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La Ferme des Clos (Yvelines) : un laboratoire agricole innovant

🌧️ Une pluie battante s’abat ce mardi de mi-septembre. Sur les quelque 90 hectares de La Ferme des Clos, les effluves d’herbe mouillée imprègnent l’air. Ces précipitations sont les bienvenues, après plusieurs jours de canicule qui ont contraint les exploitants à décaler leurs horaires de travail. Bordée par douze hectares de forêt et située à Bonnelles, dans les Yvelines, au cœur du Parc Naturel Régional de la Haute Vallée de Chevreuse, La Ferme des Clos se présente comme une structure agricole alternative d’un genre encore peu répandu. Son organisation revêt un caractère expérimental. 

🐝 Six producteurs y travaillent de manière indépendante, permanente et complémentaire. Ils sont apiculteurs, jardiniers-paysans, maraîchers, arboriculteurs et houblonniers. D’autres sont de passage, à l’image de Cécile et Olivier, bergers itinérants, ou de Frédéric, éleveur de chevaux. Permaculture, biodynamie, agroforesterie…

En 2023, WE DEMAIN a noué un partenariat avec le Centre de Formation et de Perfectionnement des Journalistes (CFPJ). Quinze jeunes journalistes en contrat de professionnalisation ont travaillé à la production d’une série d’articles autour des initiatives dans les territoires. Retrouvez ici l’ensemble des sujets publiés sur la question.

La Ferme des Clos, un projet de ferme agroécologique collective

🧑🏻‍🌾 Les méthodes employées sur l’exploitation francilienne relèvent exclusivement de l’agroécologie, comme environ 3 000 fermes aujourd’hui en France. Pascal Valois, apiculteur de cinquante-sept ans, est à l’origine de ce projet de ferme agroécologique collective. Averse oblige et après avoir ôté ses baskets, il reçoit au dernier étage de sa maison, dans son bureau qui offre une vue d’ensemble sur les différentes parcelles de culture de l’exploitation.

Ferme des Clos.
Vue de l’exploitation depuis le bureau de Pascal Valois, apiculteur et initiateur du projet d’agriculture collective de la Ferme des Clos. Crédit : Clémence Nava.

🌾 Toutes les cultures sont développées selon les préceptes et les méthodes de l’agroécologie et de la permaculture, soit « l’observation dans la nature de solutions durables », résume Pascal Valois. C’est notamment le cas sur les parcelles de Romuald, maraîcher sur l’exploitation depuis 2019, qui pratique une agriculture 100 % biologique.

🥕 « Je n’utilise aucun intrant chimique, pas de pesticides, pas même de l’anti-limaces« , détaille-t-il tout en chargeant le coffre de sa voiture de légumes issus de ses serres. Mâche, mesclun, carottes, tomates, aubergines sont ainsi produits sans recours au travail mécanisé, ni labour. « Nous travaillons avec peu d’outils et uniquement en circuit court, souligne Pascal Valois. Ayant peu de moyens, nous contraignons moins le vivant et le respectons davantage.« 

Un mouton à cinq pattes comme symbole

🐑 L’aventure commence en 2016 lorsque Pascal, qui a aussi exercé les professions de thérapeute et maçon, reprend la ferme détenue par sa famille depuis plusieurs générations. « J’ai voulu me saisir du destin de cette ferme et lui donner un sens nouveau« , se souvient-il en portant son regard vers l’extérieur. Désignant l’écran de son ordinateur, l’apiculteur fait remarquer que le logo de la ferme représente un mouton à cinq pattes, comme pour symboliser l’idéal vers lequel chaque exploitant a consenti de tendre en s’établissant ici.

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Les serres de Romuald, maraîcher sur la Ferme des Clos depuis 2019. Crédits : Clémence Nava.

🐮 Dans un contexte où l’accès au foncier est malaisé pour les nouveaux agriculteurs, en raison notamment du droit rural qui favorise les locataires au détriment des propriétaires exploitants, il souhaite offrir à des porteurs de projets la possibilité de développer leur entreprise de production agricole. La ferme reçoit les soutiens de l’Union européenne et de la France ainsi que de la chambre d’agriculture d’Ile-de-France pour chaque nouvelle installation. 

L’union fait la force du projet

🐇 Regroupés au sein d’un collectif, les agriculteurs de La Ferme des Clos mutualisent certains outils de travail tandis que chacun mène son entreprise commerciale individuelle. « Les agriculteurs ne sont pas liés juridiquement, explique l’apiculteur. C’est une forme d’agriculture collective, relativement rare, qui garantit une indépendance sans pour autant empêcher le travail collectif. »

🍎 Avec une large variété de produits cultivés et plusieurs réseaux de distribution locaux, l’union fait la force de La Ferme des Clos. Pascal Valois n’en occulte pas pour autant les limites parfois rencontrées. « Tous les agriculteurs de la ferme ne sont pas propriétaires. Certains sont locataires et cela peut faire naître des dissensions quand il s’agit de rénover un bâtiment ou un chemin par exemple », concède-t-il.

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L’élevage de chevaux de Frédéric. Crédits : Clémence Nava.

Circuits courts et polyvalence à la Ferme des Clos

🍇 Romuald et Pascaline, elle aussi maraîchère, fonctionnent en AMAP et sans intermédiaire avec les consommateurs : « Nous ne proposons que des légumes de saison. Il n’y pas d’inflation pour le consommateur car le contrat qui nous lie ne peut pas être réévalué en cours d’année. » Les produits des deux maraîchers de la ferme sont distribués dans un rayon de moins de trente kilomètres.

👣 À cet égard, la ferme répond à un « besoin de transparence, de traçabilité et de confiance » exacerbé durant la crise sanitaire, observe Lamia Latiri-Otthoffer, chargée de mission « Agricultures et Innovations » à La Bergerie nationale de Rambouillet, un centre national de formation agricole piloté par le ministère de l’Agriculture.

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La houblonnière de la Ferme des Clos. Crédit : Clémence Nava.

🛒 Dans la boutique tenue par Marie, l’épouse de Pascal Valois, la clientèle se compose majoritairement d’habitants de Bonnelles et ses alentours. Arboriculteur à La Ferme des Clos depuis deux ans, Julien se prépare lui-aussi à effectuer des livraisons. « Nous vendons les petits fruits du verger-maraîcher aux restaurants locaux, à la boutique et au supermarché Carrefour de Bonnelles ».

Un modèle qui pourrait servir d’exemple partout en France

🥗 Pour Pascaline, maraîchère, « plus de micro-fermes comme celle-ci permettrait de peser dans la concurrence à la grande distribution et de manger plus sainement et local ». Mêmes constats pour Lamia Latiri-Otthoffer : le développement de modèles agricoles alternatifs tels que La Ferme des Clos pourrait répondre à la volonté du gouvernement d’accroître la part de production locale en produits frais. « 70 % de l’alimentation fraîche en France est importée !« , pointe-elle.

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Les cultures de Romuald, maraîcher à La Ferme des Clos. Crédit : Clémence Nava.

🛌 Autre aspect innovant de la ferme : son caractère évolutif et multifacettes. Parallèlement aux activités agricoles très diverses, La Ferme des Clos propose des chambres d’étapes pour les visiteurs de passage, des formations d’initiation à l’apiculture et au maraîchage et organise ponctuellement des fêtes et journées portes ouvertes. Dans les mois à venir, la ferme devrait aussi accueillir un marché de Noël et inaugurer un gîte.

Autrice : Clémence Nava

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