Maxence, premier enfant français équipé d’une prothèse imprimée en 3D

Maxence, six ans, est né sans main droite. Ce lundi 17 août, il reçoit une prothèse de main imprimée en 3D, une technologie peu coûteuse mais qui ne bénéficie d’aucun agrément médical. Depuis 2013, la fondation américaine e-NABLE a lancé un réseau philanthropique d’un genre particulier : mettre en relation des particuliers possédant des imprimantes 3D avec des enfants à qui il manque des doigts ou une main. À ce jour, déjà plus de 1 500 prothèses ont été fournies via la plateforme.

Comme il l’explique à l’AFP, c’est grâce à ce site que le père de Maxence, Eric Contegal, a pu prendre contact avec Thierry Oquidam, un bénévole français, informaticien de profession : « Il avait déjà produit ce type de prothèses pour des enfants à l’étranger et il souhaitait en faire bénéficier un enfant en France ».

Maxence fait partie de la petite centaine d’enfants qui naissent chaque année en France avec une malformation d’un ou plusieurs membres. Dans son cas, il s’agit d’agénésie, c’est-à-dire l’absence de formation d’un membre lors du développement embryonnaire. Depuis qu’il est né, ce petit garçon de Cessieu (Isère), à mi-chemin entre Lyon et Grenoble, a réussi « à trouver des solutions tout seul » pour vivre sans main droite.

Prothèses à cinquante euros

La nouvelle prothèse 3D devrait lui permettre d’améliorer son quotidien. Elle ne nécessite aucune opération et semble très facile d’usage. La prothèse s’attache avec du Velcro et s’enfile comme un gant.
 

« Il va avoir une main de super-héros colorée aux couleurs de son choix (avec un grand « M » dessus pour « SuperMax », NDLR), qu’il pourra enlever à sa guise. Ce sera ludique pour lui dans la cour de récré avec les copains », explique à l’AFP sa maman Virginie.

Une simplicité d’usage qu’explique le bénévole de l’association e-NABLE, Thierry Oquidam, à l’AFP :
 

« C’est un appareil qui se fixe sur le bras avec du Velcro, destiné aux enfants qui ont un poignet et une paume. C’est la flexion du poignet qui va forcer la main et les doigts à se plier en tirant sur les tendons. Ce mécanisme hypersimple ne permet pas de faire des choses très précises, comme nouer ses lacets, mais des choses enquiquinantes quand on n’a pas de doigts comme faire de la balançoire, de la trottinette ou attraper un ballon ». 

Selon lui, l’intérêt réside dans le côté « fun ». Les enfants ont davantage l’impression de se déguiser, plutôt que de mettre une prothèse « moche » comme celles fournies par le circuit médical traditionnel. Sans compter son coût de fabrication : moins de 50 euros. Un élément crucial pour le bénéficiaire qui va devoir changer de prothèse plusieurs fois au cours de sa croissance. Et si celle-ci se casse, la famille peut la réparer directement à l’aide de n’importe quelle imprimante 3D.

La prothèse n’est pas parfaite pour autant. « L’optique, c’est [que Maxence] aura un outil en plus. Mais on ne sait pas s’il s’en servira beaucoup », tempère son papa. Et son fabricant Thierry Oquidam de préciser : « Il n’y a aucun agrément médical derrière ».

L’objectif est simplement d’améliorer le quotidien de ces enfants et de changer le regard des autres. L’expérience de Maxence pourrait ainsi permettre à d’autres enfants d’en bénéficier en France, par exemple via l’association des personnes concernées par l’agénésie (Assedea).

Appropriation citoyenne

Selon Thierry Oquidam, plus que la technologie de cette prothèse, c’est bien son appropriation par les citoyens qui est « révolutionnaire ». Car d’après l’informaticien, elle annonce de grands bouleversements :
 

« Au même titre qu’Uber a complètement changé la manière d’utiliser les transports en taxi, et Leboncoin les petites annonces en l’espace de deux ans, l’impression 3D est en train de modifier complètement l’approche de certaines professions, en particulier dans le médical »

Jean-Jacques Valette (avec AFP).
Journaliste à We Demain
@ValetteJJ

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