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Cinq solutions du Pacte civique « pour le plein emploi en France »

Alors que la France compte plus de cinq millions de demandeurs d’emplois (+ 0,4 % en mars), un ouvrage de la journaliste Anne Dhoquois livre des pistes de réflexions pour en finir avec le chômage. We Demain a sélectionné cinq de ces solutions, portées par des membres du Pacte civique. Leur conviction : nous sommes tous des entrepreneurs en puissance.

Le 29/04/2015 par WeDemain
Alors que la France compte plus de cinq millions de demandeurs d'emplois (+ 0,4 % en mars), un ouvrage de la journaliste Anne Dhoquois livre des pistes de réflexions pour en finir avec le chômage. We Demain a sélectionné cinq de ces solutions, portées par des membres du Pacte civique. Leur conviction : nous sommes tous des entrepreneurs en puissance.
Alors que la France compte plus de cinq millions de demandeurs d'emplois (+ 0,4 % en mars), un ouvrage de la journaliste Anne Dhoquois livre des pistes de réflexions pour en finir avec le chômage. We Demain a sélectionné cinq de ces solutions, portées par des membres du Pacte civique. Leur conviction : nous sommes tous des entrepreneurs en puissance.

Recréer le plein emploi : une utopie réaliste. Ce petit livre de moins de cent pages, qui vient de paraître aux ateliers henry dougier a pour ambition de « donner à voir des actions concrètes porteuses de solutions » au « fléau du chômage ».

L’auteure de cet ouvrage, la journaliste Anne Dhoquois a pour cela recueilli les points de vue d’acteurs du pacte civique, un collectif d’associations et de membres de la société civile signataires d’un appel à la mobilisation citoyenne. Ces derniers dressent un état des lieux du marché du travail et promeuvent les initiatives existantes qui permettraient, selon eux, de revenir au plein emploi.

À l’occasion de cette publication, ces différents acteurs avaient rendez-vous à l’Assemblée Nationale, dans le cadre d’une conférence intitulée « Fête du travail, faites des emplois ». We Demain y était. Tour d’horizon des solutions proposées par cinq des membres de cette croisade pour l’emploi.
 

 

« L’économie sociale et solidaire pour développer les territoires »

Par Matthieu Grosset, fondateur de Juratri .

« Pour sortir les gens du chômage de longue durée, il faut avant tout penser à créer des structures les aidant à se réinsérer dans la vie active. Avec Juratri, notre société coopérative et participative (Scop) , c’est ce que nous proposons. La moitié de nos 115  salariés est en voie de réinsertion. Nous les accompagnons vers des emplois durables, dans les secteurs de la collecte, du tri, du recyclage et du démantèlement de déchets. Basés dans le Jura, nous accompagnons, formons les chômeurs de longue durée et revitalisons ainsi un territoire touché par la désindustrialisation.

Si nous avons le statut de Scop, dont la gouvernance démocratique et la répartition des résultats vise en priorité la pérennité des emplois et du projet d’entreprise, nous souhaitons à présent allier le social au développement territorial. Notre idée est d’expérimenter différentes formes de travail en nous intégrant dans un pôle territorial de coopération économique (PTCE), un regroupement d’initiatives, d’entreprises et de réseaux de l’économie sociale et solidaire.

Cela, dans le but de recréer une société de la confiance qui nous éloigne des mécanismes de contrôle qu’on met en place pour tout et n’importe quoi. En créant des emplois tout en assurant une qualité de service, nous démontrons que séparer l’économie sociale et solidaire de l’économie classique est absurde. »

 

« Répondre aux besoins non couverts en réallouant les allocations »

Par Patrick Valentin, fondateur d’ATD Quart monde.

« Comme il n’y a pas assez d’emplois pour tout le monde, nous devons en créer d’autres. Et que pour ce faire, il faut rendre solvables des marchés qui ne le sont pas nécessairement. Livrer le pain à domicile pour des personnes âgées, par exemple, est une réelle nécessité sur certains territoires.

Avec notre projet « Territoires zéro chômeur de longue durée », nous cherchons à recenser et combler des besoins non couverts, car peu rentables, en créant des entreprises « non conventionnées ». Ces entreprises paieront les personnes grâce à un financement tripartite (entreprise / État / collectivités), tout en faisant en sorte que les budgets publics n’augmentent pas. C’est possible, en s’appuyant sur différents acteurs au niveau local. Quatre territoires se sont déjà portés candidats.

Les différentes collectivités locales vont créer un comité territorial qui implique des entreprises et des citoyens. En amont, un comité exécutif rencontrera les demandeurs d’emploi de longue durée et les interrogera sur ce qu’ils ont fait, ce qu’ils savent faire et ce qu’ils sont prêts à apprendre. 

Seul frein : il nous faut avancer sur le vote d’une loi d’expérimentation. Si nous y parvenons, l’État pourrait opérer un transfert des budgets : les 15 000 euros par an et par chômeur qui correspondent au financement actuel de l’inactivité, seraient utilisés pour financer les emplois supplémentaires. »

 

« Aider les chômeurs à devenir des micro-entrepreneurs »

Par Maria Nowak, fondatrice de l’Association pour le droit à l’initiative économique (Adie).

« Il faut savoir qu’un tiers des entreprises qui sont créées chaque jour le sont par des chômeurs. C’est pourquoi, à l’Adie, nous développons de nouveaux services tels que le micro-crédit, la micro-franchise ou la micro-assurance pour aider les demandeurs d’emploi à lancer leur propre entreprise ou start-up. En pratique, ce sont 200 emplois qui sont créés par semaine grâce à nous ! Les jeunes, en particulier, sont nombreux à vouloir devenir leur propre patron et sont prêts à prendre des risques pour y parvenir, plutôt que de galérer à s’insérer sur le marché du travail.

Le problème, en France, est que les qualifications demandées à l’entrée de certaines activités très simples bloquent l’accès à l’emploi des personnes peu qualifiées et notamment des jeunes. Il y a urgence à changer ça ! En 2005, nous avons obtenu le vote d’un amendement dans le cadre de la loi de programmation pour la cohésion sociale. Ce dernier reconnaît la création d’entreprises comme une voie d’insertion. Nous continuons à plaider pour de nouvelles lois favorisant la création d’entreprise. »

 

« Favoriser le bien-être des salariés »

Par Alexandre Jost, fondateur du think tank La Fabrique Spinoza.

« Le monde économique est le plus apte à évoluer pour mettre rapidement en œuvre des changements, avant l’Etat ou les individus. Pour faciliter la création d’emplois et donc lutter contre le chômage, il est important d’améliorer le bien-être des salariés. Une personne heureuse dans son travail fera du meilleur boulot, ce qui rendra son entreprise plus performante, lui permettant ensuite d’embaucher. Des études affirment qu’un salarié heureux au boulot peut générer entre 10 et 60 % de gains de productivité… Imaginez un peu le gain de croissance possible à l’échelle nationale !

Nous avons effectué des recherches pour identifier les déterminants du bien-être au travail et avons établi des feuilles de route sur les conditions de travail, la sécurité de l’emploi, les relations sociales, la nature du travail, la gouvernance, le management… La marge de progression est importante. Selon nos dernières études, sur dix femmes, seules 5,5 d’entre elles sont satisfaites au travail. Et sur dix hommes, 5 seulement le sont.

Pour changer la donne, il faut donc responsabiliser les entreprises, sachant que les plus vertueuses sont celles qui sont les plus performantes au niveau économique. De nombreuses sociétés, comme W.L Gore (une PME américaine ayant supprimé les directeurs et les chefs, NDLR), ont déjà sauté le pas. La clé de leur succès ? Être parvenues à appréhender l’individu sous toutes ses facettes. »

 

« Favoriser l’initiative en allégeant la réglementation »

Par Jean-Baptiste de Foucauld, fondateur de l’association Solidarités nouvelles face au chômage, porte-parole du Pacte civique.

« Pour grignoter le chômage, il nous faut absolument appliquer les engagements du pacte civique , qui, depuis trois ans, milite pour l’initiative citoyenne. Il est urgent d’aller vers plus de dialogue social. De plus, les entreprises et les partenaires sociaux doivent se se mettre enfin d’accord sur une loi de sécurisation de l’emploi, qui sera débattue jusqu’à fin mai.

Il y a urgence à trouver des solutions communes plutôt que de repousser une nouvelle fois la prise de décision sur la portabilité des droits (au chômage), la mobilité des salariés, le contrat de travail, les dispositifs de maintien dans l’emploi… Tant qu’en France, on raisonnera en termes de PIB, on sous exploitera notre potentiel. Il faut plus de coopération entre les initiatives locales, les coopératives d’insertion, et tous les acteurs qui militent pour l’accompagnement vers l’emploi.

Pour ce faire, l’État doit mener des politiques plus longues, moins morcelées, de meilleure qualité, et favoriser l’initiative en allégeant les réglementations. Cela suppose un souffle commun. Ce souffle, nous l’avons déjà, c’est celui qui caractérise l’élan de fraternité du 11 janvier. Cette fraternité fait partie intégrante de notre société, il faut se battre pour la cultiver. »
 

 

« Recréer le plein emploi, une utopie réaliste », ed. HD ateliers henry dougier (collection « Le Changement est dans l’R »), 96 pages, 9,90 euros.

Lara Charmeil
Journaliste à We Demain
@LaraCharmeil

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