🚜 Plus besoin de gaz, de fioul ni d’électricité ! Bernwiller, à une quinzaine de kilomètres de Mulhouse (Haut-Rhin), et ses 1 200 habitants se chauffent désormais au miscanthus, une plante écologique et économique. L’herbe à éléphant, appelée encore eulalie, est une graminée rhizomateuse originaire d’Asie qui ressemble à du roseau ou de la canne à sucre.

💧 Importée par le Danemark en 1935, elle n’apparaît en France que soixante-dix ans plus tard. En 1993, l’ancien maire d’Ammertzwiller, fusionnée aujourd’hui avec Bernwiller, en plante une première parcelle pour ses vertus assainissantes : il s’agit alors d’abaisser le niveau de nitrate de l’eau de la commune. Vingt ans plus tard, la commune a l’idée de récolter et d’utiliser le miscanthus sous forme de copeaux de biocombustible dans deux chaufferies communales.

Des bâtiments publics chauffés au miscanthus

🔥 Doté d’un pouvoir calorifique bien supérieur, il remplace avantageusement les plaquettes de bois. « Tous les bâtiments de la commune, les écoles et les églises sont chauffés au miscanthus. Soixante-dix logements ont demandé à être raccordés, et ils ne le regrettent pas », se félicite l’actuel maire Patrick Baud. Et pour cause : à 0,077 centime le kilowatt, on est très loin des prix des autres énergies…

💶 Damien Monnier, propriétaire d’une maison de 180 m2, ne paie pour le chauffage et l’eau chaude que 1 500 euros par an, abonnement compris : « Nous étions un peu inquiets au départ, mais nous avons fait une bonne affaire, c’est le meilleur rapport qualité-prix que je n’ai jamais eu », expliquait-il à l’AFP. Et ce n’est pas tout.

🏠 La plante permet d’autres usages. Le maire souhaite l’utiliser aussi comme isolant en rénovation de bâtiment – un cimentier a même déposé un brevet pour du béton de miscanthus, à l’instar du chanvre. Citons également le paillage horticole, les litières ou encore l’alimentation animale.

Une culture sans engrais ni produits phytosanitaires

⛽️ D’autres débouchés industriels se profilent. Au-delà de la dépollution des friches industrielles grâce au système racinaire très dense de cette plante, capable d’absorber les métaux lourds, le miscanthus pourrait devenir un biocarburant de deuxième génération plus performant que le blé ou le colza, et être incorporé dans certains bioplastiques.

🌾 Dernier avantage, et non des moindres, l’herbe à éléphant pousse seule, sans engrais ni produits phytosanitaires. Une douzaine d’agriculteurs la cultive sur 27 hectares à Bernwiller, attirant les visites d’élus et d’exploitants voisins. Selon l’association France Miscanthus, ce sont 11 000 hectares qui sont aujourd’hui cultivés en France, une surface qui a doublé en cinq ans.

Texte : Gérard Leclerc

Pour aller plus loin : france-miscanthus.org

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