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Paris : objectif zéro voiture diesel en 2020, que font nos voisins européens ?

TRIBUNE. Par Elodie Giraud, experte en marketing des transports.

Le 11/09/2018 par Elodie Giraud
TRIBUNE. Par Elodie Giraud, experte en marketing des transports.
TRIBUNE. Par Elodie Giraud, experte en marketing des transports.

À l’occasion de la journée sans voiture à Paris qui aura lieu le 16 septembre 2018, la politique de développement durable de la maire Anne Hidalgo se retrouve une fois de plus au cœur des discussions. Alors que Paris se met en marche pour atteindre ses objectifs dans le cadre du plan climat 2020-2050, comment nos voisins européens appréhendent-ils le sujet climatique en milieu urbain ?

Les pays déjà en marche vers des modèles urbains plus verts

De nombreux pays en Europe n’ont pas attendu les réglementations européennes pour réduire l’impact de la circulation des voitures dans les grandes agglomérations. Des moyens différents sont employés selon les pays.

Il y a tout d’abord ceux qui ciblent le pouvoir d’achat de la population. C’est ainsi le cas d’Oslo qui se distingue comme étant la ville la plus engagée d’Europe avec pour ambition d’interdire la circulation des voitures dans le centre-ville d’ici 2024. L’engagement du pays n’est pas nouveau puisque le prix du péage urbain pour rentrer dans Oslo a fortement augmenté pour les véhicules diesel depuis le 1er octobre 2017. En conséquence, les ventes de véhicules électriques et hybrides ont pour la première fois dépassées celles des véhicules thermiques.

D’autres comme Berlin ou Copenhague investissent dans des infrastructures afin de favoriser l’utilisation des vélos dans les agglomérations. Depuis la fin 2017, la capitale allemande a démarrée une révolution cycliste avec un plan visant notamment à la construction de « super-autoroutes » à vélo, interdites aux voitures.

La ville de Bruxelles a quant à elle décidé d’interdire l’accès au centre-ville aux voitures diesel fabriquées avant 1998. Mais la ville n’en est pas à ses débuts puisqu’elle a lancé depuis 2002 la « semaine de la mobilité » visant à favoriser les transports en commun. L’objectif de cette semaine est d’apprendre aux citoyens à connaître et utiliser les moyens de transports alternatifs à la voiture, à savoir le train, le vélo, le tram, le bus. Par ailleurs, la capitale belge se distingue comme ayant la deuxième plus grande zone sans voiture parmi les capitales européennes, après Copenhague.
 
Contrairement à ses homologues européens, l’arrêt des véhicules diesel ne sera pas sans conséquence pour la mairie de Paris et plus globalement l’ensemble de l’Hexagone. 

En effet, l’impact majeur se situe au niveau de l’économie et de l’emploi. D’après Les Echos, le ministère chiffre à près de 10 000 le nombre d’emplois dépendant du diesel en France, chez les deux constructeurs français Renault et PSA, et les équipementiers.
Malgré tout, les choses s’accélèrent à Paris depuis juillet 2017 avec les vignettes Crit’Air qui sont obligatoires quel que soit l’ancienneté du véhicule. Les véhicules non classés ainsi que les véhicules Crit’Air 5 (les voitures essence immatriculées avant 1997 et les diesel d’avant 2011) ont l’interdiction de circuler dans Paris du lundi au vendredi, de 8 heures à 20 heures.

Le vélo, comme solution face aux véhicules motorisés à Paris

Pour compenser la baisse du nombre de quatre roues dans la ville, la mairie parie donc sur les voitures électriques ainsi que sur son offre de transports en commun prévue avec le « Grand Paris ». La mairie de Paris ambitionne également de devenir une capitale mondiale du vélo. Pour se faire, cette dernière a indiqué vouloir investir près de 150 millions d’euros dans le cadre du Plan Vélo 2015-2020 et passer de 700 à 1 400km de pistes cyclable pour 2020.

Au-delà du fait que la culture du vélo n’est pas encore aussi bien installée que dans les pays nordiques comme le Danemark, les Pays-Bas ou encore la Norvège. Le gouvernement français doit faire face à de réels freins techniques. En effet, la mairie de Paris n’en est pas à son premier coup d’essai dans le cadre de l’intégration du vélo dans la capitale !

En commençant par le fiasco du déploiement des nouveaux Vélib’ à Paris et dans la petite couronne. La mise en place des vélos en libres service à Paris et sa proche banlieue a essuyé quelques échecs. Le premier arrivé sur le marché après le Vélib’, Gobee Bike, a également été le premier à mettre la clé sous la porte suite à des incidents techniques, de nombreuses détériorations et actes de vols sur sa flotte de vélos. Aujourd’hui, les deux acteurs Ofo et Mobike semblent se stabiliser sur le marché des vélos en libre-service. En effet, après le vandalisme auquel Gobee a été confronté, les deux acteurs ont énormément investis dans la qualité de plus de 8 millions de vélos dans le monde.
 
Par ailleurs, la favorisation des axes pour les vélos et la piétonisation de la capitale parisienne n’est pas du goût de tout le monde et notamment des automobilistes. Comme la fermeture des voies sur berges a pu l’illustrer, les embouteillages deviennent de plus en plus importants dans la région parisienne. Selon le rapport Airparif*, cette mesure a certes « amélioré la qualité de l’air le long des quais » (jusqu’à + 25%) mais a également entrainé une « dégradation de la qualité de l’air marquée dans l’est parisien » (jusqu’à + 15%). Autre conséquence, les franciliens se rapatrient sur les deux roues motorisés (et non les vélos) permettant une circulation plus simplifiée dans Paris et sa proche banlieue. Ainsi, on relevait une hausse de près de 9% au premier semestre 2019 sur le marché des deux-roues motorisés.
 
Il paraît indéniable que nos voisins européens sont de véritables modèles urbains à suivre afin d’atteindre les objectifs du plan climat 2020-2050. Néanmoins, le chemin risque d’être long. En effet, la mairie de Paris va non seulement être confrontée à des défis économiques mais aussi à un réel travail d’éducation auprès de la population sur les nouveaux modes de transports en milieu urbain.
 
*Rapport Airparif – Surveillance et information sur la qualité de l’air.
 
 

À propos de l’auteure :
Elodie Giraud est experte dans le secteur du marketing CRM et digital. Diplômée du Master Grande Ecole de Montpellier Business School, elle accompagne depuis 2015 des acteurs des Télécoms et du Transport sur des problématiques de marketing CRM. Elle accompagne également la société de gestion d’actifs, Carmignac, en tant que Business Analyst au sein du cabinet Adway (Square).
 

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