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S’adapter ou disparaître : les entreprises face au défi climatique

Le constat est sans appel : quels que soient nos efforts pour limiter le réchauffement climatique, ses impacts sont déjà en marche et vont profondément affecter l’humanité, la société et les entreprises. S’adapter n’est plus une option, c’est une nécessité vitale. C’est le message clé du rapport “We’re Doomed, Now What ?”, publié par le cabinet de conseil Arthur D. Little et que l’on pourrait traduire par “Nous sommes condamnés, on fait quoi ?”.

Issu d’un long travail de réflexion des équipes du think tank interne, Blue Shift, ce document se concentre principalement sur l’adaptation plutôt que sur la résilience et l’atténuation, même si les trois sont souvent intimement liés. Ce rapport est un plaidoyer contre l’attentisme. “Les entreprises doivent dès aujourd’hui intégrer l’adaptation climatique dans leur stratégie. Les conséquences du réchauffement climatique arrivent inévitablement”, explique Amaury Klossa, associé d’Arthur D. Little.

Quatre challenges majeurs pour faire face à l’inévitable

Mais par où commencer face à un défi aussi complexe ? “Nous avons identifié quatre enjeux principaux : sécuriser les approvisionnements (énergies, eaux, matières critiques…), adapter les processus de production (sécurisation), protéger les sites industriels (outils, stockage des données, usines…) et repenser l’offre commerciale (des produits et services adaptés avec de nouveaux canaux de distribution éventuellement.”

Pour y répondre, pas de solution miracle mais une multitude de technologies à combiner. “Le but n’est pas de faire du technosolutionnisme à tout craint mais c’est le postulat de départ de notre rapport. Systèmes d’alerte précoce, drones, robots, recyclage de l’eau… L’innovation réside moins dans des percées technologiques que dans l’application astucieuse de technologies existantes à des problèmes locaux spécifiques. Attention cependant aux fausses bonnes idées. La “maladaptation”, ces initiatives qui augmentent in fine les risques climatiques, guette les entreprises pressées.

Cinq scénarios, pessimistes ou optimistes, permettent d’envisager des solutions

L’adaptation exige une réflexion nuancée sur l’impact de l’écosystème d’une entreprise sur ses opérations, et vice versa. “Notre rapport esquisse cinq scénarios possibles, du plus pessimiste au plus optimiste. De quoi aider les décideurs à se projeter et identifier les technologies les plus pertinentes selon l’évolution du contexte réglementaire, des comportements des consommateurs ou encore de la pression concurrentielle.”

Mais la technologie seule ne suffira pas. L’adaptation climatique appelle une collaboration inédite entre gouvernements, communautés locales, entreprises et citoyens. Un défi de taille qui impliquera des arbitrages douloureux. “On ne prétend pas sonner l’alarme, d’autres comme le GIEC l’ont déjà fait, mais la pérennité des entreprises en dépend. Le problème est qu’aujourd’hui les investissements restent bien souvent très limités“, explique Amaury Klossa.

Et d’ajouter : La régulation – qu’elle soit nationale, européenne ou internationale – est, pour l’heure, encore peu utilisée pour inciter les entreprises à s’adapter. Il serait utile que de plus en plus de pays adoptent des plans nationaux d’adaptation. Pour l’heure, seuls les États les plus exposés ont mis cela en place.”

Cinq catégories de solutions technologiques pour répondre aux différentes problématiques

Face à l’ampleur des investissements à réaliser et des transformations à réaliser, les dirigeants d’entreprise peuvent se sentir accablés. Le rapport identifie cinq grandes catégories de solutions technologiques incontournables, cinq solutions “no regrets” pour s’adapter au changement climatique.

  • Les systèmes d’alerte précoce, essentiels pour anticiper et se préparer aux événements climatiques extrêmes. Ils permettent de capter l’info et de la prédire.
  • Les systèmes de confort thermique permettent quant à eux d’adapter les bâtiments et les espaces de travail aux nouvelles conditions climatiques.
  • Pour optimiser l’implantation des sites industriels, les systèmes d’information géographique (SIG) s’avèrent précieux. La géolocalisation des actifs et des équipements de manière très granulaire permettent aussi de mieux assurer leur sécurité.
  • Les solutions de mise en place mécanique. Par exemple, les drones aériens pour l’imagerie et les robots pour la maintenance et l’automatisation de la production offrent de nouvelles possibilités d’adaptation des processus industriels.
  • Les équipements permettant d’optimiser l’usage de ressources rares. Par exemple, face à la raréfaction de l’eau, les systèmes d’efficacité hydrique et de recyclage de l’eau deviennent cruciaux.

Moins de 10 % des investissements dirigés vers les technologies d’adaptation

Le rapport met en lumière le fait que l’adaptation au changement climatique reste le parent pauvre des investissements verts, eux-mêmes encore bien trop faibles. Un chiffre alarmant illustre ce déséquilibre : moins de 10 % des financements climatiques sont dirigés vers les technologies d’adaptation. Une goutte d’eau face à l’océan des besoins ! Il faudrait multiplier ces investissement par deux ou trois au moins.

“Pourtant, l’urgence est là. Inondations, canicules, sécheresses, feux de forêt… Les entreprises sont en première ligne face aux impacts du dérèglement. Notre rapport vise à prendre conscience que l’adaptation au changement climatique n’est plus un sujet annexe. D’ici 2040, elle sera au cœur même de la stratégie d’entreprise. Et les leaders qui sauront anticiper cette mutation auront une longueur d’avance.” Quid des autres ? Ils risquent tout simplement de disparaître…

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