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Précarité menstruelle : 1,7 million de femmes manquent de protections périodiques

Depuis le 1er janvier 2016, les protections périodiques sont ne sont plus considérées comme des produits de luxe : un amendement a ramené de 20 % à 5,5 % leur taux de TVA. Pourtant, si les serviettes et tampons font à présent partie de la catégorie des produits de première nécessité – comme l’eau, le pain ou les préservatifs –, s’en procurer demeure un luxe pour de trop nombreuses femmes. La journée mondiale de l’hygiène menstruelle, organisée tous les 28 mai depuis 2014, est l’occasion de revenir sur cette précarité encore taboue.

État des lieux

Que représente la part des protections périodiques dans le budget des femmes ? Le Monde estime un coût moyen de dix euros par cycle : un chiffre qui comprend l’achat d’anti-douleurs, dont la plupart pris en automédication et donc non remboursés.

Dix euros par mois, cela représente près de 5 000 euros sur une vie si l’on considère qu’une femme aura en moyenne 500 fois ses règles avant d’atteindre la ménopause. Une somme trop élevée pour les plus vulnérables.

Il est important de souligner que les femmes sont davantage exposées à la pauvreté que les hommes. Selon l’Insee, le pouvoir d’achat  des femmes les plus précaires ne serait que de 180 euros par mois (hors loyer, crédits et alimentation). Les règles représentent 5 % de ce budget restreint… contre 0,5 % pour les femmes les plus riches.

En 2019, l’Ifop consacrait une étude à la précarité hygiénique. L’institut estimait alors à 1,7 million le nombre de femmes concernées par le manque de protections hygiéniques. Un chiffre qui englobe les travailleuses précaires aussi bien que les étudiantes – 270 000 d’entre elles vivent sous le seuil de pauvreté – ou les sans abris.

Il faudrait également y ajouter les détenues : en octobre 2019, l’association féministe Georgette Sand manifestait contre la précarité menstruelle en prison. Les militantes réclamaient l’accès à des protections hygiéniques gratuites ou à prix coûtant pour toutes les détenues, estimant abusifs les tarifs pratiqués par l’administration pénitentiaire.

L’écologie, inaccessible ?

Le Monde n’avait pas pris en compte les protections réutilisables pour réaliser ses calculs. Pourtant, les alternatives durables se multiplient. Seulement voilà, le prix de ces protections demeure rédhibitoire pour de nombreuses femmes.

Une cup est vendue entre 15 et 35 euros pièce et une serviette lavable entre 15 et 20 euros. Quant aux culottes menstruelles, leur prix oscille entre une trentaine et une cinquantaine d’euros l’unité.

L’investissement de départ est souvent trop conséquent pour celles qui ont du mal à boucler leurs fins de mois, même si le prix de ces protections durables peut être rapidement amorti : la marque Dans ma culotte estime à 20 euros par an l’économie réalisée par les acheteuses de serviettes lavables. Un chiffre qu’il faut prendre avec des pincettes puisqu’il provient d’un vendeur de protections durables.

Pour les femmes sans domicile fixe, ces produits relèvent même de l’absurde : impossible de les utiliser sans avoir accès à une ressource en eau et en savon.

Les femmes sans abri – qui représentent, en France, 40 % de la population sans domicile – ont déjà bien du mal, selon les associations, à protéger leurs stocks de protections jetables de la pluie et de la poussière. Beaucoup d’entre elles se contentent de papier toilette récupéré dans des WC publics, quand ceux-ci ne sont pas payants.

Les associations multiplient leurs efforts pour apporter à ces femmes les produits d’hygiène dont elles ont besoin. Outre les collectes de serviettes hygiéniques, distribuées lors de maraudes, elles réclament des protections gratuites pour les plus précaires.

En février 2020, ces associations ont obtenu une première victoire : les secrétaires d’État Marlène Schiappa et Christelle Dubos annonçaient vouloir expérimenter la gratuité des protections périodiques dans plusieurs lieux collectifs.

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