, même si le phénomène avait déjà eu lieu auparavant. Au total, au moins une trentaine d’événements El Niño se sont manifestés depuis 1900. En 1997-1998 notamment, un épisode marqué a été souligné. Puis, de nouveau, en 2002 ainsi qu’entre 2014 et 2016.

Le “super El Niño” de 2015-2016 fait partie des événements records. D’ailleurs, l’année 2016, avec +1,23 °C par rapport aux niveaux préindustriels, reste à date la plus chaude jamais enregistrée. Crédit : NOAA.

Après 3 ans de “La Niña”, El Niño devrait réapparaître à compter de mai 2023

À l’opposé d’El Niño, son inverse, La Niña, est un phénomène où certaines zones du Pacifique sont plus froides que la moyenne. Cela accélère alors les vents de surface d’Est en Ouest, du Pérou jusqu’en Indonésie cette fois. En 2020, 2021 et 2022, La Niña s’est manifestée, permettant notamment de limiter la hausse des températures l’an dernier. Même une partie de l’année 2022 a été particulièrement chaude. En général, La Niña et El Niño se produisent en alternance, parfois avec une phase neutre entre les deux. On peut donc s’attendre au retour d’El Niño cette année, sans doute à partir de mai, indique l’Institut météorologique britannique.

“Jusqu’à présent, 2016 a été l’année la plus chaude depuis le début des observations météorologiques en 1850. […] Sans un El Niño, 2023 ne sera peut-être pas une année record. Mais, avec l’augmentation de fond des émissions mondiales de gaz à effet de serre qui se poursuit à un rythme soutenu, il est probable que l’année prochaine sera une autre année notable dans la série”, note le professeur Adam Scaife, responsable des prévisions à long terme au Met Office.

On peut voir dans l’animation ci-dessous la multiplication des anomalies de température sur les 100 dernières années. Et constater que le phénomène s’accentue :

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