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Ne rêvons pas la finance solidaire, mettons-la en œuvre

TRIBUNE collective.

Le 11/04/2019 par WeDemain
Quand les activités du mercredi se multiplient, àªtre parent peut parfois donner l’impression de devenir chauffeur de taxi. (Crédit : Shutterstock)
Quand les activités du mercredi se multiplient, àªtre parent peut parfois donner l’impression de devenir chauffeur de taxi. (Crédit : Shutterstock)

Le paysage social est loin de refléter un pays sage, tant il est secoué par des iniquités violentes. La crise est profonde. 4 millions de personnes sont aujourd’hui mal logées en France et 143 000 vivent dehors dans la rue.

Dans le livre de La Divine Comédie, Dante définit l’enfer comme un espace-temps où « tout ne sera plus que ce qu’il est ». Un monde clos. L’enfer n’est pas les autres mais le refus des autres, pour le moins l’indifférence. Cependant, d’aucuns prennent conscience que cela ne peut pas durer au risque de mal finir.

Les classes moyennes considèrent qu’elles sont les oubliées de la croissance ; les plus vulnérables se voient même rejetés – en tout cas à l’écart – de l’actuel mouvement de contestation, sans que l’opinion ne s’alarme sur le peu de cas accordé aux invisibles.

L’argent ne manque pas, il coule à flots. Les liquidités représentent sur le plan international près de 200 milliards d’euros qui fuient les investissements à long terme et participent à une spéculation qui, si elle enrichit les riches, ne détruit pas la misère.

Il en va aujourd’hui de ces invisibles qui vivent l’enfer de ne pas avoir de « chez soi », il en va du refus de ce monde clos, assiégé par un « entre-soi » qui occulte les difficultés de vivre de quelques 5 millions de personnes. La fin de la trêve hivernale en ce 31 mars, est une fin de non-recevoir d’un printemps pour des foyers dont les loyers et les charges les engloutissent dans la pauvreté.

L’épargne solidaire introduit dans l’économie une certaine gratuité pour établir des échanges plus équitables et grâce à elle, 3 700 personnes ont été relogées en 2017.

Par leur entreprise et leur épargne salariale (PEE, PERCO), plus d’un million de salariés participent à cette forme d’économie. Elle est soutenue également par des milliers d’investisseurs qui font le choix d’investir dans des foncières ou des sociétés immobilières solidaires. Ces investissements représentent à eux seuls 41.7% du financement solidaire fin 2017.

Cet actionnariat citoyen et solidaire pourrait constituer un levier beaucoup plus important pour lutter contre le mal-logement, en adaptant un peu sa fiscalité et surtout en la stabilisant : déduction des investissements immobiliers solidaires (via les foncières relevant du statut ESUS ou des sociétés immobilières solidaires) du montant de l’Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI), réduction des droits d’enregistrement, suppression de l’impôt sur les plus-values de cession pour les titres non valorisés, augmentation des déductions et plafonds en fonction de la durée des placements.

Une réflexion s’esquisse aussi sur les contrats d’assurances vie, représentant une capitalisation de 1 600 Mds €. Si 10 % de cet encours était fléché sur cinq années vers l’épargne solidaire, accompagné d’une fiscalité sécurisée, les précarités tomberaient, du moins s’atténueraient fortement.

À l’issue du Grand débat, qui peut également rester étranger à l’ouverture d’un changement que peut constituer la finance solidaire ?

Ne la rêvons pas, l’heure est venue de la mettre en œuvre.

Signataires

– Frédéric Tiberghien, Président de Finansol
– Bernard Devert, Président-fondateur d’Habitat et Humanisme
– Jean-Marc Roger, Président de Caritas Habitat
– Bernard Huart, Directeur d’ESIS
– François Taconet, Directeur général d’Habitats Solidaires
– Yves Caplain, Président d’Accession Solidaire
– Emmanuel Simonneau, Président de Sigma Gestion

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