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En Île-de-France, ces particuliers ouvrent leurs éco-chantiers aux bricoleurs bénévoles

🛖 Une tiny house à Montrouge (29) – Dans une impasse calme à quelques encablures de Paris, une intrigante structure en bois trône au fond d’un jardin, à l’arrière d’une petite maison de ville. Dans quelques semaines, elle deviendra une tiny house toute neuve. Un atelier extérieur jouxte la future bâtisse où sont entreposés planches en bois, plaques en zinc, palettes désossées et outillages en tout genre.

🔧 Une grande table permet d’accueillir les bénévoles qui viennent aider Cyprien. Après avoir monté sa propre « tiny » il y a quelques mois, à Bagneux (92), cet ancien conducteur de chantier de 28 ans, récidive pour l’APA (Association pour l’amitié) à Montrouge (92). Cette dernière accueille, héberge et accompagne des personnes en situation de précarité.

En 2023, WE DEMAIN a noué un partenariat avec le Centre de Formation et de Perfectionnement des Journalistes (CFPJ). Quinze jeunes journalistes en contrat de professionnalisation ont travaillé à la production d’une série d’articles autour des initiatives dans les territoires. Retrouvez ici l’ensemble des sujets publiés sur la question.

Des micromaisons qui polluent très peu

tiny house
Une tiny house à Montrouge (29). Crédit : Jean-Baptiste Lautier

🪚 « Les bénévoles qui viennent aider ont des métiers en freelance, sont en transition, ou parfois en réinsertion, indique Cyprien. L’un d’eux est venu s’inspirer parce qu’il voulait construire sa propre ‘tiny’ avant de se lancer de son côté ! ». Grâce à une formation accélérée en transition écologique et l’expérience de la construction de sa micromaison, ce bricoleur confirmé est à présent capable de former ceux qui viennent lui prêter main forte.

♻️ Participatif, ce chantier a aussi pour maître-mot l’éco-construction. Posée sur une remorque, pour être déplacée si besoin, la future tiny house sera scindée en deux studios. Elle regorge de matériaux biosourcés. « La structure de la maison est en bois, détaille Cyprien. L’isolation sera constituée d’un mélange de lin, de coton et de chanvre. La toiture en zinc permettra, elle, de tenir bien plus longtemps que la taule. » Au-delà des matériaux, c’est sa petite taille qui rend cette maison écologique : « dans une tiny house, la sobriété est le maître mot, poursuit le bâtisseur. Qui dit petit espace dit moins d’air à chauffer et moins d’objets à accumuler. » Des atouts qui s’ajoutent à son faible coût de construction : 35 000€.

Des « bunkers climatiques » au Perray-en-Yvelines (78)

bunker climatique
Une maison 100% écolo à La Grande-Paroisse (77). Crédit : Jean-Baptiste Lautier

🪵 Sur le terrain acheté par Antoine il y a quatre ans, deux maisons se font face : « Un petit chalet en très bon état général, hormis ses fondations. La deuxième maison est une caricature de pavillon des années 80, une passoire thermique dans toute sa splendeur », déplore cet ancien journaliste de 46 ans. Il a d’abord décidé de poser ses valises dans la plus grande, pour s’atteler à la transformation de l’autre. « Je veux construire un ‘bunker climatique’, où l’on n’aura ni chaud ni froid », lance-t-il. Pour cela, il fallait repartir de zéro et fabriquer sa propre structure. Des chênes centenaires abattus par une mairie voisine pour permettre le passage d’une ligne de fibre optique, ainsi que 30 m3 de bois de charpente achetés pour 4 000 euros, doivent servir à dresser la structure initiale.

🪜 Cela fait plus de trois ans qu’Antoine travaille le bois, régulièrement aidé par d’autres bricoleurs amateurs. « Je n’aurais jamais pu faire autrement, insiste-t-il. Les gens qui viennent ici se rendent également compte qu’il est possible et important de maîtriser les processus de construction sans passer par des promoteurs. » Un charpentier professionnel profite également du chantier pour y animer des stages. Tous travaillent selon des méthodes de charpente traditionnelle.

💪 « Je ne veux pas un seul bout de plastique dans cette maison, assure-t-il. Il est hors de question qu’elle ne dure que quelques décennies, comme tous ces pavillons construits aujourd’hui. Je veux une garantie millénaire ! » Après avoir isolé la bâtisse, à l’aide de paille et de chaux-chanvre, et rendu habitable, Antoine a pour objectif de s’attaquer à la passoire thermique dans laquelle il vit actuellement… et en faire un deuxième « bunker climatique ».

Une maison 100 % écolo à La Grande-Paroisse (77)

maison écolo
Une tiny house à Montrouge (29). Crédit : Jean-Baptiste Lautier

🏡 Habiter en ville et pouvoir se mettre au vert dès que possible. C’est l’objectif d’Adeline et Xavier B., parents de deux enfants. « On vit à Paris et on souhaitait avoir accès à un lieu de nature, mais nous n’avons pas le budget pour acheter une maison en banlieue, raconte la mère de famille. Ce nous voulons c’est un lieu où vivre dehors, et passer le moins de temps possible à faire le ménage ». Ils ont donc acheté un terrain pour y construire une petite maison de 24 m2.

🧩 La structure a été faite par un charpentier et livrée en kit : « On l’a montée en 2 jours au mois d’avril. » Pour économiser le coût de longues semaines de travaux, le couple a ouvert son chantier à des bénévoles, le tout chapeauté par un conducteur de chantier professionnel. Au programme, murs en paille, enduits en terre minérale ou encore peintures à la chaux. Pendant 5 jours, 10 bénévoles ont rejoint le couple pour monter les murs de la maison. « C’est aussi en accord avec nos valeurs de partage et d’entraide. Tout seul on ne va pas très loin », estime Adeline. Les bénévoles, souvent étudiants en architecture ou architectes, ont été logés sur le terrain pendant quelques jours. « On est tombé sur des gens extraordinaires, se souvient-elle. C’est une expérience de vie, un peu comme une colonie de vacances entre adultes. »

La paille, un isolant aux multiples atouts

La paille est loin d’être le matériau le plus souvent proposé lorsque l’on doit isoler une habitation. Pourtant, elle présente des propriétés particulièrement intéressantes et, contrairement aux idées reçues, elle ne rend pas la maison plus inflammable : « En raison de la compression des ballots, il n’y a que très peu d’air dedans », indique Adeline, qui isole toute sa maison en paille.

L’enduit en chaux posé par-dessus la protège de la pluie. Large de 50 cm, ces ballots offrent à la fois un confort thermique et phonique très performant pouvant durer près de 100 ans.

Auteur : Jean-Baptiste Lautier

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