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En 1872, George Sand anticipe l’effondrement écologique

Retrouvez l’histoire des « peintres zadistes » de Fontainebleau, devenu premier parc naturel au monde, dans le n°32 de la revue WE DEMAIN, disponible en kiosque ou sur notre boutique en ligne

C’est un texte dédié à la protection de la forêt de Fontainebleau, dont l’intégralité est à retrouver dans l’ouvrage Impressions et souvenirs, de George Sand, paru en 1872. L’écrivaine y préfigure la situation écologique actuelle et écrit déjà ce que pourrait être l’effondrement : « l’arbre disparaîtra et la fin de la planète viendra par desséchement sans cataclysme nécessaire, par la faute de l’homme ». Extraits :

Portrait de George Sand vers 1838, par Auguste Charpentier.

« Je ne suis pas bien au courant de ce qui s’est passé à l’égard de la forêt de Fontainebleau, mais peu importe. Il ne s’agit pas pour moi de critiquer ce que j’ignore, il s’agit d’approuver tout effort tenté pour la conservation de ce monument naturel, très logiquement classé […] Les grands végétaux sont donc des foyers de vie qui répandent au loin leurs bienfaits, et s’il est dangereux ou nuisible de vivre éternellement sous leur ombre directe, il est bien prouvé que supprimer leur émanation, c’est changer de manière funeste les conditions atmosphériques de la vie humaine (…) Les besoins deviennent de plus en plus pressants, l’arbre, à peine dans son âge adulte, est abattu sans respect et sans regret (…) il faut inventer des charpentes de fer, on ne pourra plus bientôt trouver ni poutres, ni chevrons. La houille est chère aussi, la nature s’épuise et l’industrie scientifique ne trouve pas le remède assez vite. Irons-nous chercher tous nos bois de travail en Amérique ? Mais la forêt vierge va vite aussi et s’épuisera à son tour. Si on n’y prend garde, l’arbre disparaîtra et la fin de la planète viendra par desséchement sans cataclysme nécessaire, par la faute de l’homme. N’en riez pas, ceux qui ont étudié la question n’y songent pas sans épouvante. On replantera, on repliante beaucoup je le sais, mais on s’y est pris si tard que le mal est peut-être irréparable. […] En attendant que l’humanité s’éclaire et se ravise, gardons nos forêts, respectons nos grands arbres, et, s’il faut que ce soit au nom de l’art, si cette considération est encore de quelque poids par le temps de ruralité réaliste qui court, écoutons et secondons nos vaillants artistes ; mais nous tous, protestons aussi, au nom de notre propre droit et forts de notre propre valeur, contre des mesures d’abrutissement et d’insanité. »

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