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Essonne : un grand réseau de chaleur issue des sous-sols va sortir de terre

🔥 Branle-bas de combat ce jeudi 7 septembre, Jean-Marie Vilain reçoit huit maires et représentants des communes avoisinantes à la sienne. Objectif de la réunion : les convaincre du bien-fondé du projet de réseau de chaleur géothermique initié avec Philippe Rio, son homologue communiste de Grigny. « Si nous réussissions à rallier les autres villes avoisinantes, nous deviendrions la première société d’exploitation des énergies renouvelables de France« , avance avec engouement le maire divers droite de Viry-Chatillon. 

💦 Car dans les sous-sols de ces communes de l’Essonne, certaines classées parmi les plus pauvres de France métropolitaine (Grigny, Corbeil-Essonnes, Évry, Ris-Orangis…) bouillonne une insoupçonnable mine d’or. A près de 2000 mètres de profondeur se trouve un immense bassin sédimentaire aquifère, dénommé le Dogger, qui renferme une eau naturellement chauffée entre 55 et 85 °C. La technique de la géothermie prévoit de pomper les eaux chaudes souterraines, d’en évacuer la boue, et d’envoyer l’eau chaude jusque dans les radiateurs des bâtiments. Un tel système, pleinement déployé, permettrait d’assurer l’autonomie énergétique de ces communes.

géothermie Ris-Orangis
Le nouveau forage géothermique sur la commune de Ris-Orangis. Crédit : Ville de Grigny.

En 2023, WE DEMAIN a noué un partenariat avec le Centre de Formation et de Perfectionnement des Journalistes (CFPJ). Quinze jeunes journalistes en contrat de professionnalisation ont travaillé à la production d’une série d’articles autour des initiatives dans les territoires. Retrouvez ici l’ensemble des sujets publiés sur la question.

Une structure publique née il y a dix ans

🏗️ Pour encadrer les opérations, une Société publique locale (SPL) a été fondée en 2014, la société d’exploitation des énergies renouvelables (SEER). Dix années plus tard, la structure publique (au capital, Grigny à 30 %, Viry-Chatillon à 20 % et le SIPPEREC, syndicat mixte, à 50 %) permet de chauffer la maison d’arrêt de Fleury-Merogis et ses 3 700 détenus, mais aussi 55 bâtiments publics et 23 000 habitations. Les 5 000 logements de la résidence de Grigny 2, l’une des plus grandes copropriétés d’Europe, profitent de ce système depuis 2017, année de mise en service du premier forage géothermique. 

🏭 Un deuxième puits a été inauguré cette année à Ris-Orangis (Essonne) pour alimenter également les communes de Fleury-Merogis et Sainte-Geneviève-des-Bois. Mais sur ce territoire essonnien, une dernière pierre d’achoppement empêche la réalisation du passage au tout géothermique : un contrat de gaz signé par un précédent bailleur social lie encore le quartier de la Grande Borne de Grigny à Engie… jusqu’en 2030 !

Unis pour la fin du contrat

📝 Dans ce quartier, un collectif a été créé par plusieurs de ses habitants, engagés pour « la justice énergétique ». Ils ont aussi mis en ligne une pétition « La géothermie à la Grande Borne ». Ces Grignois, convaincus de l’intérêt du projet de leur maire, cherchent eux aussi un moyen de mettre fin au contrat avec le principal fournisseur de gaz français.

💶 Première piste : accepter de payer des pénalités de rupture de contrat pharamineuses. Il en est hors de question pour le nouveau bailleur social du quartier, Les Résidences Yvelines Essonne, tout aussi en phase avec le futur projet géothermique. En juin dernier, les membres du collectif tentaient de rallier à leur cause Jean-Louis Borloo en déplacement à Grigny pour les 20 ans de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) qu’il a fondée lorsqu’il était ministre délégué à la Ville (2002-2004).

📈 Du côté d’Engie, la SOCCRAM, sa filiale chargée d’exploiter le réseau de chaleur du quartier, assure avoir contacté la SEER pour proposer d’augmenter la part de géothermie dans le mix énergétique du réseau. Mais en face, la société publique ne confirme pas : « Engie ne peut pas prendre la paternité de ce projet, c’est nous qui les avons contactés, nous avons fait les démarches pour augmenter la part de géothermie (20%) dans le mix énergétique du quartier« , répond Martine Flamand, directrice générale de la SEER. 

47 000 logements et 100 bâtiments connectés d’ici 2028

📨 Face à cette situation, Philippe Rio évoque un « drame« , celui « de ne pas permettre aux familles de ce quartier de pouvoir bénéficier de cette énergie propre et pas chère. » La récente explosion des prix du gaz a mis certains Grignois sur le carreau. « Cette année, Engie a annoncé une régularisation de 350€ aux habitants du quartier, explique Brahim Allam, un résident de la Grande Borne, 52 ans, ancien salarié de l’usine Bergams en reconversion professionnelle. Certains de mes voisins ont reçu des courriers pour impayés, sans parler de la hausse des provisions mensuelles qui s’élèvent depuis six mois à 126€. » A l’inverse, Aymeric Duvoisin, directeur de cabinet du maire de Grigny, est formel : « Depuis la mise en service du réseau de géothermie, la facture de chauffage des foyers qui bénéficient de cette source d’énergie a diminué d’environ 30 % !« 

🎯 L’objectif final : à l’horizon 2028, de Juvisy-sur-Orge à Saint-Michel-sur-Orge en passant par Grigny, cet immense réseau de chaleur géothermique doit raccorder 47 000 logements et plus de 100 bâtiments publics. Pour Philippe Rio, « développer la géothermie c’est développer un outil 100 % local et 100 % public, c’est l’une des meilleures réponses pour répondre aux enjeux écologiques mais aussi pour agir sur le pouvoir d’achat. »

Auteur : Adriano Tiniscopa

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