Moins de consommation, plus de contemplation : adopter un mode de vie plus lent réduit l’empreinte carbone et nourrit l’attention au vivant. Crédit : Tomfry / stock.adobe.com
Partager la publication "Ce que la Terre attend de nous : 7 gestes qui comptent vraiment"
Le 22 avril, on célèbre la Terre. L’occasion rêvée pour déployer un festival de bonnes intentions, de tutoriels DIY et de challenges en tous genres. Mais à force de se concentrer sur ce qui nous semble à portée de main — couper l’eau en se lavant les dents, bannir la paille en plastique — on finit par perdre de vue l’essentiel. Ce ne sont pas toujours les petits gestes qui sauvent la planète. Ce sont les bons.
Alors quelles actions, à notre portée, ont vraiment de l’impact ? Celles qui permettent de revoir nos priorités : notre manière de consommer, de nous déplacer, de nous nourrir, de nous relier aux autres. Bref, celles qui amorcent des changements systémiques. Celles aussi qui feront en sorte que le Jour du dépassement de la Terre pour la France recule. Cette année, par exemple, il a été fixé au 19 avril 2025. En cette Journée de la Terre, voici sept gestes à fort pouvoir de transformation. Pour vous. Pour nous. Pour la Terre.
Ce n’est pas un scoop : l’agriculture est l’un des secteurs les plus émetteurs de gaz à effet de serre. Mais ce qu’on sait moins, c’est que les produits ultra-transformés représentent plus de 51 % des émissions de gaz à effet de serre liées à l’alimentation en France, selon une étude publiée en 2022 par le Commissariat général au développement durable. Ces aliments sont issus de chaînes industrielles longues, énergivores, souvent composés d’ingrédients venus de loin… et sans grand intérêt nutritionnel.
À l’inverse, adopter une alimentation plus végétale, plus locale et moins transformée permettrait de réduire de 50 % notre empreinte carbone alimentaire, selon l’ADEME. Cela ne veut pas dire manger bio et cher. Cela signifie privilégier les produits bruts, de saison, cultivés à proximité. Et, dans la mesure du possible, réduire la part de viande industrielle au profit de protéines végétales ou locales. Ainsi, la consommation de produits non transformés (fruits, légumes, viandes, poissons, céréales brutes) est à l’origine de 26 % des émissions. Impossible de vous passer de viande ? Dans ce cas, évitez autant que faire se peut le bœuf (60 kilos eqCO2 par kilo produit). Optez plutôt pour du poisson (5 kilos eqCO2), de la volaille (6) ou du porc (7).
Un vêtement produit neuf émet en moyenne entre 6 kilos de CO₂ pour un T-shirt et une centaine de kilos pour un manteau, selon l’Agence européenne de l’environnement. On estime aussi que la production textile est responsable d’environ 20 % de la pollution mondiale d’eau potable (teintures, produits chimiques de finition…). Un smartphone, lui, mobilise jusqu’à 70 matériaux différents et jusqu’à 200 kilos de matières premières pour 200 g d’appareil. Autant dire que le simple fait de prolonger la durée de vie d’un objet de 6 mois réduit son empreinte carbone de 20 % à 30 %.
Acheter d’occasion, échanger, réparer, louer… ces gestes ne relèvent pas de la nostalgie mais de l’innovation. La preuve : les ressourceries, les plateformes comme LeBonCoin, Back Market, ou Vinted, et les Repair Cafés connaissent une croissance constante. Et ils sont bien plus qu’un marché : un état d’esprit.
Les transports représentent 30 % des émissions de gaz à effet de serre en France (Insee, 2019). Et la voiture individuelle pèse lourd : près de 60 % des trajets domicile-travail se font encore en solo dans un véhicule thermique, selon l’Insee. La Terre mérite mieux que ça.
Or, les alternatives se développent. Quelque 671 000 vélos électriques ont été vendus en France en 2023, selon L’Union Sport & Cycle. Le covoiturage quotidien progresse, les transports en commun deviennent plus accessibles, et le télétravail peut — s’il est bien pensé — alléger les déplacements inutiles. Une étude de l’Université d’Oxford montre qu’une personne qui choisit le vélo plutôt que la voiture pour un seul trajet par jour réduit son empreinte carbone de 0,5 tonne par an.
On l’oublie souvent, mais le numérique pèse lourd dans la balance écologique : 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, et ce chiffre pourrait doubler d’ici 2025, selon The Shift Project. La vidéo en ligne représente plus de 80 % du trafic web ; les mails non lus, les fichiers stockés inutilement, les pièces jointes automatiques s’accumulent sur des serveurs très gourmands en énergie.
Sans tomber dans la frugalité numérique intégrale, quelques gestes simples peuvent faire la différence : trier régulièrement ses mails, limiter les pièces jointes, utiliser des moteurs de recherche éco-conçus (comme Ecosia), ou encore désactiver les vidéos en lecture automatique. Parce que parfois, le plus utile est ce qu’on ne fait pas.
On pense souvent la transition comme une affaire individuelle. Mais les dynamiques collectives sont de puissants accélérateurs de changement. Rejoindre une AMAP, participer à la vie d’un tiers-lieu, donner un coup de main à une association locale ou lancer un jardin partagé, c’est s’outiller pour faire mieux. Et à plusieurs, on va plus loin.
Une étude du MIT publiée en 2020 montre que les comportements “verts” sont hautement contagieux : un·e citoyen·ne engagé·e incite jusqu’à trois autres personnes à s’engager à leur tour. Et les collectivités qui favorisent ces réseaux locaux de coopération accélèrent leur transition de façon mesurable. Bref, l’action individuelle prend tout son sens… quand elle devient collective.
Planter un arbre, c’est bien. En planter plusieurs dans sa rue, sa cour, son école ou son immeuble, c’est encore mieux. La végétalisation des espaces urbains permet de réduire les îlots de chaleur, de capter le CO₂, de favoriser la biodiversité et de mieux gérer les eaux pluviales.
Selon l’Observatoire des villes vertes, chaque mètre carré de végétation en ville peut absorber jusqu’à 1,3 kilo de CO₂ par an. Des dispositifs comme les permis de végétaliser ou les micro-forêts urbaines (méthode Miyawaki) se multiplient. Et les balcons ne sont pas en reste : des dizaines d’espèces peuvent y pousser, et attirer pollinisateurs et oiseaux. Un geste à la fois poétique et politique, où la Terre est gagnante.
Et si le plus grand luxe écologique, c’était le temps ? Dans une société en flux tendu, tout nous pousse à consommer, produire, avancer vite. Mais le temps long est l’allié de l’écologie. Il permet de mieux choisir, de réparer, de lire les étiquettes, de comprendre les impacts. Ralentir, c’est aussi mieux sentir — les saisons, les besoins réels, les liens qui nous unissent au vivant.
Adopter un mode de vie plus lent — moins de déplacements inutiles, plus de temps pour cuisiner, réparer, observer — permet de réduire significativement notre empreinte environnementale, comme le soulignent les recommandations du WWF sur les changements de modes de vie.
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