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Vive les Groues : un laboratoire de renaturation des sols à Nanterre

🌳 Entre les grandes feuilles caractéristiques du Paulownia Tomentosa se dessinent les barres de bureaux de la Défense et de Nanterre-Préfecture. Il est 18 heures, les costumes et attaché-cases se bousculent à la sortie du RER A. Mais à seulement 150 mètres du centre d’affaire, Douglas Inman, un retraité du quartier des Groues est venu arroser les jeunes arbres de la pépinière associative de Vive les Groues installée sur une friche industrielle revitalisée. 

🐝 En 2017, l’association Yes We Camp répondait à un appel à projet de La Défense pour transformer une friche industrielle de 9 000 m2 en y installant des associations, un jardin partagé et des animations pour les habitants (cours de yoga, d’anglais, ateliers jardinage, etc). Le projet retenu, la Région a financé la moitié des 400 000 euros nécessaires à sa réalisation. « Au 20e siècle, le site était occupé par une usine de fabrication de matériaux d’isolation, petite industrie typique de Nanterre, explique Douglas Inman. Quand elle est partie, l’espace est devenu une friche avec des carcasses de voitures à l’entrée. » Au fond du jardin, une serre et des ruches ont remplacés un tas de gravats de béton armé haut de 2 mètres. 

En 2023, WE DEMAIN a noué un partenariat avec le Centre de Formation et de Perfectionnement des Journalistes (CFPJ). Quinze jeunes journalistes en contrat de professionnalisation ont travaillé à la production d’une série d’articles autour des initiatives dans les territoires. Retrouvez ici l’ensemble des sujets publiés sur la question.

4 000 m3 de terres de chantier réemployées

🚜 Pour permettre une culture sur un sol caillouteux et appauvrie par des décennies d’activités industrielles, l’association a importé de la terre issue de chantiers d’Ile de France. « Sur les cinq îlots où le terrain est un peu surélevé, la terre vient d’un chantier de construction à Cergy-Pontoise où se trouvait une ancienne ferme qui allait être transformée en lotissements », désigne Douglas. Au total, 4 000 m³ de terre, l’équivalent de 50 poids lourds, ont été acheminés et réemployés.

Douglas Inman dans le jardin partagé de la friche. Crédit : Bleuenn Féquant.

🧑🏻‍🌾 Pour renaturer et revitaliser les sols, Vive les Groues a fait appel au savoir-faire des pépinières Daniel Soupe, installées dans l’Ain. Depuis 10 ans, la société est la seule en France à proposer le service Rhizosol. Ce procédé a pour objectif de rendre fertile un sol dont l’artificialisation a retiré ses fonctions nourricières. « Dès qu’une terre est remaniée, on l’abîme et elle est donc déséquilibrée au niveau biologique, explique Florent Gimet, pépiniériste chez les pépinières Daniel Soupe. Il faut alors raviver le sol en réactivant la vie microbienne. » Au préalable, des analyses de la terre pour identifier les bactéries d’intérêts sont effectuées. « Une fois sélectionnées, nous les multiplions en laboratoire pour les ré-inoculer sur le terrain », poursuit-il.

Une pépinière associative qui travaille notamment avec la Ville de Nanterre

🪵 Les éléments nutritifs dont se nourrissent ces bactéries sont apportés sous forme de compost et de copeaux de bois notamment. Selon Benoit Blusset, technicien horticole aux pépinières Soupe, l’opération est réplicable sur tous les chantiers à condition que les « équilibres physico-chimiques soient respectés. »

🌲 Dans la terre revitalisée de la friche des Groues, 214 arbres ont pris racine. 146 sont une commande de la Ville de Nanterre pour végétaliser les espaces publics du quartier. Les 68 Paulownia Tomentosa sont destinés aux futures gares du Grand Paris Express. En marchant à travers les herbes hautes du jardin, le retraité bénévole témoigne de la particularité du projet : « C’est assez inédit que les mairies fassent appel à des pépinières associatives, généralement elles ont les leurs. »

La pépinière associative de la friche urbaine Vive Les Groues. Crédit : Yes We Camp.

« Les déchets verts de la ville de Nanterre sont livrés ici »

🌴 Paulownia, chênes, frênes, cerisiers, merisiers… Les essences d’arbres présentes dans la pépinière de Groues sont nombreuses et variées. Elles ont surtout été choisies pour leur robustesse face au changement climatique et à leur rapide croissance (les essences allergènes comme les noisetiers ou les oliviers ont été laissé de côté). En attendant qu’ils soient matures et replantés à leur emplacement définitif, les jeunes arbres sont bichonnés.

🌱 Du compost fabriqué sur place est régulièrement ajouté au substrat dans lequel ils s’épanouissent. « Les déchets verts de la ville de Nanterre (désherbage, tontes, feuilles mortes…) sont livrés ici pour que nous les transformions », sourit fièrement Douglas Inman. La pépinière associative dispense également des cours de compost diplômants de deux semaines à destination des employés de la municipalité.

🍂 L’association devrait quitter cet espace transitoire à l’été 2026 avant d’être remplacée par des bureaux et aménagements pour la gare de RER. Une trentaine des 68 arbres à destination des gares du Grand Paris Express a déjà été déménagée au début du printemps 2023. Quant à la ville de Nanterre elle prépare, pour la fin de l’année, l’arrivée et la plantation d’une partie de ses futurs protégés.

Autrice : Bleuenn Féquant

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