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A Lisbonne, l’ONU déclare « l’état d’urgence des océans »

« L’océan n’est pas un dépotoir. Il n’est pas une source de pillage infinie. C’est un système fragile dont nous dépendons tous. » C’est par ces mots forts que le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a lancé un cri d’alerte. Lisbonne, la capitale portugaise accueille du 27 juin au 1er juillet la Conférence des Nations Unies sur les océans de 2022. « Malheureusement, nous avons pris l’océan pour acquis. Nous sommes actuellement face à ce que j’appellerais un état d’urgence des océans« , a-t-il ajouté.

« Notre échec à préserver l’océan aura des effets en cascade », a prévenu António Guterres dans son discours d’ouverture. En écho à cette mise en garde, le président de l’archipel des Palaos, Surangel Whipps Jr., a, lui, plaidé en faveur d’un moratoire pour protéger les océans. Et notamment l’exploitation des métaux rares. « L’exploitation minière des fonds marins compromet l’intégrité de notre habitat océanique et devrait être découragée dans la mesure du possible« , a-t-il avancé.

Un appel à moratoire sur l’exploitation minière des fonds marins

Un appel renforcé par les deux députées européennes d’origine française Marie Toussaint et Caroline Roose. Ainsi que par l’Honorable Ralph Regenvanu, anthropologue et homme politique vanuatais. Les trois sont à l’initiative d’une « déclaration parlementaire mondiale pour un moratoire sur l’exploitation minière des grands fonds marins« . Le texte dénonce la course à l’extraction de métaux rares, qui entrent dans la fabrication de batteries. Batteries dont il existe déjà des alternatives avec un impact moindre sur la planète. « La transition verte ne doit pas se faire au détriment de la biodiversité et de la plus grande source de carbone naturel de notre planète », peut-on lire dans la déclaration.

La principale crainte est l’élaboration d’un Code minier qui pourrait être adopté dès juillet 2023. Ce dernier ouvrirait alors la voie à l’exploitation de ces grands fonds marins. Une crainte partagée par plusieurs ONG, à commencer par Greenpeace. L’association a exprimé son souhait de voir la France s’opposer à l’exploitation minière des fonds marins. Et que le pays ne reste pas « aux abonnés absents de cet enjeu ».

« L’état d’urgence des océans » en chiffres

Sur son site, l’ONU rappelle que « avec 90 % des populations de gros poissons déjà épuisées et 50 % des récifs coralliens détruits depuis les années 1950, nous prenons plus de l’océan que ce qui peut être reconstitué. » L’objectif est donc dans un premier temps de « conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable. » Pour cela, il faut absolument réduire la pollution marine. Il faut aussi réglementer l’exploitation des poissons. Et mettre un terme dans les plus brefs délais possibles à la surexploitation, à la pêche non réglementée et aux pratiques de pêche destructrices. Ce n’est que dans ces conditions qu’on peut espérer restaurer le plus rapidement possible les stocks de poissons.

Mais un rapport des Nations unies pointe aussi du doigt le fait que « 70 % des récifs coralliens dans le monde sont menacés« . Parmi eux, « 20 % ont déjà été détruits sans espoir d’amélioration, 24 % risquent de disparaître et 26 % supplémentaires sont menacés à long terme ». En outre, « alors que 40 % de la population mondiale – 3,1 milliards de personnes – vit à 100 km d’un océan, l’effondrement des écosystèmes côtiers est particulièrement problématique ».

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