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« Les énergies marines ont le vent en poupe »

Encore balbutiantes, les énergies marines ont vocation à prendre de l’ampleur en France grâce à l’étendue de son littoral. Passage en revue des installations.

Le 01/08/2014 par WeDemain
Les moutons mérinos, capables de survivre à  de faibles et fortes tempértures. (Crédit : DR)
Les moutons mérinos, capables de survivre à  de faibles et fortes tempértures. (Crédit : DR)

Encore balbutiantes, les énergies marines ont vocation à prendre de l’ampleur en France grâce à l’étendue de son littoral. Passage en revue des installations, en cours ou abouties. ​

 
Pour le ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, les énergies renouvelables marines sont « un ensemble de technologies qui permettent de produire de l’énergie, notamment de l’électricité, à partir de différentes ressources du milieu marin ». Cela intègre donc la production d’énergies marémotrices, qui utilise les mouvements de flux et de reflux des marées, l’énergie hydrolienne, qui se sert des courants marins, l’éolien offshore ou encore l’énergie thermique des mers, qui exploite les écarts de température entre les eaux de surface et les eaux profondes. Autant de ressources qui pourraient représenter 5 % de la consommation d’électricité en France d’ici 2030, à en croire les estimations de la Commission européenne. 

Energie marémotrice, la France a une marée d’avance

La France possède en effet une usine marémotrice sur la Rance (Bretagne) depuis 1966.  « Au départ, elle a été conçue comme un prototype destiné à tester la résistance des matériaux à l’eau salée », explique Jean-Paul Bouheret, directeur du groupe d’exploitation hydraulique Ouest chez EDF. Près de cinquante ans plus tard, elle reste l’une des deux seules usines marémotrices au monde, avec l’usine de Shiwa, en Corée du Sud ».
 
L’énergie marémotrice n’est pas la seule ressource sur laquelle la France peut compter. D’autres énergies au potentiel intéressant sont à ce jour plus développées, comme l’énergie produite par les courants marins, l’énergie hydrolienne. En effet, les zones les plus propices sont celles où la vitesse des courants est supérieure à 1m/s et où la profondeur d’eau est d’au moins 20 cm. Compte tenu de ces critères, la France posséderait à elle seule 20% du potentiel européen exploitable. D’après Hydrohélix Energies, la côte métropolitaine présente un potentiel naturel de plus de 6 GW, notamment grâce aux littoraux bretons et normands où plusieurs sites ont des courants suffisamment importants. 

Les entreprises françaises ne souhaitent pas laisser filer cette occasion d’exercer un leadership européen, et les investissements qu’elles réalisent dans l’énergie hydrolienne tendent à le confirmer. L’entreprise de construction navale DCNS vient par exemple de racheter la start-up irlandaise OpenHydro, qui a développé une turbine pour hydroliennes, pour un montant de 130 millions d’euros. DCNS parie sur l’hydrolien depuis 2010 et vise un chiffre d’affaire d’un milliard d’euros en 2025. EDF, qui investit de plus en plus dans les énergies marines,  a apporté son aide au projet en permettant à DCNS de tester sa turbine en conditions réelles au large de l’île de Bréhat, dans les Côtes d’Armor.

Un potentiel important à exploiter

Le développement de l’énergie hydrolienne semble donc bien amorcé. Ce n’est pas encore tout à fait le cas de l’énergie thermique des mers malgré, là encore, un fort potentiel. La ressource mondiale théorique permettrait de produire environ 10 000 TWh/an dans les zones intertropicales. Cette énergie peut être exploitée de nuit comme de jour, tout au long de l’année.  La France, une fois de plus, est bien lotie. La zone des DOM-COM est particulièrement intéressante pour expérimenter l’énergie thermique des mers et cette technologie pourrait contribuer à l’autonomie énergétique de ces territoires isolés.

L’éolien offshore est l’énergie marine renouvelable la plus développée. Concrètement, les éoliennes utilisent le vent pour produire de l’électricité qui est ensuite exportée à terre par des câbles sous-marins. Selon une étude de l’Agence Internationale de l’Energie conduite en 2000, le potentiel européen techniquement exploitable serait de l’ordre de 313 TWh/an, si l’on considère les sites à moins de 20 km des côtes et de moins de 20 m de profondeur. La France capte une partie non négligeable de ce potentiel. 
 
Depuis quelques années, les investissements sur les littoraux français se succèdent. Depuis avril 2012, six parcs éoliens off-shore ont été commandés, pour une puissance totale de 3 000 MW environ ; le Grenelle de l’environnement avait fixé un objectif de 6 000 MW d’ici 2020. Une telle puissance devrait fournir l’équivalent de la consommation annuelle de 4.5 millions de foyers. La route est encore longue mais la France semble avoir pris son rythme de croisière.   

Début juillet, un projet français de centrale flottante, NEMO, a ainsi été désigné lauréat d’un programme européen et a été doté d’un financement de 72 millions d’euros. La centrale, qui devrait fonctionner en Martinique, devrait entrer en service d’ici 4 ans. Une preuve supplémentaire du leadership français en la matière. 

Fabien Chatel est chef de projet chez ITE.

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