Le groupe Gojira avec, au centre en t-shirt marron, Joe Duplantier. Crédit : Gabrielle Duplantier / Elektra.com.
Joe Duplantier, le leader des Gojira, n’en revient pas… “C’est incroyable de se parler aujourd’hui, le lendemain de la libération de Paul Watson avec qui nous partageons une longue histoire d’amitié. Je me suis pris de passion pour le travail de Sea Shepherd en 2007. À l’époque, je soutenais Greenpeace, j’étais très concerné par le sort des océans. Mon frère Mario, le batteur de Gojira, et moi, nous venons des Landes, dans la région de Biarritz. Quand nous étions gamins, nous allions nettoyer les plages avec des potes, puis déposer les sacs de détritus devant la mairie pour leur faire honte. J’ai toujours eu ça en moi, cet attrait pour la mer, ce respect de la nature, il faut dire que nos parents nous ont appris ça.
Dans notre album From Mars to Sirius (2005), avec une baleine sur la pochette – le LP qui nous a lancés –, je l’exprimais déjà dans la chanson Ocean Planet : ‘Je ne crois pas pouvoir nager un jour vers ces baleines dans le ciel. Je sens qu’elles sont si proches à l’intérieur de moi et pourtant si loin. J’ai fondu en larmes, je me sens triste, mes rêves sont en feu. Ma force est maintenant partie. Allonge-toi sur une pierre, libère-toi de ce poids et pleure. La planète Océan est en feu.’
“Allonge-toi sur une pierre, libère-toi de ce poids et pleure. La planète Océan est en feu.”
Que la surface de la Terre soit recouverte à 73 % d’eau m’impressionne, toute cette part invisible de notre monde. Cela me fait penser à l’inconscient humain, à notre monde intérieur, tout aussi mystérieux, mais qui se réveille dans la musique, en émotions fortes, en tempêtes, par la danse, le chant, alors on se rapproche de lui… Les habitants des océans m’ont toujours fasciné, on peut les observer sur les côtes basco-landaises, cela attire beaucoup de gens. Les baleines, notamment, sont des créatures extraordinaires qui possèdent proportionnellement plus de matière grise que les humains.
Elles communiquent sans cesse, elles chantent, elles rêvent, elles développent toute une vie sociale, ludique, mais aussi spirituelle comme nous l’a révélé Patrice van Eersel dans le Cinquième Rêve (Le Livre de Poche). Qu’elles se fassent tuer me révolte ! D’autant plus qu’elles rendent de nombreux services écologiques aux océans comme aux humains, elles séquestrent du carbone, elles fertilisent le phytoplancton, elles sont indispensables aux écosystèmes marins et nous les chassons pour les débiter en sushis. Ce n’est pas juste du sentimentalisme, genre ‘les dauphins sont mignons et les baleines craquantes’, je parle de sauver notre cul sur cette Terre. Les massacrer, c’est aussi mettre en danger l’équilibre global de notre planète maritime, c’est très grave. Et c’est ce qu’a très bien compris Paul Watson.
Paul, je l’ai découvert dans le documentaire Les Seigneurs de la mer, de Rob Steward. Je me suis dit : “Mais qui est ce type incroyable ? Qui sont ces gens qui se battent jusqu’au bout, prônent l’action directe sans violence, arrêtent les tueurs de phoques, paralysent les baleinières ?” Eux, au moins, n’avaient pas perdu cette passion, cette énergie pure que j’avais enfant !
Je suis entré en contact avec Sea Shepherd en 2007, je voulais faire un EP autour de leur combat, aussi j’ai rencontré plusieurs fois Watson. Pendant une tournée Gojira, en Allemagne en mai 2012, alors qu’il était emprisonné, déjà, à la demande du Costa Rica, pour s’être opposé à une pêche illégale là-bas. Il est passé à notre concert sur la scène de Metallica. J’étais stupéfait. “Mais, tu n’es pas en prison ?” Il m’a répondu : “Non. J’ai le droit de me balader un peu…” Je l’ai emmené sur scène et j’ai lancé au public. “Vous avez déjà rencontré un vrai pirate ? Parce que là, on a un vrai pirate avec nous, sur scène, qui œuvre pour l’humanité, pour les océans, pour sauver les baleines, les dauphins, les requins.”
“J’ai emmené Paul Watson sur la scène de Metallica et j’ai crié au public “Vous avez déjà rencontré un vrai pirate ?”
Il a parlé devant des milliers de fans de rock métal. Nous nous sommes rapprochés. C’est vraiment un personnage entier, avec beaucoup d’humilité, totalement voué à la défense des mers, avec un feu intérieur incroyable, tellement nécessaire aujourd’hui ! Bon, il manque un peu de diplomatie on va dire, mais au moins il se bat. De nos jours, beaucoup pensent que l’action et la protestation n’ont plus aucun impact, qu’on a beau filmer les baleiniers écumant des eaux protégées, dénoncer les massacres d’espèces menacées, constater la pollution dramatique des mers, il ne se passe rien. Alors, on comprend Paul Watson.
Il se met physiquement en danger pour mettre fin à la déprédation en cours, et quand on y réfléchit bien, cela apparaît la seule façon de faire. Nous sommes dans une forme de piraterie. En même temps, Watson sait ce qu’il fait. Toute son action est fondée sur le droit : il intervient pour faire respecter les lois internationales, les moratoires signés ; il révèle toute l’illégalité des chasseurs de baleines et des pêches d’espèces en voie de disparition. Comme il n’y a pas de police des mers internationale, il se met dans ce rôle de protecteur des traités protégeant les océans. Personne d’autre ne fait ça !
Vous comprendrez pourquoi, en juillet 2024, quand j’ai appris son arrestation, je suis parti le jour même à Copenhague avec ma femme, très active elle aussi. Nous étions dévastés ! Il risquait d’aller croupir plus de dix ans en prison au Japon, à 74 ans, d’y mourir. Il fallait que je fasse quelque chose. À peine arrivé, j’ai posté une vidéo sur les réseaux sociaux invitant tous les fans de métal du Danemark à me rejoindre devant le Parlement, à 11h du matin. C’était un lundi. J’ai lancé ça au jugé. J’ai aussi appelé Jonas Bjerre, le chanteur de Mew, un groupe de rock progressif connu dans ce pays. Il m’a soutenu, on a contacté avec lui des élus écologistes danois, qui ont relayé l’appel. Plusieurs centaines de personnes se sont pointées. Ce n’était pas si mal. Je suis quelqu’un de timide en public, mais là, j’y suis allé avec le mégaphone, à gueuler dans la rue, à donner des interviews sauvages.
À ma grande surprise, très peu de gens étaient au courant au Danemark. Après notre manif’, ça a changé, je suis passé aux infos, j’ai été interviewé dans la presse locale, sur les réseaux sociaux, car Gojira est connu au Danemark. Nous avons été tête d’affiche d’un gros festival rock. Ensuite, des activistes fans de métal sont venus me voir. L’un d’eux travaillait au Parlement, il m’a permis d’avoir accès au secrétariat du Premier ministre et du ministre de la Justice. Je leur ai fait passer une lettre exigeant la libération de Paul Watson. Lamya Essemlali, la présidente de Sea Shepherd France, et son équipe étaient là aussi. Ils faisaient l’aller-retour avec le Groenland où était enfermé Paul Watson, ils ont organisé une conférence de presse internationale où je suis intervenu. Disons que j’ai fait ce que j’ai pu.
“Il y a du feu dans le ciel. Vous êtes en Amazonie. Le plus grand miracle. Brûle jusqu’au sol. Amazonie divine. Amazonie sanglante. Puissante Amazonie. Tuer l’Amazonie… C’est la malédiction que nous suivons.” J’ai écrit Amazonia en 2019, quand les incendies ravageaient cette forêt tropicale humide – 80 000 prises de feu, la plupart criminels, en une seule journée ; un million d’hectares disparus pendant l’été. C’était sous la présidence de Bolsonaro qui encourageait les fermiers à brûler des parcelles de forêt pour faire pousser du soja OGM arrosé de pesticides et destiné au bétail, essentiellement du bœuf dopé aux hormones de croissance.
L’Amazonie réduit comme peau de chagrin depuis deux siècles, sa forêt immense a mis des millions d’années à se façonner, c’est un écosystème sans équivalent abritant 10 % de la biodiversité mondiale, faune et flore, où vivent des peuples anciens menacés. Cela me choque profondément ! Je me sens plus à ma place sur Terre quand je suis proche d’un arbre, je pourrais m’attacher à lui pour qu’on ne le coupe pas, comme le font les activistes.
Je me souviens, j’ai dit à mon frère Mario : “Tu as vu les images de l’Amazonie en train de brûler, c’est aberrant !” Il était retourné lui aussi. On parle de conquérir l’espace, de terraformer Mars, et on est incapables de préserver une des forêts les plus précieuses de la planète, notre alliée dans la lutte contre le réchauffement climatique. Nous avons décidé d’en faire un titre sur notre album Fortitude. Amazonia est une chanson sombre musicalement, enragée, où j’exorcise ma colère, ma frustration, mon incompréhension, en hurlant des paroles simples, directes.
Dans ces textes, mon cœur a besoin de s’exprimer, mes tripes aussi, ça sort parfois de façon brutale, naïve, mais je veux préserver en moi cette sincérité, cette colère que permet d’exprimer le rock métal. On a beau m’expliquer qu’on déforeste pour telle et telle raison, avec plein d’arguments de toutes sortes, je continue à penser que c’est choquant. Lamentable. Nous sommes sur un bateau qui coule, une planète saccagée. Je veux le hurler en public, trouver des mots forts pour le dire. Alors je leur lance : “Amazonie, le plus grand miracle !”
Je veux aller au-delà du fait qu’on brûle des arbres. Je veux faire ressentir l’idée qu’un arbre, une forêt, c’est quelque chose d’extraordinaire qui sort d’une graine féconde, sur une terre fertile, devient une créature magnifique avec des feuillages, des fleurs, devient immense, abrite des oiseaux, génère de l’oxygène, capte du carbone… Faire comprendre qu’un arbre est un miracle, comme l’Amazonie, cette forêt ancestrale, comme la nature que nous détruisons aveuglément.
Je voulais faire quelque chose pour l’Amazonie, comme pour Paul Watson, alors je suis allé au Brésil sous le règne de Bolsonaro pour rencontrer l’association Articulation des peuples indigènes du Brésil (Apib), qui tente de préserver leurs territoires des agressions des orpailleurs et des éleveurs. J’ai parlé avec leur porte-parole, Sônia Guajajara qui, depuis, a été nommée ministre des Affaires indigènes par le gouvernement de Lula. Là-bas, j’ai compris que la meilleure façon de protéger l’Amazonie est de s’appuyer sur les tribus qui y vivent. Ce sont elles qui protègent efficacement la forêt. Elles la connaissent mieux que quiconque, elles savent comment la préserver, où planter des arbres, comment protéger les rivières, elles identifient les urgences, les priorités.
Je suis allé sur le territoire des Guaranis Kaiowas, une énorme communauté, très affectée par les agressions et la déforestation. Là-bas, c’est terrible, il n’y a presque plus d’arbres, ils vivent dans une espèce de désert et ils en souffrent énormément, au quotidien. C’est même difficile pour moi d’en parler tant ça donne envie de hurler. Je croyais que beaucoup de monde les aidait, venait les voir, mais en fait, ils sont très très peu. Ils m’ont dit que la dernière fois qu’une personnalité connue les avait soutenus, c’était Sting dans les années 1990. J’étais estomaqué. Même si des tas de gens autour du monde parlent de l’Amazonie, “ce poumon de la Terre”, et plaignent les peuples indigènes, qui agit concrètement ? Pas grand-monde.
Nous avons essayé de faire quelque chose, nous Gojira, les “métalleux” comme on dit. Nous avons donc composé le single Amazonia, Grammy Awards catégorie rock, mais on s’est dit que ce serait encore mieux de se servir de toute cette énergie, cette promotion, pour faire quelque chose d’utile. Alors, on a lancé une grande collecte dans le milieu international du rock métal, auprès de groupes qui nous ont beaucoup influencés et que nous respectons. Nous avons déjà eu des réponses positives de stars mondiales comme Metallica, Guns N’ Roses, Iron Maiden, du batteur des Deftones, mais aussi de Korn, Slayer, Slipknot, Morbid Angel, Decapitated, Bring Me The Horizon, Architects. Et chez les Français, de Nono de Trust, Mass Hysteria, Shaka Ponk…
Nous les avons contactés un par un, tous nous ont répondu : “Oui, on est prêts à donner quelque chose pour être vendus et récolter de l’argent.” Démentant la fausse légende que le rock métal serait d’extrême droite, ils ont donné une image dédicacée, un instrument, une guitare, une basse, une caisse claire – à chaque fois, on leur demandait de prendre une photo d’eux avec l’instrument. Une sacrée histoire à mettre en place !
“Nous avons lancé une collecte auprès des groupes métal… Metallica, Guns N’ Roses, Iron Maiden, le batteur des Deftones, Korn, Slayer, Slipknot, Morbid Angel… tous ont donné.”
La vente aux enchères a permis de récolter 350 000 dollars. Cet argent est allé à l’Articulation des peuples indigènes du Brésil, il a servi à acheter des caméras pour filmer la réalité de la déprédation de l’Amazonie, enregistrer les messages des communautés, reconstruire des bâtiments détruits par les fermiers et les orpailleurs.
Il a aussi permis d’acheter un terrain conséquent où les Guaranis font repousser des arbres, un petit bout de forêt a été réhabilité, sanctuarisé, ce qui me réjouit. Vous savez, c’est terrible, certaines tribus ont été victimes de sabotages, de meurtres, des enfants ont été tués par balles, parfois brûlés vifs dans leurs maisons.
J’aime le death métal parce qu’il exprime une forme de rébellion, de frénésie, d’impétuosité, qui nous tire hors de cet environnement édulcoré où le rock s’est finalement rangé pour devenir une musique bien emballée, bien mixée, aux riffs qui ne heurtent pas trop les oreilles, aux textes un peu lénifiants – très codée. Le hip-hop et le rap, pareil, cette musique est passée d’une volonté de balancer des textes forts, féroces, d’une rage de la rue et des communautés maltraitées, sur des rythmes irrésistibles, à : “Regardez, j’ai des grosses bagnoles, des grosses bagues en or et des nanas à la pelle !” Ces musiques ont perdu de leur énergie première, leur inspiration des débuts, leur élan vital, leur allant, leur impulsion… elles se sont tempérées, affadies. C’est dommage.
Bien sûr, dans le rock aussi, il y a un gros business autour de nous, avec des festivals, des tournées géantes, des campagnes de promo bien huilées qui tournent toute l’année, qui défendent un certain cliché du métal, ce côté méchant, hurleur, gothique, Halloween. Mais le métal rock conserve une fièvre, une fureur, une énergie formidable ; il recycle des émotions fortes, reste capable de faire bouger les tripes et battre les cœurs ; il déroule sur scène une performance qui emporte le spectateur, avec ses rythmiques tonicardiaques, ses distorsions, ses riffs irrésistibles, ses chanteurs qui se donnent totalement, plongeant le public dans une transe existentielle, avec des textes qui parlent de démons, de possession, de mort, de désespoir, d’images gore, de choses taboues, des textes qui disent : “Je suis en souffrance, il fait froid et mon cœur est détruit, j’en ai marre de tous ces zombies qui font semblant de vivre.”
Quand j’étais adolescent, j’étais fan de Sepultura, mon père était très catholique, alors je chantais “Je suis le diable” dans notre première démo. Le rock métal est un exorcisme, il assouvit une envie d’exulter, de provoquer une furie intérieure, il touche directement, secoue et réveille ceux qui la ferment depuis l’école, les jeunes qui sont dans l’incompréhension, l’absence de communication, l’isolement, la tricherie, la tromperie, la violence, le manque d’écoute et d’amour.
Je trouve que le métal fait ça très bien. Sa performance déchaînée sur scène fusionne avec celle du public dans une sorte de rituel cathartique, de cérémonie frénétique. Chamanique. Il y a un côté ultime dans l’expérience métal. Ce n’est pas cosy. Ce n’est pas lounge. Ça dérange. Ça a un impact physique.
Personnellement, quand je suis malade ou angoissé, j’écoute à plein volume un de mes groupes préférés, Morbid Angel, je danse, je crie et ça me soigne. J’entends tous les jours, en tournée, des gens qui nous disent : “Votre musique me sauve la vie.” Ce sont des mots forts. C’est vrai que nous sommes plus engagés que d’autres groupes, que notre colère s’étend à des domaines comme la destruction de la vie sur Terre, que nous avons évolué depuis notre rage d’adolescent.
Je dis quelque chose sur l’éveil : “Cette rébellion que tu as ressentie hier, réveille-la. Change de cap. Les lois suivront. Redémarre, réactive ton cœur, déploie-toi, Oui, tu apparais, Tu es réveillé maintenant. Lève le poing, Tu te cachais, Maintenant tu te jettes, Dans la tempête.” Dans cette chanson de 2021, Into the Storm, j’appelle sur un fond de batterie implacable à une forme d’éveil de la conscience, à une désobéissance civile. Pas aller tout casser, mais se redresser, réfléchir, mener une révolution individuelle, s’accorder avec nos besoins vitaux, défier les lois injustes, se jeter dans la tempête du monde.
“Je dis quelque chose sur l’éveil. Cette rébellion que tu as ressentie hier. Réveille-la. Change de cap. Les lois suivront.”
Personnellement, j’essaie de donner une direction à mon âme, c’est difficile aujourd’hui d’être en accord avec ses convictions. Par exemple, je suis devenu vegan après avoir découvert comment nous maltraitons les animaux, les enfermons dans des cages infâmes, les mettons au supplice. J’ai été extrêmement choqué par les films de L214. Je me suis renseigné sur le véganisme, je l’ai expérimenté, et j’ai compris qu’on nous mentait en nous disant que les humains doivent à tout prix manger des animaux pour être en bonne santé. C’est faux, cela fait sept ans que je ne mange plus de viande, je n’ai jamais été aussi en forme, plein d’énergie, je n’ai jamais autant assuré sur scène alors que je vieillis [Joe a 48 ans, NDLR]. Je le dis dans la vidéo que j’ai faite avec l’association animaliste Peta.
Aujourd’hui, je suis en pleine ambivalence : j’adore les gens, je trouve les humains géniaux, capables de choses extraordinaires. En même temps, nous nous comportons comme des putains de parasites égoïstes. On pollue, on détruit, on massacre, on se comporte comme des machos sexistes. Nous devons changer, mais comment faire ? Qu’est-ce que je peux faire ? Je pense qu’il faut commencer par se changer soi-même. C’est difficile. Nous sommes tous engagés dans cette société prédatrice. Comment ne pas voir qu’enfermer les animaux jusqu’à les rendre malades, brûler les forêts, détruire l’environnement, c’est se menacer soi-même ? Je ne dis pas que tout le monde doit devenir vegan, mais vu la gravité de la situation, chacun d’entre nous devrait réfléchir à ce qu’il fait au quotidien. Au moins se préoccuper des viandes, des œufs, des poissons, des produits d’origine animale, des bois précieux, des vêtements, de tout ce qu’on achète, se demander si ça provient d’élevages-prisons géants, d’animaux souffrant horriblement, de forêts menacées…
On me dit souvent que je proteste beaucoup mais qu’avec nos concerts géants, nous polluons gravement, que notre impact carbone est colossal. C’est vrai. Nous y réfléchissons tout le temps ! Chacun de nos spectacles génère un gros trafic, des bus sont affrétés, les gens viennent en voiture, la consommation d’électricité est sérieuse. Pour cette raison, le groupe français Shaka Ponk a récemment décidé d’arrêter totalement de donner des concerts. Ce serait difficile pour nous, c’est sur scène, avec le public, que notre musique prend toute sa force, sa dimension chamanique. Alors comment faire ? Avec le temps, on a des partenaires qui connaissent nos valeurs.
Par exemple, les compagnies de bus, on leur demande des véhicules électriques. On réfléchit à s’arranger avec les plateformes de réservation ferroviaire pour réduire le trafic automobile, comme le fait Massiv Attack. Pour le plastique, on demande au public d’apporter une gourde, comme ça ils n’achètent pas de bouteille. Pendant les Jeux olympiques, nous avons exigé que toutes les banderoles de couleur jetées en l’air soient biodégradables. On milite aussi pour qu’un pourcentage du prix du ticket profite aux associations comme avait fait Rage Against the Machine lors de sa reformation. Nous sommes conscients de notre impact, mais bon, nous essayons d’améliorer les choses…
Gojira se produira en France, entre novembre et décembre 2025, dans treize villes : Carcassonne, Reims, Lille, Paris, Rouen, Nantes, Toulouse, Marseille, Nice, Bordeaux, Lyon, Strasbourg
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