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À Saint-Ouen, des composteurs associatifs pour trier les bios-ressources

🇧🇷 Seine-Saint-Denis, Saint-Ouen (93) – Samedi, c’est ambiance carnaval brésilien à Saint-Ouen. Une danseuse et un groupe de percussionnistes égayent « Le forum des sports et des associations », ce samedi 9 septembre, autour de la serre Wangari. La ville accueillera l’équipe brésilienne lors des Jeux Olympiques de 2024. La troupe colorée fait sourire Sylvie Lemaire, présidente de Mon Voisin Des Docks derrière son stand.

🍱 Début 2017, son association a installé un composteur de quartier sur le parvis des Docks. Avec 80 foyers inscrits pour y déposer leurs déchets verts, les six bacs installés ont permis de fabriquer près de 6 000 litres de compost en un an. L’engrais a été distribué à tous ceux qui entretiennent leur jardin ou leurs plantes. Citoyenne et inscrite dans la vie d’un quartier, la démarche n’en est pas moins « anecdotique par rapport à ce qu’implique la législation à venir », estime la principale intéressée.

forum des associations
Durant le forum des associations, les associations Educécolo et Paris Zéro Waste ont reçu citoyens élus intéressés par la question du compost. Crédit : Ronan Bardet.

En 2023, WE DEMAIN a noué un partenariat avec le Centre de Formation et de Perfectionnement des Journalistes (CFPJ). Quinze jeunes journalistes en contrat de professionnalisation ont travaillé à la production d’une série d’articles autour des initiatives dans les territoires. Retrouvez ici l’ensemble des sujets publiés sur la question.

Des composteurs collectifs et urbains

🪣 Le 1er janvier 2024, chaque ménage français devra pouvoir disposer d’une solution pour recycler ses déchets alimentaires. En mars 2023, Plaine Commune, l’intercommunalité dont fait partie Saint-Ouen, expérimentait l’installation de 24 points d’apport volontaires dans un quartier densément peuplé de la ville, couplée à une distribution de bio-seaux aux habitants.

🐛 Les déchets collectés sont ensuite traités, méthanisés, puis transformés en fertilisants. En plus de cela, chaque habitant peut participer à une formation pour se familiariser aux techniques de compostage, et repartir gratuitement avec un lombricomposteur. Un dispositif qui permet de réaliser son compost directement à domicile, grâce à des vers qui se nourrissent des déchets alimentaires et produisent un humus riche. La collectivité fournit également du matériel pour les copropriétaires intéressés par l’installation d’un composteur collectif dans leur jardin ou au pied de leur immeuble.

François Lemaire
François Lemaire, président d’Educécolo et maître composteur, s’est occupé de l’installation de plusieurs composteurs collectifs sur Saint-Ouen, dont celui de l’association sur une parcelle du jardin partagé de Saint-Ouen. Crédit : Ronan Bardet.

Les associations en première ligne pour le traitement des biodéchets

🚨 Les actions des associations audoniennes, comme celles de « La régie des quartiers de Saint-Ouen », viennent compléter le dispositif. Trois jours avant le forum, la structure organisait une réunion d’informations pour présenter son projet de composteur collectif aux habitants. L’association prévoit de mettre en place des permanences, animées par des bénévoles et des salariés de la régie en insertion, afin que les membres inscrits puissent venir vider leur bio-seau.

🌳 Le résultat du compost sera distribué gratuitement ou utilisé par l’association pour entretenir les espaces verts de la ville. Trois bacs seront mis en place avec l’appui de François Lemaire, « maître composteur » depuis 20 ans, lui-même habitant de Saint-Ouen. L’option offre d’après lui « plusieurs avantages », dont « le plus important est celui de pouvoir profiter d’un lieu de papotage entre les habitants ». Ensuite, « cela permet de diminuer nos déchets, puisque 30% d’entre eux sont compostables » et « de produire un engrais naturel ».

Conseils, formations, suivi… tout pour accompagner les habitants

compost
Educécolo est venu présenter le lombricomposteur donné par Plaine Commune aux habitants qui ont suivi la formation pour apprendre à composter. Crédit : Ronan Bardet.

♻️ En plus d’avoir installé plusieurs composteurs collectifs à Saint-Ouen, François Lemaire est président d’Educécolo. Une association audonienne qui met en place des actions locales pour l’environnement. Durant le forum des associations, sur son stand, elle présente le lombricomposteur distribué par l’intercommunalité, Plaine Commune, et explique son fonctionnement ainsi que la démarche pour en récupérer un modèle.

🤝 Généreux en conseils, après la formation que les participants suivent, François assure un suivi en cas de besoin. Une formation dont a bénéficié Elna, 38 ans, consultante en communication et intelligence artificielle, habitante à Saint-Ouen. « C’est facile à mettre en place. Il faut juste s’assurer que les vers vont bien ». Autre avantage : « Cela me permet de sensibiliser mon enfant sur les enjeux écologiques. »

Le compostage, un « sujet prioritaire »

🗑️ Sur la table d’à côté, pour Anne Terrasse, présidente de Zéro Waste Saint-Ouen, le compostage est « un sujet prioritaire cette année » : « Avec la loi qui arrive, on interpelle les élus pour savoir ce qui va être mise en place ». « Pas opposée à la méthanisation », elle préfère « insister sur le compostage local ». Sur ce sujet, Anne Terrasse estime que « la ville est en retard » par rapport au calendrier législatif. Distribuer des lombricomposteurs individuels est un début, mais elle souhaite que les collectivités fassent davantage. « On sait très bien que tout le monde ne va pas faire l’effort de faire la formation et demander un lombricomposteur ».

📆 Pour Dina Deffairi-Saissac, conseillère municipale et territoriale en charge du compostage, « il n’y pas une, mais des solutions ». L’intercommunalité va tirer en octobre un premier bilan de l’expérimentation sur les points d’apports volontaires. « La première semaine on a collecté 600 kg de bio-ressources ! » En plus d’autres initiatives, elle « insiste » pour que de nouveaux composteurs soient installés dans le cadre des rénovations urbaines de plusieurs quartiers de la ville. « On n’est pas en retard. On sera quasi-opérationnel pour le 1er janvier prochain. »

Auteur : Ronan Bardet