Partager la publication "“Des bus électriques dans nos villes, c’est pour bientôt”"
Longtemps persona non grata dans les transports en commun, la fée électricité s’y invite de plus en plus, sous l’impulsion d’acteurs publics et privés enfin sensibilisés aux bienfaits d’un monde où les émissions de gaz carbonique seraient devenues l’exception. L’idée de bus hybrides, voire complètement électriques, prend corps. Un petit coup d’œil en arrière permet pourtant de se rendre compte qu’elle n’est pas récente, loin s’en faut. Mais ce n’est que récemment que sa mise en œuvre à grande échelle est devenue possible.
Le bus électrique, du cinéma ?
Mais quand même, ce n’est pas l’explosion attendue. Pour la simple et bonne raison que le moteur à explosion, justement, fait d’énormes progrès durant la Première guerre mondiale, damant le pion à l’électrique et à l’hybride. Dans les années 20, les trolleybus voient le jour, mais connaitront un développement là encore marginal. Et pour cause, les infrastructures coûtent cher, il faut installer des lignes aériennes à contact bi-filaire.
4 500 bus électriques à Paris en 2025
L’ambition est grande. Les moyens mis en œuvre devraient suivre. Dès décembre, la RATP compte investir dans des bus hybrides, épaulée par EDF, qui devrait conduire des tests afin « d’étudier les conditions de bonne exploitation, les avantages et les limites de ces bus ». La RATP compte également sur Ellisup, un bus tout électrique permettant l’économie de 60 tonnes de CO2 par rapport à un bus classique, et offrant une autonomie de 8 à 12 km. Une à quatre lignes test seront mises en place d’ici 2016, pour un prix compris dans une fourchette de 10 à 40 millions d’euros.
Cet aggiornamento a un coût. A titre indicatif, on estime qu’un bus hybride coûte en moyenne 40 % plus cher que son homologue thermique. Un prix qui devrait toutefois être revu à la baisse dans les prochaines années, concurrence entre les constructeurs oblige. Mais le reproche principal formulé à l’encontre de ces nouveaux arrivants reste celui de la provenance de l’électricité qu’ils consomment, d’origine essentiellement nucléaire.
La RATP s’est engagée à ce que ses appels d’offres comprennent une part d’électricité verte. Pour le reste, si le nucléaire ne présente évidemment pas une empreinte écologique neutre, il reste infiniment moins toxique pour l’environnement que le diesel en général utilisé. On peut rêver d’un monde où l’électricité alimentant les bus proviendra uniquement des énergies renouvelables, en attendant, le mieux est l’ennemi du bien, et il serait dommage de se priver de cette technologie sous prétexte qu’elle n’est pas encore optimisée. D’autant que les bus électriques présentent un autre avantage de taille : ils contribuent aussi à la réduction de la pollution sonore, émettant un niveau de bruit de 65 décibels environ, soit celui d’une conversation normale.
Pierre-Emmanuel Bayan est chef de projet énergies renouvelables.