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Les jardins thérapeutiques fleurissent dans les hopitaux

Le 18/12/2018 par Alice Pouyat

C’est un espace à l’abri, entouré d’arbres, composé de bacs verdoyants, de différentes hauteurs. Il est aménagé de façon à ce que les fauteuils roulants circulent sans entrave. Cet été, le domaine de Chaumont-sur-Loire (Loir-et-Cher) — célèbre pour son Festival international des jardins — a inauguré son « Jardin de soin et de santé ». Il reçoit les patients d’établissements de soin de la région. Ce petit eden propose aussi, depuis 2012, des formations en rapport avec le jardinage à destination des infirmiers, aides-soignants, éducateurs spécialisés, ergothérapeutes, psychologues… 400 professionnels de santé y ont été formés ! Une affluence qui souligne le bourgeonnement actuel des jardins dit « thérapeutiques » partout en France.

Difficile de les dénombrer. Mais ces lieux où le jardinage est utilisé en complément aux médicaments se sont ouverts par dizaines dans des hôpitaux ou des maisons de retraite.

Des jardins qui favorisent le sommeil et la mémoire

Cet essor des jardins thérapeutiques, récent chez nous, date du XIXe siècle Outre-atlantique. L’ « orthithérapie » (le soin par le jardinage) est particulièrement développée aux Etats-Unis — où le secteur est représenté par l’American Horticultural Therapy Association (AHTA) — et au Canada (Canadian Horticultural Therapy Association’s CHTA).
 
On sait, depuis longtemps que les jardins font du bien. On affirme aujourd’hui de plus en plus, qu’ils peuvent être un véritable complément à des traitements médicaux.
 
Des recherches menées dans le jardin « Art, mémoire et vie » du CHRU de Nancy, dédié aux patients atteints de la maladie d’Alzheimer, à leurs proches et aux patients en soins palliatifs, ont notamment montré un impact positif sur l’appétit et le sommeil : si on augmente la fréquence et la longueur des promenades au jardin, il y a moins de levers nocturnes. Elles ont aussi montré que le fait de contempler les œuvres disposées dans le jardin sollicite la mémoire épisodique, celle des souvenirs personnels, mais aussi la mémoire sémantique, celle des connaissances.

Le contact avec la nature, « nécessité oubliée »

Dans des maisons de retraite à Pollionnay (près de Lyon), on vient réveiller la mémoire sensorielle de personnes atteintes de troubles cognitifs avec des herbes aromatiques, des fleurs odorantes et colorées, une fontaine et un carillon. Les pensionnaires y font aussi de l’exercice physique, en binant la terre et en arrosant de jeunes pousses.

A l’hôpital Pitié-Salpêtrière (Paris), depuis 20 ans, des enfants autistes viennent remuer la terre d’un potager. En soignant la menthe et les framboises, ils apaisent leur colère, musclent leur concentration, intègrent de nouveaux gestes…

Aussi, l’association Jardins & Santé, qui organise des symposiums réunissant les acteurs du secteur depuis 2008, soutient le développement de ces jardins, en particulier dans les espaces qui accueillent des personnes atteintes de maladies cérébrales : autisme, maladie d’Alzheimer, épilepsies, dépression profonde, etc. « Les remettre dans un environnement où la nature est présente, peut-on lire dans les statuts de l’association, où le jardinage permet de prendre ou reprendre goût à la vie, est une nécessité que l’on avait oubliée. »
 

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