Happylab, l’association qui vous aide à trouver votre propre bonheur

We Demain : Happylab, comment ça marche ?

Joanna Quélen : L’association a vu le jour en décembre 2009. Et le 6 juin 2010, nous avons lancé notre premier forum sur Paris, auquel soixante personnes ont participé. Notre démarche est de chercher à provoquer le déclic. Nous n’apportons pas de solutions clés en mains, ce sont les gens qui font eux-même le travail pour être heureux.

Jessica Hollender : Happylab est une sorte de laboratoire où des « fêlés » du bonheur échangent et explorent sur ce thème. Ce sont des philosophes, pyschologues, sociologues, artistes, hypnotiseurs, aventuriers, économistes, entrepreneurs, ex-prisonniers, etc… Happylab, c’est donc avant tout une histoire de rencontres, de personnes qui nous touchent.

Sous quelles formes s’organisent les enseignements dispensés par Happylab ?

J.Q : La tête de pont de notre activité, ce sont des forums mêlant ateliers et conférences. Ils ont lieu deux fois par an – à l’automne et au printemps – à Paris. Ils regroupent 100 personnes et durent une demie journée. Ils coûtent 40 euros pour les premiers inscrits. Ensuite, nous avons mis en place les cafés Happylab. Ils sont gratuits et se tiennent tous les premiers dimanches du mois dans dix villes de France. Enfin, nous avons un webzine et nous avons publié un livre Le laboratoire du bonheur (éditions Solar).

Comment se déroule un atelier ?

J.Q : C’est un moment d’expérimentation et non pas de prise de notes. L’atelier s’organise autour de modules de cinq personnes où chacun s’exprime. Par exemple, les participants passent à la « douche de compliments ». Là, c’est amusant, on voit les gens rougir : savoir accueillir les compliments n’est pas aisé. On demande aussi aux personnes de témoigner sur une épreuve personnelle auprès de leurs voisins. Ces derniers doivent trouver un avantage à cette situation et exprimer ce que la personne peut apprendre de cette difficulté. Nous utilisons également des photos qui servent aux participants à extérioriser leur « météo personnelle ».

Travaillez-vous aussi auprès d’entreprises françaises ?

J.Q : Oui, nous leur proposons également des ateliers. Ils coûtent 2 500 euros. Ils durent entre une et trois heures et rassemblent de 15 à 65 personnes. Sans faire de démarchage, nous sommes très sollicitées. Certaines entreprises veulent vraiment changer de paradigme. D’autres tentent d’utiliser le bonheur comme un « sparadrap » imposé aux employés sans les laisser entrer dans une démarche personnelle. Mais dans la majorité des cas, les entreprises comprennent que la bonne santé de leur entreprise passe par le bien-être du salarié.

J.H : Depuis un an, nous avons travaillé avec des entreprises comme L’Oréal, Lindt, Sanofi, Adidas. Souvent à la demande des DRH et des communicants. L’intégration de la notion de bonheur est une révolution pour ces structures. Elles doivent apprendre à ne pas en attendre une ressource directe, ni faire de calculs sur la performance que cela va apporter. Leur élan doit uniquement porter sur la dimension humaine. C’est de cette façon qu’elles seront des entreprises libérées.

Quel est l’intervenant qui, par son témoignage sur le bonheur, vous a le plus marqué ?

J.Q : Le dernier en date, André Stern. Cet enfant de 42 ans, comme il se qualifie lui-même, est musicien, journaliste, conférencier. Il n’est jamais allé à l’école et ses parents ne lui ont jamais donné de cours. Pour lui,  l’enthousiasme est un engrais, un moteur. Il dit : « j’admire énormément mon père. Car en étant lui, il m’a donné l’envie d’être moi ». Ce type de personne ose, inspire les gens et réveille l’envie d’être soi.

J.H : Je pense à Michel Vaujour. C’est un ancien braqueur français, connu pour ses nombreuses évasions et notamment en hélicoptère. Il a été blessé d’une balle dans la tête lors d’un braquage et a passé 17 années en cellule d’isolement, ce qui l’a conduit à découvrir notamment le yoga. Sa philosophie de vie est simple : « la vérité de l’Homme est dans sa nudité ». Il a frôlé la mort et a découvert la vie. Ses mots lors de son intervention étaient simples. Parfois il n’y avait pas de mot. Il était là, vivant. Pour lui la vie est un cadeau. Nous avons désappris la mort, ce qui nous empêche de réaliser la valeur de vie. Il y avait une vérité dans sa présence. J’ai eu l’impression de comprendre un peu plus la vie.

La France, selon les études, n’est pas vraiment en pointe en matière de bonheur. Pourquoi avons-nous autant de mal à l’atteindre ?

J.Q : Le sujet est très abordé en France, mais de façon assez superficielle. Les médias mettent en avant les « trucs et astuces » du bonheur. Une forme de tyrannie du bonheur est en place. Comme si tout le monde devait absolument être ou paraitre heureux ! Cela devient alors une injonction, infondée, au bonheur. Or le bonheur, c’est avant tout un chemin et une philosophie de vie, une introspection profonde. C’est identifier ce qui est beau chez nous, dénouer les colères en soi. Sans bien sûr aller jusqu’à se lécher le nombril !

Mais alors, qu’est-ce que le bonheur selon-vous ?

J.H : Il existe autant de définition du bonheur que de personnes sur terre. Pour la connaitre, il faut identifier ses talents, son mécanisme et sa singularité propres. Il faut aussi garder en même temps une ouverture aux autres, aux événements, tout cela sans filtre. Ce que nous pouvons retenir, c’est que les personnes heureuses pratiquent la méditation, l’écoute, la gratitude, la bienveillance et profitent du moment présent. Le bonheur, ce n’est pas une vie toute rose. La vie est difficile et compliquée.

J.Q : Le bonheur est intime. Chacun est source de son propre bonheur, à condition de se débarrasser des jugements que nous portons sur nous-mêmes et sur les autres. Il faut ouvrir cet appétit de compréhension de l’être humain qui va nous connecter à la société. Quand on ressent le bonheur, on prend conscience de l’immense chance du miracle d’être vivant. Cela permet d’être plus enthousiaste, de relever plus de défis – comme celui de l’écologie, qui est un immense enjeu de société.
 
Quels sont vos projets pour l’avenir ?

J.Q : Nous envisageons des tournées Happylab à travers la France. Nous aimerions partir en bus avec des intervenants exceptionnels, et animer des conférences sur le bonheur au sein de théâtres dans diverses villes.

J.H: Développer Happylab éducation : encourager et entretenir l’enthousiasme de chaque enfant. Les enfants ont une joie, une curiosité, une ouverture naturelle. Leur permettre de conserver cette soif est essentiel pour notre association.

Propos recueillis par Thomas Masson
Journaliste We Demain
Twitter : @Alter_Egaux
 

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