Partager la publication "Quand l’IA générative fait exploser la facture d’eau de Microsoft et Google"
+34 % de consommation d’eau pour Microsoft. +20 % pour Google. En 2022, la facture d’eau de certains géants de la tech a explosé par rapport à l’année précédente (qui était elle-même déjà en hausse). Au total, la firme fondée par Bill Gates a utilisé près de 6,4 milliards de litres d’eau, soit 2 500 piscines olympiques, l’an passé, selon ce qu’indique son rapport de responsabilité environnementale. Du côté de Google, c’est l’équivalent de l’arrosage annuel de 37 terrains de golf (près de 20 milliards de litres).
Pourquoi une telle hausse ? Microsoft reste très vague sur les raisons de ce bond dans la consommation d’eau. “L’augmentation […] a été proportionnelle à la croissance de notre entreprise d’une année sur l’autre”, se contente de dire la firme. Mais un chercheur de l’université de Californie à Riverside, spécialisé dans l’évaluation des ressources utilisées par ces systèmes, a une autre explication. “Il est raisonnable de dire que la majorité de la croissance est due à l’IA”, estime le Professeur Shaolei Ren auprès de l’Associated Press.
Pourquoi le scientifique pointe-t-il du doigt l’intelligence artificielle pour expliquer ces 6,4 milliards de litres d’eau utilisés par Microsoft ? Parce que la firme de Redmond a massivement investi dans OpenAI, l’entreprise derrière ChatGPT et Dall-E. Ces deux IA génératives ont un impact carbone loin d’être négligeable. Depuis 2019, Microsoft s’intéresse à ces nouvelles technologies mais leur usage n’a explosé que récemment.
Pour chaque question posée à ChatGPT, de nombreux calculs sont nécessaires. Et pour chaque calcul, c’est une nouvelle dépense en électricité et des serveurs qui sont mobilisés. Des machines dont le fonctionnement génère de la chaleur et qui ont besoin d’être rafraîchis. C’est ici que l’eau intervient… et qu’on frôle le coma hydraulique dans les data centers. Dans ces fermes de serveurs, les tours de refroidissement utilisent des ventilateurs mais aussi de l’eau. Et ce, dès lors que la température extérieure dépasse les 29,3 °C.
Le scientifique Shaolei Ren projette de publier un article dans le courant de l’année au sujet de cette surconsommation d’eau. Lui et son équipe estiment que “ChatGPT engloutit 500 millilitres d’eau – l’équivalent d’une bouteille d’eau de 50 cl – chaque fois que vous lui posez une série de 5 à 50 questions”, explique-t-il à AP. Naturellement, ceci est une moyenne car “cette fourchette varie en fonction de l’emplacement de ses serveurs et de la saison.”
C’est la raison pour laquelle les géants de la tech investissent de plus en plus dans des data centers situés dans des régions froides. Ainsi, Microsoft construit des centres de données à proximité de West Des Moines, dans l’Iowa. Cet État du Midwest est un des plus froids des États-Unis. La firme y a établi notamment un “centre de données de supercalcul IA avancé”. Objectif : former GPT-4, la version la plus avancée de son IA générative. L’Iowa, ce n’est pas un hasard : la température maximale moyenne y est de 16 °C. Néanmoins, les étés peuvent être chauds et humides, nécessitant alors d’importantes consommations d’eau. Ce qui inquiète de plus en plus les habitants de l’État américain.
D’ailleurs, les autorités de West Des Moins ont indiqué, dans un rapport publié en 2022, que si de nouveaux projets de data centers Microsoft devaient voir le jour dans cette zone, ce ne serait qu’à condition de “prouver et d’intégrer une technologie qui réduit significativement les pics de consommation d’eau par rapports aux niveaux actuels.”
Cette forte hausse de la consommation en eau tombe mal : parmi les engagements de transition écologique de Microsoft, le géant de la tech vise un bilan carbone négatif d’ici 2030 mais aussi un bilan positif en eau et zéro déchet. Face au développement exponentiel des IA génératives, très populaires auprès du grand public comme des entreprises, des solutions doivent être trouvées.
Tous les grands acteurs de l’IA cherchent d’ailleurs à réduire l’empreinte carbone de leur intelligence artificielle. Tant au niveau de l’entraînement des modèles comme GPT-4 ou de l’utilisation de ces IA, des investissements pour limiter l’impact énergétique sont réalisés afin d’innover dans le bon sens. “Nous reconnaissons qu’entraîner de grands modèles de langage peut être très consommateur d’énergie et d’eau”, a avoué OpenAI. Mais la solution miracle n’a pas encore été trouvée.
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