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Dounia Wone : « Vestiaire Collective a décidé de bannir 27 marques d’ultra fast-fashion »

Depuis mardi 22 novembre, la plateforme de seconde main Vestiaire Collective a pris une décision drastique : refuser et supprimer l’achat et la vente de vêtements issus de la fast-fashion pour ne pas encourager ce type de consommation et inciter à se tourner vers des vêtements d’occasion davantage écoresponsables.

Pour ne pas participer au gaspillage produit par l’industrie de la mode, elle a donc décidé de lancer un programme sur 3 ans qui renforce encore un peu plus son message « acheter moins mais acheter mieux ». Vestiaire Collective a donc établi une première liste, des marques de l’ultra fast-fashion, qui sera amenée à être enrichie au fil du temps selon des critères bien précis. Dounia Wone, Chief Sustainability & Inclusion Officer chez Vestiaire Collective, nous explique la démarche.

WE DEMAIN : Quelles sont les marques désormais bannies de votre catalogue ?

Dounia Wone : Nous avons voulu dire non à la fast-fashion car ces quinze dernières années, la production globale de vêtements a doublé dans le monde. Des vêtements que nous portons peu, et qui sont parfois inutilisables après dix utilisations car de très mauvaise qualité. De plus, trois pièces de fast-fashion sur cinq atterrissent dans des décharges, comme au Ghana par exemple. Cela ne peut plus durer. Donc Vestiaire Collective a décidé de dire non à cela en excluant 27 marques d’ultra fast-fashion de notre catalogue [comme SHEIN, Primark, Asos, Missguided, etc., la liste complète est disponible en bas de l’article, NDLR]. Cela représentait 5 % de notre catalogue [Vestiaire collective propose quelque 3 millions d’articles et plus de 12 000 marques, ndlr].

Notre objectif est d’enrichir cette liste au fil du temps mais nous devons d’abord travailler avec une agence externe pour établir des critères normalisés afin de définir objectivement les marques qui ne seraient pas alignées avec nos valeurs. Des marques qui créent de graves problèmes environnementaux et sociaux avec leurs pratiques de « mode jetable ». Nous voulons dire non à un système et proposer des alternatives.

Quelles sont ces alternatives ?

Nous croyons en la seconde main de qualité. Pour nous acheter une pièce sur notre plateforme doit davantage être vu comme un investissement que comme une dépense. Notre credo est d’acheter moins mais d’acheter mieux. Acheter sans arrêt des vêtements de seconde main à 2 euros qu’il faudra remplacer quelques mois plus tard, ça ne nous intéresse pas. Et si on met bout à bout ces dépenses, cela fait une somme. Nous disons : « autant acheter un vêtement de qualité », dans des matières qui durent, des matières nobles. Il faut arrêter d’acheter pour acheter. Une étude a ainsi démontré que, pour le Black Friday, près de la moitié des personnes regrettaient le lendemain au moins un de leurs achats.

Nous voulons qu’il y ait un effet de substitution. Qu’acheter la seconde main de marques de qualité devienne un réflexe. C’est pourquoi nous allons mettre en place un « displacement rate » sur Vestiaire Collective pour voir si le message qu’on veut faire passer à nos 23 millions de membres dans le monde est adopté et si les comportements d’achat évoluent.

Outre cette liste noire de marques de la fast-fashion, que prévoyez-vous dans votre plan sur 3 ans ?

Nous mettons aussi en place une collaboration avec The Or Foundation car, chaque semaine, plus de 15 millions de pièces arrivent au marché de Kantamanto, à Accra au Ghana. 40 % d’entre elles ne seront jamais recyclées et deviendront des déchets; L’objectif est de trouver des solutions pour lutter contre toutes ces décharges qui sont un véritable désastre environnemental.

Nous soutenons aussi la création d’une économie circulaire pour réduire ces déchets. Cela passe de la communication auprès de notre communauté pour les inciter à porter davantage les vêtements, les recycler, les upcycler… Que ce soit en leur donnant de bonnes adresses près de chez eux pour réparer des pièces abîmées ou suggérer des petites marques locales en priorité.

Nous militons aussi pour la création d’un passeport digital du vêtement, en collaboration avec le World Economic Forum et le groupe de travail Sustainable Markets Initiative soutenu par le roi Charles. Le but est d’associer à chaque vêtement un passeport numérique où on pourrait en savoir plus sur les matériaux, la durabilité, les conditions de fabrication, etc. Ce serait aussi un plus si on veut revendre un vêtement en seconde main.

Vestiaire Collective n’accepte plus les marques suivantes sur sa plateforme :
Asos
ATMOSPHÈRE
Boohoo
Burton
Cider
Coast
Debenhams
Dorothy Perkins
Fashion Nova
Forever 21
Karen Millen
Kate Moss For Topshop
Miss Selfridge
Missguided
Misspap
NA-KD
Nasty Gal
New Look
Oasis
PrettyLittleThing
Primark
SHEIN
Tezenis
Topman
Topshop
Wallis
Warehouse
Mary Katrantzou For Topshop
Christopher Kane For Topshop
Topshop Unique
Topshop Boutique
Topshop x J.W. Anderson
Marques Almeida Topshop
Fear of God Essentials
FOG Essentials
Essentials

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