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Bioplastiques : sont-ils vraiment écologiques ?

Les bioplastiques : un mot, plusieurs définitions

Il n’existe pas de définition officielle du mot bioplastique. Mais ce terme est en général utilisé pour désigner deux matières très différentes. 

1) Les plastiques « biosourcés », fabriqués à partir de matières premières agricoles, comme le sucre de canne, le maïs, le manioc, la pomme de terre, le chardon… 

2) Les plastiques « compostables », censés se dégrader en présence d’autres déchets organiques. Ces plastiques peuvent être issus du pétrole. Deux normes françaises permettent de les reconnaître officiellement : la première est symbolisée par le logo « OK compost » et désigne les plastiques capables de se dégrader en condition de compostage industriel. Le logo de la seconde est « OK compost home » et il indique que ces plastiques sont aptes au compostage domestique. Quant à l’appellation « biodégradable », elle est interdite sur les emballages depuis 2010, car elle n’est pas assez précise.

Cet article a initialement été publié dans le cadre du grand dossier « Un été zéro plastique » du WE DEMAIN 100 % ado n° 3, disponible en kiosque et sur notre boutique en ligne

Des biosourcés pas bio du tout

L’avantage des plastiques biosourcés, c’est qu’on n’utilise pas de pétrole pour les fabriquer, mais des matières renouvelables. Les inconvénients de ces matières sont cependant nombreux. Pour cultiver les végétaux qui les composent, on a besoin de terres et d’eau. Beaucoup. Par exemple, pour fabriquer une tonne de PLA (l’acide polylactique, qui est l’un de ces plastiques biosourcés, utilisé pour fabriquer des sacs-poubelles par exemple), il faut 2,39 tonnes de maïs, 0,37 hectare de terre et 2 921 m3 d’eau. Il y a de grandes chances, par ailleurs, pour que ce maïs soit un organisme abondamment arrosé de pesticides. 

La canne à sucre est aussi une plante couramment utilisée pour produire du biosourcé. Elle vient souvent du Brésil, où elle est cultivée de façon très polluante et destructrice de la biodiversité.

Que peut-on reprocher d’autre à ces biosourcés ? Ils ne sont pas recyclables dans les filières classiques et sont la plupart du temps mélangés à du plastique issu du pétrole lors de leur production. Et puis, « biosourcé » ne veut pas forcément dire compostable. Ces plastiques peuvent mettre autant de temps que du plastique classique à se décomposer dans la nature.

À lire aussi : Avec le nouveau WE DEMAIN 100 % ado, passez un été zéro plastique

Des bioplastiques compostables pas si compostables

Ce serait une très mauvaise idée de penser qu’un sac « OK compost » ou « Ok compost home » peut être jeté sans dommage dans la nature. Car il leur faut des conditions très précises pour se dégrader. Ils doivent d’abord être en faible quantité par rapport aux déchets organiques. Si tu compostes un « OK compost home » chez toi, il faut brasser ton compost toutes les semaines, en contrôler l’humidité, sa température doit tourner autour de 25 °C dans les trois premiers mois…

Les chances de succès sont meilleures dans un composteur industriel, très contrôlé, qui fonctionne à 60 °C. Là, un sac compostable se dégrade en théorie au bout de 12 semaines. Mais encore faut-il avoir un service de ramassage des déchets organiques dans sa ville. C’est encore rare.

Des innovations porteuses d’espoir

Le bilan des bioplastiques n’est donc pour l’instant pas particulièrement écolo. On peut cependant espérer que les découvertes récentes (et peut-être d’autres dans le futur) les rendent plus intéressants. Voici trois exemples qui donnent envie d’y croire. 

  • En 2019, une étudiante anglaise a présenté un bioplastique à base de peaux de poisson, qui sont jusque-là des déchets inutilisés, et d’algues rouges. Ce biosourcé n’accapare donc pas les terres, comme le font ceux issus du maïs ou de la canne à sucre. Et il est aussi compostable, puisqu’il se dégrade en six semaines.
  • En 2020, des chercheurs américains ont trouvé une bactérie vivant dans les mangroves, ces forêts tropicales en bord de mer. Son nom ? Zobellella denitrificans ZD1. Cet être vivant microscopique est capable de transformer les boues de nos eaux usées en polyhydroxybutyrate, un polymère dont les chercheurs assurent qu’il est biodégradable.
  • En 2021, une autre équipe de scientifiques américains a mis au point un bioplastique à base de déchets de bois, qui se dégrade en trois mois.

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