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La France parée pour la révolution des « smart cities »

TRIBUNE. Par Judith Roussel, auditrice spécialisée dans la mobilité pour le cabinet d’audit canadien WWS.

Le 09/04/2015 par WeDemain
TRIBUNE. Par Judith Roussel, auditrice spécialisée dans la mobilité pour le cabinet d'audit canadien WWS.
TRIBUNE. Par Judith Roussel, auditrice spécialisée dans la mobilité pour le cabinet d'audit canadien WWS.

Shanghai, Séoul, et maintenant Lyon, Nantes, Lille… La révolution des villes « intelligentes » est en marche. Le 3 avril se tenait le premier forum « Smart City Bordeaux ». Notre contributrice y était. Elle revient sur les projets présentés lors de cet événement, qui soulèvent autant d’enthousiasme que d’interrogations.

Les diseuses de bonne aventure peuvent ranger leur boule de cristal au placard. On sait dorénavant de quoi sera fait le futur de nos métropoles et cela tient en deux mots : « Smart city » (« ville intelligente », en français). Une révolution qui consiste à repenser totalement l’espace urbain et l’interaction entre les différents acteurs de la ville. 

Le concept de « smart city » s’appuie sur les progrès fulgurants des nouvelles techniques de l’information et de la communication (NTIC). L’objectif : répondre à nos besoins futurs, tant sur le plan économique, social et environnemental. Un mouvement inéluctable, selon certains observateurs, pour qui nous entamons une « troisième révolution industrielle » capable d’inscrire les métropoles dans une dynamique de développement durable, alors que les ressources énergétiques traditionnelles se tarissent.

Analyses en temps réel

Partout dans le monde, des  villes se tournent ainsi vers les « smart grids », ces réseaux intelligents grâce auxquels il est possible d’analyser la consommation des foyers en temps réel. Le but ? Réguler la production d’énergie et éviter le gaspillage.

En France, le boîtier Linky, développé par ERDF, est l’un des signes précurseurs de cette révolutions. Son compteur intelligent, aussi appelé « smart meter »,  entend permettre aux Français de suivre leur consommation d’électricité et de l’ajuster en fonction de leurs besoins. Avec, à la clé, des économies sur leur facture.

Internet des objets

Autre priorité des villes intelligentes : la gestion intelligente du trafic autoroutier, censée apporter une solution aux problèmes de pollution. Si les services de voitures électriques et de vélos à la demande se multiplient à travers le monde, certaines villes ont en plus recours aux data pour réguler le trafic, à l’image de Londres ou Shanghai, l’une des « smart cities » les plus à la pointe.

C’est là, dans la ville la plus peuplée de Chine, qu’est actuellement expérimenté un programme de « numérisation complète ». Celui-ci vise à accompagner ses habitants tout au long de leur journée, de leurs emplettes à leur rendez-vous chez le médecin, en passant par leur lieu de travail. Bienvenue dans l’ère de « l’Internet des objets » : à l’avenir, notre quotidien sera connecté, mesuré, analysé, optimisé.

Lyon, la première ville « smart » de France

Si en matière de villes intelligentes, Copenhague et Séoul font également figure d’exemple, la France n’est pas en reste dans cette course à l’innovation. En tête du palmarès des villes françaises les plus « intelligentes » selon la société M2ocity, Lyon. La cité rhodanienne est notamment une ville pilote en matière de smart grids.
 
En seconde position, on retrouve Lille, qui mène depuis des années une politique volontariste, notamment en matière de gestion intelligente de l’eau. Dans son sillage, c’est toute la région Nord-Pas-de-Calais qui s’est lancée dans un « master plan » pour des lendemains plus durables, avec l’appui de l’économiste Jeremy Rifkin. En à la troisième place du classement, la ville de Nantes qui, en 2013, recevait le titre européen de « Green capitale ».

En France, une autre de ces villes en mutation est Nice, dont le « Smart city innovation center » a ouvert ses portes en mars. Cette plateforme collaborative rassemble les acteurs de la recherche, de l’enseignement et les entreprises spécialisées dans le but d’imaginer la ville de demain. 
 
Si le concept de ville intelligente ne fait pas encore l’unanimité sur l’ensemble du territoire français, de plus en plus de municipalités sont séduites par ses applications et se mettent à leur tour à les tester.

Flou juridique

Pour les plus impatients, cette phase expérimentale peut être frustrante. Mais elle est essentielle et accouche déjà de résultats. En témoigne le compteur Linky, dont l’installation dans nos foyers est imminente et concernera bientôt l’ensemble des Français. La ville intelligente est à la porte de nos domiciles !
 
Reste que cette réorganisation de la ville doit être encadrée par la loi. La ville de demain va récolter de nombreuses données sur nos comportements, nos habitudes, nos déplacements… Comment et par qui la gestion de ces données va-t-elle être assurée ? Si demain, une voiture conduite par ordinateur a un accident, qui sera responsable ? Autant d’interrogations auxquelles il va rapidement falloir apporter des réponses… Car le mouvement s’accélère.

 

Judith Roussel est auditrice spécialisée dans la mobilité pour l’entreprise d’audit canadienne WWS. 

Contact : judith.roussel@outlook.com 

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