Partager la publication "« L’économie bleue » ou comment la gestion durable des ressources marines est une priorité"
Définie par la Banque mondiale comme « l’utilisation durable des ressources océaniques pour la croissance économique, l’amélioration des moyens de subsistance et l’emploi, tout en préservant la santé de l’écosystème océanique », l’économie bleue s’annonce essentielle. À la fois pour préserver les océans tout en subvenant aux besoins alimentaires de l’humanité.
La durabilité de cette économie bleue repose sur trois piliers : l’environnement, l’économie et le social. L’Organisme des Nations unies précise que, contrairement à la notion d’économie océanique, l’économie bleue implique que “l’initiative est écologiquement durable, inclusive et résiliente au changement climatique”. Un aspect absolument nécessaire pour tenir les ambitions de l’objectif de développement durable 14 (ODD 14), relatif à la préservation des océans.
Les impacts déjà visibles du dérèglement climatique
Les petits États insulaires en développement (PEID) contrôlent 30 % de l’ensemble des océans et des mers. Et ils sont aussi les premiers à observer les changements climatiques et environnementaux liés à l’activité humaine.
Le Tuvalu étant en première ligne, Tapugao Falefou a pris la parole. Le Secrétaire du gouvernement du Tuvalu a ainsi rappelé les premières conséquences bien visibles de ce dérèglement. Érosion côtière majeure, sécheresse et inondation des terres par l’eau de mer : “Cela n’arrivait pas il y a 20 ans. Ce sont les impacts du changement climatique dont je peux témoigner, que les grands pays ne connaissent peut-être pas”, a déclaré M. Falefou.
Economie bleue : nourrir l’humanité avec l’océan
À l’échelle planétaire, des millions de personnes dépendent directement de la pêche et de la pisciculture. Appréhender durablement l’exploitation des ressources marines sera d’autant plus urgent que la population mondiale continue de croître. Selon la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), les systèmes alimentaires sont sous pression. En cause, la demande actuelle. Mais aussi l’approche visant à répondre aux besoins de 10 milliards de personnes. Car il faut anticiper l’augmentation de population sur Terre.
Le secteur de la pêche et de l’aquaculture évolue rapidement. La consommation devrait ainsi augmenter de 15 % en 2030. La production totale d’aliments aquatiques devrait par conséquent atteindre 202 millions de tonnes cette même année.
Une gestion durable des ressources est donc le premier levier à la disposition des États pour nourrir l’humanité. “Nous devons nous assurer que nous commençons à examiner les espèces qui arrivent sur les marchés”, a déclaré Manuel Barange, directeur de la Division des pêches et de l’aquaculture de la FAO.
Les femmes encore trop absentes face aux enjeux
Un groupe d’experts présent à Lisbonne a fait remarquer l’importance « d’une participation et d’un leadership accrus des femmes à tous les niveaux ». Certes, l’ensemble des ODD sont indissociables pour tenir une planète vivable. Mais l’ODD 14, qui concerne la préservation des océans, et l’ODD 5, relatif à l’égalité des sexes, sont intrinsèquement liés. Sur les 58,5 millions de personnes qui dépendent directement de la pêche et de l’aquaculture, seulement 21 % sont des femmes. Parallèlement, les femmes sont sous-représentées dans le domaine des actions en faveur des océans.
Pour sa part, Maria Damanaki, fondatrice de Leading Women for the Ocean, estime qu’il est temps d’appliquer un plan d’action concret. Ainsi qu’une législation. « Nous devons voir les femmes comme faisant partie de l’économie bleue, nous devons les voir partout, pour intégrer leur participation, car sans leur leadership, l’humanité dans son ensemble va perdre beaucoup. »
Si les enjeux sont connus de tous, les actions peinent à émerger. Ainsi, selon la FAO, le pourcentage de stocks pêchés de manière durable a chuté de 1,2 % par rapport à 2017. Il s’est établi à 64,6 % en 2019. Si parallèlement, quelques améliorations sont observées, l’heure est à l’action pour Cleopatra Doumbia-Henry, présidente de l’Université maritime mondiale. « Nous devons nous concentrer sur certaines de ces questions, et ce dont je suis fatiguée, ce sont les belles paroles; nous devons apporter des changements et les mettre en œuvre pour aller de l’avant.«