Écologie : les Marseillais moins engagés que les Bordelais ou les Rennais

Comment les Français vivent-ils les nouveaux enjeux environnementaux ? Sont-ils optimistes ou pessimistes ? Et quels sont leurs comportements face à ces enjeux ?

C’est pour répondre à ces questions qu’a été fondé l’Observatoire des vécus du collapse, à l’initiative de Pierre-Eric Sutter, psychologue, d’un économiste et d’un statisticien. Pendant trois mois, les chercheurs ont interrogé un échantillon représentatif de 1000 Français, en face à face. Avec des résultats parfois étonnants.

D’après cette étude, un Français sur cinq aurait entendu parler de la « collapsologie  » (la théorie de l’effondrement de la société thermo-industrielle), qui semble donc entrer dans le vocabulaire commun. « On constate une vraie conscientisation des enjeux écologiques, qui est notamment dûe à leur médiatisation croissante, + 650 % d’articles cette année »,  analyse Pierre-Eric Sutter.  À ce mot de collapsologie, les Français associent surtout des termes négatifs, la mort, la catastrophe, l’extinction, et très peu l’espoir de changement. « L’angoisse de la finitude est bien plus répandue que ce que je pensais », s’étonne encore le psychologue.

Pessimistes, optimistes, passifs, actifs…

Plus précisément, quatre profils ont été définis par les chercheurs.

– 29, 5 % des interrogés sont qualifiés « d’optimistes actifs » : ils pensent que la fin de notre modèle, la fin de CE monde, n’est pas la fin DU monde, qu’il est possible de dépasser l’effondrement par l’action individuelle autant que collective.

– 24,1 % sont des « optimistes passifs » : ils croient que l’action collective et la science apporteront spontanément des solutions aux problèmes, mais n’agissent pas de leur côté.

-20, 2 % sont des « pessimistes-actifs » : ils croient en l’action individuelle mais peu en l’action collective. Des « survivalistes » en quelque sorte.

– 26, 2 % sont des « pessimistes-passifs », ne croyant ni en l’action individuelle ni en l’action collective.

L’étude révèle aussi des disparités surprenantes entre Français selon leur sexe, région et niveau d’étude.

Les femmes plus concernées que les hommes

La moitié ouest de la France compte ainsi deux fois plus d’optimistes-actifs que la moitié est : ils sont 43,3 % à Rennes et 35,4 % à Bordeaux contre 18,6 % à Strasbourg et 14,6 % à Marseille – ville la moins éco-engagée.

Les femmes sont aussi plus optimistes et plus actives (34,2 %) que les hommes (23,5 %).

Les CSP + et les haut-diplômés se sentent également plus concernés : les niveaux Master sont 34 % à être optimistes-actifs, chiffre qui chute à 19,6 % pour les niveaux CAP/BEP.

« Et contrairement aux idées reçues, les jeunes ne sont pas plus éco-engagés que leurs aînés », note le psychologue.

Des tendances qui mériteraient toutefois d’être consolidées auprès d’un échantillon plus large, reconnait-il.

37,5 % réduisent leur consommation de viande

Enfin, les chercheurs ont été « surpris » par la diversité des éco-gestes expérimentés par les Français. « On sent qu’ils se cherchent », observe Pierre Eric Sutter.

– 76,3 % affirment faire du tri sélectif.
– 66,5 % privilégient les transports en commun, la marche et le vélo à la voiture
– 59,3 % veillent à acheter des produits locaux et de saison
– 54 % baissent le thermostat du chauffage
– 6,5 % mangent vegan et 35,7% réduisent leur consommation de viande et de produits laitiers
– 24,7 % affirment enfin que leur choix d’un nouvel employeur pourrait dépendre de l’attitude de celui-ci par rapport à l’environnement

Enfin, notons que les personnes « actives » se sentent globalement plus confiantes en elles. Passer à l’acte est en effet l’une principales recommandations des psychologues pour lutter contre l’écoanxiété. « Les gens qui regardent les problèmes en face, et qui prennent les choses en main avec espérance, dépassent la peur de la mort. Ce sont ceux qui se portent le mieux », conclut le psychologue. 

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