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Le végétal : une arme efficace face à la canicule

TRIBUNE. Par Tanguy Maire Du Poset, contributeur de la rédaction du livre « Tous acteurs de la Révolution Verte » du collectif de jardiniers urbains Merci Raymond. 

Le 09/07/2019 par WeDemain
Un arbre ou une plante volumineuse contribuent fortement au rafraà®chissement grà¢ce aux zones d’ombre qu’il fournit ainsi quâ€™à  l’évapotranspiration du sol dans lequel il est planté. (Crédit : Luboslav Tiles / Shutterstock)
Un arbre ou une plante volumineuse contribuent fortement au rafraà®chissement grà¢ce aux zones d’ombre qu’il fournit ainsi quâ€™à  l’évapotranspiration du sol dans lequel il est planté. (Crédit : Luboslav Tiles / Shutterstock)

Alors que la grande majorité des départements français ont été placés en alerte orange suite à la canicule qui s’est abattue sur le territoire ces dernières semaines, l’heure est à l’interrogation : quelles solutions pour éviter que ces périodes de fortes températures ne deviennent trop fréquentes ?

Si le réchauffement climatique a longtemps pu paraitre abstrait, les vagues de chaleur à répétition vécues lors des précédents étés ont mis en évidence ses effets concrets et immédiats. Et c’est bien dans nos villes qu’ils se font le plus ressentir avec des températures stagnant autour de 30°C et des pics de chaleur à 36-37°C, voire encore au-delà.

Les conséquences des îlots de chaleur urbains

Les îlots de chaleur urbains ont été particulièrement importants en 2018, comme en cette fin juin 2019 : les nuits étaient presque aussi chaudes que les journées. À titre d’exemple, des écarts de température allant de 4 À 7°C ont été constatés la nuit entre le centre de Paris et les zones rurales entourant la capitale lors de la canicule de 2003.

Ces températures importantes peuvent être à l’origine de problèmes de santé publique majeurs. En 2003, environ 20 000 morts ont été directement liées à la canicule. Les épisodes de fortes chaleurs peuvent aussi provoquer des troubles de la conscience, des situations de faiblesse, ou indirectement accentuer des troubles respiratoires.

S’ajoute un fort impact sur l’environnement : l’été, les températures élevées nous obligent à utiliser des climatiseurs dont la consommation énergétique est très forte, et qui accentuent à leur tour la pollution et le réchauffement.

Si l’objectif de l’Accord de Paris de limitation du réchauffement planétaire à 1,5°C est possible, il faudrait – pour le réaliser – des changements sans précédent. Et ce, à commencer dans nos villes, grandes émettrices de gaz à effet de serre.

La nature comme réponse

Les écarts de température, parfois très importants, entre les zones urbaines et les zones rurales, trouvent leur origine dans trois causes principales : la disposition des bâtiments et leur espacement, la concentration humaine et l’imperméabilisation des sols.

La première cause est difficilement modifiable à court terme : nous n’allons pas raser nos villes pour en reconstruire de nouvelles plus aérées ! Cet élément est, en revanche, à prendre en compte dans l’aménagement de toutes les nouvelles surfaces urbaines qui naissent autour des centres historiques, notamment pour faciliter la circulation de l’air.

La deuxième est également difficilement modifiable : la concentration humaine est au cœur de l’idée de ville. Il est impossible d’imaginer des villes où la densité humaine serait très faible. Ce serait même une hérésie écologique, car les transports en voiture – qu’il faut d’ailleurs réduire et rendre plus propres – deviendraient plus importants avec des répercussions évidentes sur les taux de pollution et les températures.

Autre nécessité : agir sur l’imperméabilisation, l’artificialisation des sols et les matériaux utilisés en ville. Le béton et le goudron sont en effet des matériaux qui absorbent la chaleur la journée et la libèrent plusieurs heures après pendant la nuit, créant ainsi un sentiment de chaleur constant.

Une des solutions que nous préconisons avec force est de réintégrer la nature dans nos cités, et de mener ainsi une véritable révolution verte en leur sein.

Les vertus des plantes contre le réchauffement climatique

Un arbre ou une plante volumineuse contribuent fortement au rafraîchissement grâce aux zones d’ombre qu’il fournit ainsi qu’à l’évapotranspiration du sol dans lequel il est planté.

Une grande étendue de gazon ne va évidemment pas refroidir l’air par les mêmes mécanismes : seule l’évapotranspiration du sol et des brins d’herbe participe à ce phénomène.

Les zones arborées seront plus fraîches l’après-midi (lorsque l’ensoleillement est au maximum et que les arbres fournissent des zones d’ombre), tandis que les zones gazonnées seront, elles, plus fraîches la nuit. Et ces différences sont quantifiables : -1,3 à -4°C par rapport à une zone urbaine construite pour une zone arborée, contre -2°C pour une zone gazonnée.

Dans nos villes, qui se transforment chaque été en véritables fours, il apparaît donc impératif de fournir le maximum d’espaces verts aux habitants.

Ces changements sont demandés par les citadins : selon un sondage de l’IFOP, la création d’espaces verts est même considérée comme l’une des priorités de la politique locale par les Français, devant la création de crèches ou d’équipements sportifs ou culturels.

Si revoir nos modes de fonctionnement en ville (construction, consommation énergétique…) peut sembler à certains utopique, ce changement est aujourd’hui nécessaire. Il est aussi temps d’user en ville d’une arme puissante pour contrer le réchauffement : le végétal.

À propos de l’auteur 

Tanguy Maire Du Poset est contributeur de la rédaction du livre « Tous acteurs de la Révolution Verte » du collectif de jardiniers urbains Merci Raymond.

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