Partager la publication "Municipales à Pontault-Combault: 39 jeunes à l’assaut de la mairie"
Le constat est unanime : à l’échelle nationale comme dans leur ville devenue « dortoir », ils ne se retrouvent « dans aucun parti politique ». Alors, lance alors l’un d’eux, pourquoi ne pas briguer ensemble la mairie ? Et sans attendre les municipales de 2020. Car à Pontault-Combault, où l’élection de 2014 a été invalidée par le Conseil d’État, le prochain scrutin est programmé les 14 et 21 juin.
Jean-Nicolas Citti, le plus politisé d’entre eux, prend la tête du mouvement. En deux mois, il rassemble avec ses amis plusieurs dizaines de jeunes de la commune, tous âgés de 18 à 26 ans. Le 23 mai, la liste sans étiquette de ces 39 jeunes est bouclée et déposée à la sous-préfecture. Et son programme, disponible en ligne, affiche dix propositions concrètes.
We Demain s’est entretenu avec Jean-Nicolas Citti, 23 ans et tête de liste, et Ricardo Jeronimo, 26 ans et 22e sur la liste .
Ricardo Jeronimo : Nous nous sommes divisés par domaine de compétences: sécurité, social, sports… Nous sommes un groupe de jeunes d’horizons divers, issu des différents quartiers de la ville. Certains étudient encore, d’autres sont au chômage ou commencent à travailler, d’autres encore sont entrepreneurs. Après nous être renseignés sur la législation en vigueur dans les domaines de compétences municipaux, avec l’aide de ceux qui maitrisent le droit public, nous sommes allés à la rencontre de la population et nous sommes mis à l’écoute de ses besoins. Le but, c’est vraiment, pour une fois, d’écouter tout le monde.
Comment a été reçue votre démarche ?
Jean-Nicolas Citti : Nous avons été surpris par l’engouement qu’a suscité notre action : Nous sommes en fait bien plus nombreux que 39, et recevons quotidiennement des propositions de nombreux jeunes de Pontault-Combault, qui, pour certains, n’ont même jamais voté, par manque d’identification aux élus. Tous veulent contribuer à changer la vie politique de notre commune, engluée dans des « guéguerres » personnelles depuis des années. Pour ce faire, nous nous sommes rencontrés à raison de deux ou trois fois par semaines. On s’est pas mal engueulés, on a beaucoup rigolé, mais on a bossé. Et on le tient, notre programme.
Jean-Nicolas Citti : L’idée la plus importante est de mettre en place une démocratie participative à l’échelle de notre ville, dans laquelle les citoyens sont entièrement associés à l’action publique. Nous allons créer des conseils de quartiers, chacun doté d’un budget et d’un groupe exécutif autonome. Cette interface entre les citoyens et la mairie doit permettre aux habitants de faire remonter eux-mêmes leurs initiatives. Pour qu’elle soit efficace, nous allons faire un travail de pédagogie, en amont. Nous voulons montrer aux citoyens ce qui est réalisable dans un cadre défini ensemble et avec un budget de 60 000 euros par an et par comité.
Jean-Nicolas Citti : Nous voulons recréer un lien intergénérationnel entre les habitants de la ville. Nous voulons pour cela faire appel à une société externe, afin de mettre en place une application Smartphone gratuite, grâce à laquelle les citoyens pourront s’échanger des services facilement. Ils pourront y proposer une heure de ménage chez leur voisine plus âgée contre une heure d’aide aux devoirs ou de cuisine, par exemple.
Ricardo Jeronimo : Ce type d’appli, qui existe déjà à Nantes , par exemple, sera une boîte à idée, sur laquelle les citoyens pourront également consulter les horaires de passage des poubelles, des transports en commun, le calendrier des événements. Ils y pourront signaler les nids de poule, les feux défectueux, ou régler leurs frais de cantine et leurs contraventions. Les citoyens ne disposant pas de Smartphone retrouveront ces mêmes services sur le site web de la ville. En plus, nous y intègrerons un système de covoiturage pour faciliter le stationnement et éviter les embouteillages au niveau de la gare, qui est le cœur de la ville.
Votre programme repose donc sur l’économie collaborative ?
Jean-Nicolas Citti : Oui, même s’il s’agit davantage d’un moyen que d’une fin en soi. Le collaboratif marche bien auprès d’une catégorie de la population au capital culturel élevé. Nous voulons montrer qu’il peut aussi permettre de créer du lien à d’autres niveaux de la société. Il s’agit de montrer aux gens que c’est à eux de mettre le changement en place.
Ricardo Jeronimo : Oui, il ne nous reste plus qu’à fignoler quelques points. Nous avons décidé que sur 60 millions de budget annuel, 5 % seront directement alloués aux citoyens si nous sommes élus. Un objectif qui vise, là encore, à renforcer le côté participatif.
Jean-Nicolas Citti : Nos dépenses et recettes seront consultables à tout moment ! Nous organiserons une à deux réunions publiques par an, pour que les citoyens aient un accès total aux finances de leur ville. Trop souvent encore, quand nous nous rendons à la mairie pour demander tel ou tel document, il a été égaré ou il n’est pas encore rédigé… Cela conduit, entre autres, à cette crise de légitimité dont sont victimes les politiques autant à l’échelle locale que nationale, alors que 80 % d’entre eux sont loin d’être des magouilleurs !
Ricardo Geronimo : Honnêtement, on ne s’y attend pas vraiment. Tout le monde nous encourage dans nos démarches. Mais nous ne disposons pas du même budget de campagne que celui des partis politiques traditionnels. Si on peut faire bouger les lignes, tant mieux, cela représente déjà beaucoup.
Jean-Nicolas Citti : Si nous obtenons 5 % des voix, nous pourrons rembourser nos frais de campagne de 3 000 euros, contre des dizaines de milliers d’euros par parti à Pontault. Chez nous, comme ailleurs, nous avons constaté que les partis traditionnels n’ont que faire des citoyens et ne font rien avancer du tout. Résultat : plus personne ne s’y retrouve, surtout pas les jeunes. Avec nos idées pratiques, nous voulons montrer que nous nous intéressons à notre commune, que nous avons des solutions concrètes à mettre en place.
De quel atout dispose la jeunesse pour agir en politique ?
Jean-Nicolas Citti : Nous sommes tous nés peu avant ou peu après la chute du mur de Berlin. Notre logiciel politique n’est pas le même que celui de nos aînés, le nôtre est bien plus pragmatique. Nous ne sommes pas des futurs petits apparatchiks de la cause politique, juste des jeunes qui connaissent les outils et veulent participer au renouvellement de la démocratie.
Propos recueillis par Lara Charmeil
Journaliste à We Demain
@LaraCharmeil
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