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Climat, PAC, environnement : qui défend vraiment l’écologie à Bruxelles ?

Au delà des discours, comment votent les eurodéputés sur les grands les textes liés à l’environnement ? À l’approche des élections européennes, deux ONGs publient leur classement, qui distingue les écologistes et le Modem.

Le 14/05/2014 par WeDemain
© Demeure du chaos
© Demeure du chaos

Le Modem bon élève, Harlem Désir cancre… Ce sont quelques uns des enseignements tirés de deux études, menées par les ONG World Wide Fund (WWF) France et Réseau Action Climat (RAC) France, sur l’engagement environnemental des députés au Parlement européen. De quoi éclairer le vote des électeurs, à deux semaines du scrutin qui verra les eurodéputés renouvelés à Strasbourg.

Cap 21, 100% vert

Chez WWF, on note les eurodéputés de la dernière mandature sur 24 amendements liés à cinq politiques : cadre énergie-climat, politique commune de la pêche, fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche, pêche profonde et réforme de la politique agricole commune (PAC). Les votes, recueillis sur le site Votewatch.eu ont été comparés aux recommandations de l’ONG sur ces textes clés pour obtenir les scores.
 
En haut du classement, on retrouve Europe Écologie Les Verts (94 % de votes positifs), le Modem (80 %) ainsi que CAP 21 (100 % pour son unique députée Corinne Lepage). Suivent le Front de Gauche et le PS (environ 50%), qui ont « soutenu une politique climatique et énergétique européenne ambitieuse », mais voté « à l’encontre de la préservation de l’environnement » sur les enjeux liés à la biodiversité (pêche, agriculture). En queue de peloton, on retrouve l’UDI et l’UMP (respectivement 32 % et 9 %). Enfin le FN, avec un score de 2 %, échappe au zéro pointé grâce à un vote de Jean-Marie Le Pen sur un amendement relatif aux aides directes de la PAC.

Le rapport propose aussi un classement et une analyse des votes députés par députés. On remarque que Harlem Désir, nouveau secrétaire d’État aux Affaires européennes, obtient un score de 19 %, très en deçà de la moyenne du Parti Socialiste. Une sous performance qui s’explique par « un nombre très élevé de fois où il ne prend pas part au vote alors qu’il est présent au parlement. » Jean-Luc Mélenchon est lui pénalisé par son opposition au vote final sur le cadre climat-énergie, avec un score de 43 % contre 52% pour le FDG.

Les eurodéputés face au climat

Le RAC-France a, lui, choisi de concentrer son classement sur les votes relatifs à la lutte contre le changement climatique. Parmi les dix textes analysés par l’ONG : le marché européen des quotas de CO2, les objectifs de réductions des gaz à effet de serre, ou le développement des énergies renouvelables. « Les résultats diffèrent donc un peu du classement WWF, mais sont complémentaires », précise Célia Gautier, chargée des politiques européennes au RAC-France.

Si l’on retrouve EELV sur la première marche du podium avec 86 % de votes positifs, le Parti Socialiste suit de près avec un score de 84 %. Le Modem confirme son engagement (82%), et CAP 21 obtient 70 %. L’UMP occupe la dernière place avec 43 % de votes positifs. Le Front National « n’a pas été inclut dans le classement car ses valeurs sont incompatibles avec les nôtres, notamment sur la solidarité internationale », explique Célia Gautier. « De toutes façons, ce parti aurait eu des scores catastrophiques », ajoute-t-elle.

80 % des européens pour une action climatique ambitieuse

Harlem Désir occupe cette fois l’avant dernière place des 82 eurodéputés du rapport, en raison de sa très faible présence au parlement. « On a considéré qu’une absence lors d’un vote important devait être comptabilisée dans le score. Mais on espère qu’avec la conférence Paris Climat 2015, il se rattrapera », commente Célia Gautier. Selon l’ONG, les socialistes français sont généralement moins proactifs que les sociaux-démocrates européens dans leur ensemble sur la question de la transition énergétique. Une timidité qui s’explique « par la mainmise des énergéticiens français, notamment de la filière nucléaire, sur la politique énergétique de l’hexagone. »       
 
Selon plusieurs sondages (IFOPEurobaromètre), les citoyens européens soutiennent à 80 % une action climatique plus ambitieuse de l’Europe et à 90 % le développement de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables. Pour la première fois, le Parlement élira, sur proposition du Conseil européen, le président de la Commission Européenne. Comme le rappelle WWF, la plupart des grandes décisions environnementales sont prises au niveau européen« Le bulletin de vote des citoyens sera déterminant pour la transition énergétique en Europe », conclut Célia Gautier. 

Côme Bastin
Journaliste We Demain
Twitter : @Come_Bastin

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