Zéphyr Solar, un cerf-volant photovoltaïque à l’aide des populations sinistrées

Des cerfs-volants géants qui alimentent les populations de zones sinistrées en énergie après une catastrophe naturelle. C’est l’invention qu’ont mise au point Julie Dautel et Cédric Tomissi, il y a deux ans, lors de leurs études de design industriel. Cherchant une façon d’allier l’esthétique à l’écologie, les deux amis ont créé Zéphyr Solar, un objet à mi-chemin entre le ballon et le cerf-volant, dont le prototypage débutera le 1er juillet.
 

« Le photovoltaïque, c’est l’avenir. Nous avons donc voulu créer un objet qui permette de produire de l’énergie là où on en a besoin », explique Cédric Tomissi.

 
Selon ses créateurs, il s’agit d’un « kit énergétique complètement autonome, qui offre une alternative aux générateurs classiques à base d’énergies fossiles ». Il se présente sous la forme d’un boîtier d’1m3. À l’intérieur, on trouve un ballon de trois mètres de diamètre, recouvert d’un matériau photovoltaïque léger. De même qu’un câble électrique permettant de transférer l’énergie produite vers un caisson situé au sol.

Pour que ce kit ait un impact social maximal, ses concepteurs l’ont imaginé à destination des « populations en situation d’urgence et coupées de ressources énergétiques locales ».

Pour gonfler le ballon – et donc lui permettre de s’élever -, le kit comprend un électrolyseur capable de fabriquer l’hydrogène à partir de neuf litres d’eau. Plus léger que l’air, ce gaz est introduit dans le ballon, qui s’envole.
 

« Nous nous appuyons sur le principe physique de la flotte volumique, le même qui fait qu’une balle de ping-pong jetée dans l’eau flottera toujours sur sa surface », explique Cédric Tomissi. 

Au sol, le boitier abrite une mini station d’alimentation électrique, munie de neuf batteries permettant de fournir l’énergie produite par le ballon, et d’en stocker l’excédent.

Il suffit de douze heures, à compter de l’installation du dispositif, pour que de l’énergie commence à être produite. Celle-ci permettra d’alimenter un hôpital de fortune, de fournir de la lumière et du chauffage et de mettre en place un réseau de communication dans un campement.

Pourquoi avoir choisi de recueillir l’énergie solaire dans les airs, et non à même le sol ?
 

« Le ballon s’oriente pour capter un maximum de soleil, sur une surface bien plus grande qu’un toit ou une tente, et sans les effets d’ombres qui posent souvent problème avec les panneaux photovoltaïques posés sur le sol », précise l’entrepreneur.

Autre avantage de ce ballon flottant, sa mobilité : « La plupart des dispositifs photovoltaïques classiques sont très lourds, tandis que le nôtre est facile à mettre en œuvre un peu partout ». À terme, Zéphyr Solar sera d’autant plus adaptable qu’il se déclinera en différentes versions, en fonction des lieux et des besoins.

« Nous designons aussi des modèles plus mobiles : souples, pliables et sans batterie. Ces derniers permettront, par exemple, à une équipe médicale de mener des campagnes de vaccination dans la jungle. Le ballon passera alors au-dessus des arbres, et une fois la mission terminée, il lui suffira de le replier », poursuit Cédric Tomissi.

 
Pour rendre de tels usages possibles, les créateurs de Zéphyr Solar ont porté une attention toute particulière à l’enveloppe photovoltaïque du ballon. Grâce à la superposition de différentes matières, « des sortes de couches vernies brevetées mais non révélées pour l’instant », celle-ci est étanche, résistante aux UV et imperméable aux gaz issus de la production d’hydrogène, potentiellement explosifs.
 

« La gestion des risques constitue notre plus grosse part en recherche et développement », précise Cédric Tomissi.

Pour ses recherches, l’équipe à l’origine de Zéphyr Solar a été récompensé par plusieurs prix, dont celui du challenge Humanitech en juin 2014, un concours étudiant dédié à l’invention humanitaire. Plus récemment, en mai 2015, elle a remporté le prix Cent jours pour entreprendre.

Autant de distinctions dont les dotations ont permis à Julie Dautel et Cédric Tomissi de réunir les fonds nécessaires pour créer, bientôt, une start-up. Les deux entrepreneurs bénéficient aussi d’un accompagnement technique de deux ans offert par EDF, de même que l’aide de neuf étudiants ingénieurs de l’EI-CESI Nanterre . Aujourd’hui intégrés à l’incubateur de start-up Sciences po Entrepreneurs, ils espèrent commercialiser leurs premiers Zéphyr en 2016.

Plusieurs ONG se sont d’ores et déjà montrées intéressées par Zéphyr Solar, dont la Croix Rouge et l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR ). S’il n’a pas encore établi de prix de vente de son invention, Cédric Tomessi en est certain : Cette dernière permettra bientôt de porter assistance à des populations en détresse, grâce à l’énergie du soleil.

Lara Charmeil
Journaliste à We Demain
@LaraCharmeil

Cette initiative sera présentée dans le cadre de l’Impact Journalism Day, organisé par Sparknews le 20 juin.

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